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Résoudre les insatisfactions créées par le télétravail à géométrie variable

Catherine Charron|Mis à jour le 24 septembre 2024

Résoudre les insatisfactions créées par le télétravail à géométrie variable

(Photo: 123RF)

FLEX TON TRAVAIL. «Pourquoi dans la fonction publique le télétravail est encadré et encouragé pour les employés, mais qu’à mon niveau de cadre/gestionnaire, il n’est pas possible d’y accéder? Pourquoi les membres de la haute direction peuvent-ils en faire de temps en temps (lundi ou vendredi) quand ils ont cumulé du retard, mais que moi je ne suis jamais dégagé en télétravail pour réaliser mes mandats?» – Benjamin

Il est possible, voire normal, qu’au sein d’une même organisation, les modalités de télétravail fluctuent d’un poste à l’autre, confirme Marianne Lemay, PDG de l’agence de services-conseils en ressources humaines Kolegz. «Dans des usines par exemple, la personne qui travaille directement sur la machine peut difficilement le faire de la maison, alors que la personne à la comptabilité oui», illustre-t-elle.

C’est aussi vrai entre les différents paliers hiérarchiques, selon le rôle et les responsabilités des individus concernés. Ça peut toutefois avoir tout l’air d’un manque de flexibilité lorsque le seul motif qui justifie une présence plus fréquente de certains semble arbitraire.

L’experte recommande aux insatisfaits des politiques de retour au travail d’en parler à leur supérieur immédiat afin de mieux comprendre le raisonnement de l’organisation. Le ton choisi pour entamer la discussion aura une incidence sur le déroulement de l’échange, note-t-elle.

Pour que la communication soit efficace, Marianne Lemay suggère d’adopter une posture de curiosité, plutôt que de «réprimande. Le gestionnaire aura beaucoup plus envie de répondre à une question qu’à une plainte.»

Elle incite aussi l’employé à se demander quel besoin il souhaite combler en aspirant davantage à bosser de la maison.

L’experte suspecte que la personne manque ici de temps à consacrer à des tâches qui requièrent toute son attention, étant fréquemment dérangée par des collègues. La maison n’est toutefois pas le seul endroit où il est possible de les accomplir. Elle pourrait plutôt demander à son gestionnaire de l’aider à prévoir à son horaire des moments de concentration, des périodes au cours desquelles aucune sollicitation ne serait acceptée, et ainsi augmenter sa productivité.

Le problème vient rarement de la question initiale, constate la consultante. C’est pour quoi elle encourage les dirigeants à tenter de comprendre quel besoin se cache derrière chaque doléance pour trouver la solution adéquate.

Éradiquer le sentiment d’injustice

Au-delà du droit de gérance ou des conventions collectives, ce peut être la taille de l’organisation qui explique pourquoi une seule politique de télétravail est imposée à l’ensemble des individus qui occupent une même fonction. «C’est plus difficile à gérer quand ça fluctue et qu’on a du cas par cas. Souvent, elles vont préférer des mesures plus générales», observe Marianne Lemay.

Les insatisfactions générées par une politique de retour au boulot doivent être prises au sérieux par l’employeur, croit-elle.

«Le sentiment d’injustice est souvent créé lorsque l’employé ne comprend pas les raisons derrière la décision», rappelle-t-elle.

Lorsqu’une telle situation survient, elle recommande aux dirigeants de rapidement s’y intéresser et apporter les correctifs nécessaires afin d’éviter que cette impression se propage. Dans les pires cas, une animosité pourrait se créer entre les clans d’employés appelés ou pas à revenir au bureau et miner la cohésion d’équipe.

La participation d’une partie tierce peut aussi faciliter cet échange parfois tendu, et aider à identifier les remèdes aux maux qui se cachent derrière la frustration. Guidés, les employés sont souvent en mesure de trouver des solutions au défi rencontré au boulot qui les pousse à souhaiter davantage télétravailler. La direction doit quant à elle être ouverte à faire des tests.

Marianne Lemay encourage les employés comme les patrons à faire preuve d’ouverture lors de telles discussions.

«Ça ne fait que quatre ans que le télétravail a été popularisé. Les entreprises sont encore en adaptation, elles n’ont pas toutes les réponses. L’employé doit comprendre qu’il n’est pas facile de bâtir une politique de télétravail. L’employeur doit quant à lui s’assurer de bien expliquer ce qu’il peut ou pas faire.»

Une nouvelle rubrique débarque cet automne sur le site de Les Affaires: Flex ton travail.
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