Retour au bureau: ne commettez pas la même erreur qu’Amazon
Catherine Charron|Publié le 08 septembre 2023Bien que sa communication interne semble nickel, il lui manque un ingrédient pourtant essentiel. (Photo: 123RF)
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RHÉVEIL-MATIN. La politique de retour au bureau à raison de trois jours par semaine du géant du web Amazon est loin de faire l’unanimité. Or, bien qu’elle ait suivi à la lettre le manuel de la parfaite communication interne, il semble lui manquer un ingrédient pourtant essentiel afin que la transition se fasse en douceur: de l’empathie à l’égard des salariés.
C’est en février 2023 que la société dirigée depuis deux ans par Andy Jassy a annoncé à ses employés qu’elle comptait les rapatrier plus souvent dans ses différents établissements. Si certains ont accueilli chaudement la nouvelle, rapporte le Business Insider, près de 30 000 travailleurs ont signé une pétition demandant à la direction de revoir sa politique.
Cette tentative n’a pas su émouvoir l’organisation, et depuis mai, tous doivent se déplacer au moins trois jours par semaine sur leur lieu de travail attitré, l’activité sur leur carte d’accès étant dorénavant surveillée.
En août, l’entreprise a envoyé un courriel aux personnes qui ne respectent pas la consigne — et accidentellement à certaines qui la suivaient pourtant à la lettre — afin de leur rappeler qu’elles ne doivent pas simplement se rendre dans un de ses bureaux, mais bien à celui assigné à leur équipe.
Si les salariés ne peuvent se rendre dans ces «hubs», ils ont deux choix, a indiqué Amazon: changer d’équipe ou remettre leur démission.
«La fermeté avec laquelle la haute direction met ses désirs en place sans nécessairement avoir des discussions avec les principaux intéressés est surprenante, indique Clara Demers, leader de pratique en conseil en transformation des affaires chez Raymond Chabot Grant Thornton. En 2023, on ne peut plus gérer ses employés de cette façon.»
«Jouer au bras de fer, on n’est plus là», estime Clara Demers, leader de pratique en conseil en transformation des affaires chez Raymond Chabot Grant Thornton. (Photo: courtoisie)
En soi, un employeur peut légitimement décréter où les membres de son équipe doivent travailler, en exerçant son droit de gérance. Cependant, différentes méthodes permettent de rallier à sa décision ses employés même s’ils sont rebutés, affirme l’experte en performance organisationnelle basée à Chicoutimi.
Évidemment, l’employeur doit s’assurer d’offrir un lieu agréable où travailler, un environnement adapté aux nouvelles attentes des travailleurs habitués peut-être à la quiétude de leur chez-soi.
Les gens doivent aussi pouvoir y échanger, collaborer, créer et innover, des actions qui se font bien mieux en présentiel comme l’ont démontré depuis deux ans de nombreuses études, rappelle Clara Demers.
Ainsi, l’attrait de revenir au bureau ne doit pas uniquement reposer sur des événements de socialisation comme les dîners d’équipe, les activités de team building ou des 5@7.
«Il faut mettre de l’avant ces avantages, créer de nouvelles habitudes, inciter les employés à revenir, sans les obliger. Jouer au bras de fer, on n’est plus là, estime-t-elle. Il faut leur demander ce qu’ils veulent, comprendre ce qui les rebute. En les interpellant, ça va nous aider à nous organiser et à mieux répondre à leurs besoins.»
En communiquant les attentes de chaque partie et en collaborant, il sera d’autant plus facile de faire passer son message qu’en y allant de façon unilatérale, dit-elle.
Jouer la carte du contact humain
Si, tout comme Amazon, la politique du retour au travail est accueillie sans trop d’entrain par les membres de son équipe, il est possible de corriger le tir, croit Clara Demers.
La création d’un comité d’employés pour prendre le pouls est avisée, croit-elle, car il mettra en lumière les éléments de la directive qui créent un malaise. La direction devra ensuite trouver un équilibre entre ses impératifs, et ceux de ses équipes.
«Fondamentalement, je crois que les employés ont besoin de chaleur humaine, de briser l’isolement. Ne serait-ce que pour ça, il faut trouver une manière de les ramener à l’occasion sur le lieu de travail», estime la dirigeante.
Télétravailler ou ne pas télétravailler, telle est la question qui cause des émois dans bien des entreprises en cette rentrée 2023.
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