Être heureux au travail, c'est possible! Si, si... (Photo: Kim Carpenter pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Hier, ça a été une sale journée au travail. Pas d’énergie. Pas de bonne humeur. J’ai même fini par pleurer, comme ça, sans raison apparente. Je pense que je ne suis tout simplement pas heureuse dans le poste que j’occupe. Ma question pour vous ne me concerne pas directement, mais plutôt les autres: est-ce qu’ils se sentent bien au travail, eux? Et si oui, quel est leur secret?» – Maxim
R. — Chère Maxim, si cela peut vous rassurer, sachez que vous êtes loin d’être la seule à ne pas rayonner de joie au travail. Plusieurs données du rapport du cabinet d’études en management Gallup intitulé «State of the Global Workforce: 2022 Report» en témoignent.
— Seulement 21% des Canadiens se disent engagés dans leur travail. Ce qui signifie que 4 Canadiens sur 5 ne cherchent pas à être efficaces dans leur job, en arrimant leurs actions aux besoins et aux priorités de l’organisation, et cherchent encore moins à se dépasser dans leur travail. En guise de comparaison, le taux d’engagement est de 35% aux États-Unis, soit un écart considérable de 14 points de pourcentage.
— 44% des Canadiens estiment qu’aujourd’hui, ce n’est pas le bon moment pour chercher une nouvelle job.
— 45% des Canadiens disent qu’ils se font quotidiennement du souci pour le lendemain.
— 55% des Canadiens se disent stressés, en particulier ceux qui ont 40 ans ou moins.
— 23% des Canadiens se disent susceptible à des vagues de tristesse, en particulier les femmes.
— 18% des Canadiens reconnaissent qu’il leur arrive souvent de piquer des colères noires.
Autrement dit, nous assistons en vérité à un Grand Désengagement. Rares sont aujourd’hui les Canadiens qui tripent dans leur quotidien au travail, au point de vouloir donner leur 110%. La grande majorité entend juste échanger leur temps contre de l’argent, quitte à subir certains effets secondaires d’un tel comportement: stress, tristesse, angoisse, etc.
Alors, comment éviter que le travail ne nous travaille? La théorie de l’autodétermination des psychologues Edward Deci et Richard Ryan préconise d’agir sur trois leviers.
— Compétence. Dès lors que notre quotidien au travail fait régulièrement appel à nos compétences propres, nous nous sentons bien, nous sommes même en chemin vers l’épanouissement. D’où l’intérêt de multiplier les occasions d’exprimer nos forces, peu importe que la tâche en question soit modeste ou importante. Il convient carrément d’en faire une priorité de chacune de nos journées.
— Autonomie. Être autonome, ça ne veut pas dire «tout faire soi-même». Non, ça revient plutôt à déterminer quand on a besoin des autres, et quand on peut se passer d’eux. C’est chercher activement une solution au problème rencontré, seul ou en groupe. C’est la liberté d’interpeller son gestionnaire, ou encore de parler directement à ses collègues. Bref, c’est avoir les coudées franches, et non pas — erreur managériale malheureusement trop commune — se retrouver surchargé de travail après avoir été bombardé de responsabilités.
— Appartenance. L’idée est d’avoir des rapports humains enrichissants au travail. D’où l’intérêt de se rapprocher le plus possible de ceux avec qui vous vous sentez des affinités, à tout le moins des points communs. Intéressez-vous sincèrement à eux, et ils s’intéresseront tout naturellement à vous.
Voilà, Maxim. Je vous invite vivement à manipuler ces trois leviers, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois. Car cela devrait vous amener à moins broyer du noir au travail, à découvrir que la lumière est en vous et qu’elle n’attend qu’une chose, briller de tous ses feux dans chacun de vos faits et gestes. Et oui, cela va peut-être vous amener à changer de poste, voire de job…
En passant, l’écrivain français Gustave Thibon disait: «Ce n’est pas la lumière qui manque à notre regard, c’est notre regard qui manque de lumière».