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Petite révolution du nettoyage des coupes menstruelles au bureau

Catherine Charron|Publié le 20 Décembre 2023

Petite révolution du nettoyage des coupes menstruelles au bureau

(Photo: 123RF)

RHéveil-matin est une rubrique quotidienne où l’on présente aux gestionnaires et à leurs employés des solutions inspirantes pour bien commencer leur journée. En sirotant votre breuvage préféré, découvrez des astuces inédites pour rendre vos 9@5 productifs et stimulants.


RHÉVEIL-MATINElle est bientôt révolue l’époque où nettoyer sa coupe menstruelle relevait de la haute voltige dans les organisations où les salles de bain ne comportent pas de lavabo dans chaque cabine de toilette : à la Polytechnique, un groupe d’étudiants a développé une méthode qui permet de bien rincer ce petit appareil en toute intimité, et en toute sécurité.

La bonne nouvelle? Ce dispositif est à la portée de bien des entreprises.

En effet, le petit bassin adjacent à la cuvette n’est ni spécialement usiné ni spécialement conçu pour rincer la coupe menstruelle : il s’agit d’un minuscule lavabo qu’il est possible de se procurer en quincaillerie.

«Dans la phase de design et développement, on a pensé installer un bidet qu’on pourrait directement brancher dans le système d’eau des toilettes, explique l’instigateur du projet, Hugo Le Moël étudiant au doctorat en génie biomédical et chef d’orchestre du projet. La solution la plus simple, c’était d’utiliser un tout petit lavabo qu’on mettrait à côté de la toilette.»

Le petit bassin adjacent à la cuvette n’est ni spécialement usiné ni spécialement conçu pour rincer la coupe menstruelle : il s’agit d’un minuscule lavabo qu’il est possible de se procurer en quincaillerie. (Photo: courtoisie)

L’idée de développer un tel prototype lui est venue alors qu’il écoutait sa conjointe lui raconter le casse-tête que peut représenter la simple tâche de nettoyer et de réinsérer ce dispositif dans les salles de bain communes.

Contrairement aux tampons ou aux serviettes hygiéniques, les coupes menstruelles sont réutilisables, ce qui en fait une alternative plus écologique et économique. S’il est possible de la porter jusqu’à 12h, des fabricants spécialisés comme Mme Lovary recommandent «de la vider toutes les 4 à 6h (sic) en fonction de votre flux, afin d’éviter les risques liés au choc toxique».

Grâce à une équipe du PolyFab Normand Brais – un atelier de fabrication à la Polytechnique – au Bureau du développement durable et sociétal et au Service des immeubles de l’université, cette discrète solution a été installée dans une cabine du pavillon principal de l’établissement pour «faciliter l’utilisation des coupes menstruelles».

L’heureuse élue a été sélectionnée, car un tuyau d’eau potable tiède était facilement accessible, explique l’étudiant : «on a fait un raccord sur le tuyau qui acheminait l’eau au lavabo, car elle est tiède, ce qui est mieux.»

Il compte aussi ajouter une distributrice de savon conçu spécialement pour les nettoyer.

Le succès du projet pilote est tel qu’Hugo Le Moël rencontrera au début de la prochaine année le Bureau du développement du campus pour que dans la conception des futurs bâtiments, de tels lavabos soient de facto intégrés dans les cabines.

À terme, il espère que dans chaque salle de bain de l’Université de Montréal au moins une cabine soit convertie afin que toute personne qui souhaite nettoyer sa coupe menstruelle en toute quiétude et de façon sécuritaire puisse le faire. «Ça, ça risque d’être plus compliqué», reconnait-il.

 

Une installation (presque) simple

Adapter une salle de bain dans un milieu de travail pour éviter aux employés la valse du nettoyage de la coupe menstruelle est donc à la portée de toutes les entreprises.

À celles qui souhaitent lui emboiter le pas, il recommande dans un premier temps de faire affaire avec une firme d’ingénierie afin que les travaux respectent les normes du bâtiment.

Il faudra aussi s’assurer que la personne responsable de l’entretien ménager nettoie bien le dispositif, et ajoute du savon spécialement conçu pour les coupes si ce produit est offert.

Le reste n’a rien de sorcier, mais ne vient pas sans coût.

Le projet d’Hugo Le Moël n’a pas dépassé le budget de 5000$ que lui et son équipe s’étaient fixés grâce à l’aide du Fonds pour des initiatives durable de l’université.

La facture aurait toutefois pu être bien plus salée s’il avait choisi de convertir une autre cabine de toilette existante, souligne l’étudiant au doctorat en génie biomédical : «au début on voulait le faire dans le pavillon Lassonde, mais les coûts se sont rapidement élevés à plus de 10 000$, car il y avait tout un travail de casser le mur et faire des raccords, et de peinture, ce qui aurait impliqué pas mal de quarts de métiers différents de l’école.»

Toutefois, à priori, si le dispositif est inclus dès la conception d’une salle de bain, il ne croit pas que ça ajoute une somme aussi importante. Un geste à l’apparence anodin qui peut sauver bien des maux de tête à ses employés.

 

Télétravailler ou ne pas télétravailler, telle est la question qui cause des émois dans bien des entreprises en cette rentrée 2023.

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