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Quel est LE livre à lire avant d’amorcer 2021?

L'économie en version corsée|Publié le 11 Décembre 2020

Quel est LE livre à lire avant d’amorcer 2021?

Une lecture idéale pour les Fêtes... (Photo: Laura Chouette pour Unsplash)

CHRONIQUE. C’est maintenant devenu un marronnier : en décembre, je me permets de vous recommander chaudement la lecture d’un livre et d’un seul durant le temps des Fêtes, histoire de vous aider à bien démarrer la nouvelle année. En 2019, ça avait été «Sciences et arts – Transversalité des connaissances» (Éditions PUL) de Virginie Francoeur. L’année d’avant, «Donnez du sens à vos décisions» (Éditions Eyrolles) de Sylvie-Nuria Noguer. Et auparavant, «Créer le meilleur de soi» (Éditions Druide) de Manon Lavoie.

À présent, ce livre, LE livre de l’année 2020, c’est «Le leadership horizontal – Instaurer une organisation non hiérarchique, une pratique à la fois» (Les Éditions de l’Homme) de Samantha Slade, cofondatrice de Percolab, un réseau de cocréation et de coconception de l’organisation du travail implanté à Montréal. C’est qu’il présente de manière claire et simple les avantages d’aplanir la hiérarchie de son organisation (ex.: une créativité stimulée, une productivité boostée, une croissance accrue…) et dévoile tout aussi efficacement comment s’y prendre concrètement pour y parvenir sans heurt. Oui, on y trouve très exactement sept façons «concrètes et éprouvées» d’améliorer à la fois le bonheur et la performance des membres de l’organisation.

Bref, «Le leadership horizontal» montre comment vous pouvez, dès janvier 2021, améliorer votre quotidien au travail ainsi que celui de ceux qui vous entourent. Comment changer votre vie professionnelle sans pour autant provoquer une révolution. Comment rendre votre travail enfin intelligent. Ni plus ni moins.

Pour vous en convaincre, j’ai choisi un passage du livre qui me semble lumineux à ce sujet. Mme Slade y indique comment donner une toute nouvelle tournure à vos réunions de travail, rien qu’en y apportant une touche inusitée – une petite «épice», ai-je envie de dire – qui fait toute la différence…

«Dans les cultures hiérarchiques, la modalité par défaut consiste à garder par-devers vous le contenu de vos travaux, à n’y laisser entrer personne, écrit-elle. La raison de cette réserve peut être de vouloir protéger la propriété intellectuelle ou de préserver un certain sens de la sécurité. Vous peinez à imaginer qu’une valeur quelconque puisse être attachée au fait d’ouvrir votre travail à des gens d’autres services, d’autres organisations ou même d’autres champs d’activité.

«Mais pour être efficace, une telle transparence dans votre travail doit justement s’étendre à des gens qui évoluent hors de votre réseau immédiat. Et ce, pour différentes raisons:

> Intelligence collective. Des gens provenant de diverses disciplines peuvent offrir des points de vue, des liens, des idées, des questions, de l’expérience et de la créativité susceptibles de vous aider à relever les défis liés à votre travail.

> Communauté. En vous ouvrant à des gens qui pourraient vouloir découvrir votre organisation, vous vous connectez à eux de façon organique. Parce que l’ouverture requiert de la confiance, elle permet de bâtir des relations fondées sur l’intégrité.

> Collaboration. En faisant preuve d’ouverture, une organisation s’éloigne d’une mentalité de confrontation et s’insère dans un système d’interdépendance. Cela permet de raccorder entre eux différents groupes, de mieux collaborer avec les autres.

D’où l’intérêt, par exemple, de faire une habitude d’inviter en réunion une personne de l’extérieur (ex.: un employé d’un autre service, un client, un partenaire d’affaires…). D’en faire une pratique récurrente, car plus on y recourt, plus cette astuce se révèle efficace.

«Peu importe la forme que prendra votre recours à l’invitation d’autrui à la découverte de votre travail, poursuit Mme Slade, il vous faudra observer trois principes directeurs:

> Accueillir la réciprocité. Faites savoir aux gens pourquoi ils sont invités. Assurez-vous que l’expérience soit mutuellement profitable. Avec la pratique, les avantages deviennent plus faciles à percevoir et à déterminer.

> Demeurer sur la bonne voie. Lorsqu’un invité est présent à une réunion, il est fréquent de voir les uns et les autres prendre un temps fou pour lui donner le contexte de leur intervention. Au risque de nuire à l’efficacité de la réunion. Si quelqu’un se lance dans une longue tirade de ce genre, n’hésitez donc pas à l’interrompre et à mieux fixer les limites de la discussion.

> Valoriser l’apport externe. Faites savoir à l’invité que ses réflexions et ses idées ont de la valeur à vos yeux, en soulignant que les perspectives de l’extérieur offrent souvent des angles rafraîchissants sur l’objet de la discussion.

«Vous pouvez pratiquer cette transparence de manière informelle, en parlant de votre travail à des gens extérieurs à l’organisation. Par exemple, lorsque quelqu’un visite celle-ci ou lorsque vous croisez quelqu’un d’intéressant en marge d’un événement. Il se peut que vous ayez alors le réflexe de croire que la personne en question n’est pas intéressée par ce que vous voulez partager avec elle, ou qu’elle n’a rien à vous apporter. Mais détrompez-vous, et combattez ce réflexe.

«Si vous pouvez susciter un échange avec une invitation claire, une intention précise et une volonté de transmettre à l’autre le sentiment que vous accordez de la valeur à ses réflexions et à ses idées, pourquoi les choses devraient-elles mal se passer? Nous avons tous besoin de mieux maîtriser nos capacités de travailler de façon plus ouverture avec les autres. Vous-même comme l’invité.

«Vous pouvez également pratiquer la transparence de manière plus formelle dans le cadre d’un projet. Chez Percolab, des invités externes participent à nos réunions d’équipe: des clients, des membres de communautés élargies dont nous faisons partie, des chercheurs reliés à nos travaux, des professionnels en transition, ou encore des candidats à un poste. Ils nous aident parfois dans nos remue-méninges; à d’autres occasions, ils nous transmettent des informations utiles en provenance de l’écosystème dans lequel nous évoluons.»

Voilà. S’ouvrir aux autres peut permettre de franchir des limites que nous nous fixons de manière inconsciente. D’accéder à de tout nouveaux territoires. De découvrir des horizons plus lumineux que ceux que nous connaissons.

Il vous suffit d’inviter régulièrement un «inconnu» chez vous – au détour d’un événement, au sein d’une réunion d’équipe…-, et vous ferez des progrès à pas de géant. Des progrès que vous n’imaginez même pas. Des progrès qui dépassent l’entendement.

Un dernier mot de Samantha Slade à l’attention de ceux qui seraient encore sceptiques: «Pensez à deux réunions récentes auxquelles vous avez assisté, dit-elle. Songez à tout ce dont vous y avez discuté. Voyez-vous une raison pour laquelle une personne de l’extérieur n’aurait pas pu y participer? Croyez-vous qu’elle aurait pu y apporter une contribution positive?»

C’est clair, «Le leadership horizontal» est un ouvrage exceptionnel. Car il peut vraiment changer votre quotidien au travail. Pour le mieux, ça va de soi.

Bonne lecture, donc!

En passant, le philosophe grec Aristippe disait : «Il ne s’agit pas de beaucoup lire, mais de bien lire».

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Espressonomie

Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l’actualité économique à la lumière des grands penseurs d’hier et d’aujourd’hui, quitte à renverser quelques idées reçues.

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