Le truc, c'est de cultiver sa «connexité». (Photo: Priscilla Du Preez pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Davantage de réussite professionnelle? Un meilleur salaire? Une alimentation saine à chaque lunch? Qu’est-ce qui pourrait me rendre vraiment heureux dans mon quotidien au travail?» – Ludovick
R. – Cher Ludovick, j’ai une grande et belle nouvelle pour vous: j’ai la réponse à votre interrogation! Si, si…
L’école de médecine de Harvard mène une expérience depuis 85 ans qui consiste à suivre la santé de quelque 724 personnes volontaires tout au long de leur vie. Des rencontres individuelles sont organisées tous les deux ans, histoire d’en savoir davantage sur certains points précis (par exemple, les raisons pour lesquelles l’un d’eux a divorcé et les impacts physiques et psychiques que cela a eu sur lui).
Ce travail de moine a permis de faire nombre de découvertes, dont l’une des principales est que les personnes en bonne santé ont toutes un point commun: elles sont heureuses dans la vie, en particulier au travail.
L’équipe de chercheurs de Harvard dirigée aujourd’hui par le professeur de psychiatrie Robert Waldinger s’est, bien entendu, demandé ce qui pouvait rendre heureux au travail. Le succès? La progression hiérarchique? L’épanouissement professionnel? L’argent et autres primes? Eh bien non, rien de tout ça, révèlent leurs travaux.
Certes, décrocher la signature d’un gros client, assumer davantage de responsabilités, ou encore toucher une belle prime à la suite de mois d’efforts intenses peut procurer une certaine satisfaction, mais pas un véritable bonheur. Car de tels accomplissements ne procurent pas un sentiment de plénitude, de contentement, de mieux-être. Ils ne sont pas la source d’un état physique et psychique proche d’une souveraine ataraxie. Loin de là.
Alors, quoi? Qu’est-ce qui peut nous procurer un véritable bonheur au travail? Selon l’équipe de Robert Waldinger, une seule chose y contribue: la «connexité». Oui, la connexité, soit le principe selon lequel les êtres humains n’évoluent sainement que s’ils nouent des liens fructueux entre eux.
C’est que, vous comme moi, nous sommes avant tout des «animaux sociaux», comme le disait Aristote. Nous avons besoin des autres pour nous sentir bien, et même juste pour vivre. Pour le réaliser, il vous suffit de répondre à la question suivante: quelle est la punition que nous infligeons à ceux qui commettent des actes répréhensibles, pour ne pas dire des crimes? Eh bien, nous les coupons de la société, des autres, de nous tous. Nous les envoyons en prison. Et cette coupure est une terrible souffrance.
Notre bonheur au travail découle donc des relations que nouons avec les autres. Nos collègues, nos partenaires d’affaires, nos clients. Si ces relations se révèlent intenses et fructueuses, nous courons droit au bonheur. Si par contre elles se révèlent rares et conflictuelles, alors nous filons droit vers le malheur.
Voilà pourquoi, Ludovick, il convient de nourrir et cultiver les relations que vous avez au travail. Car c’est là le meilleur moyen d’être heureux dans votre quotidien au travail.
«Travaillez en binôme ou en équipe autant que possible, car c’est un excellent moyen de nouer des liens positifs avec vos collègues», a récemment suggéré Robert Waldinger à la chaîne américaine CNBC, en précisant toutefois que «si l’on doit alors télétravailler ou si l’on est ainsi mis en concurrence avec les autres, c’est une autre histoire».
Marc Schulz, l’adjoint de M. Waldinger dans le cadre de l’étude et coauteur du livre «The Good Life», a ajouté sur CNBC qu’il était bon de chercher à nouer des liens allant jusqu’à l’amitié: «Si des gestionnaires croient que la productivité diminue dès lors que des travailleurs jasent et rigolent ensemble au bureau, ils se trompent lourdement: une récente étude a mis au jour le fait que ceux qui ont leur meilleur ami au travail sont plus productifs et engagés dans leur travail que ceux dont ce n’est pas le cas», a-t-il dit.
Bref, Ludovick, développez votre connexité, et le tour sera joué!