(Photo: Charles Deluvio pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. Alors que plusieurs décrient le télétravail et la gestion à distance, qui, à leurs yeux, déshumanisent le travail et empêchent les contacts comme les relations informelles au sein des équipes et des organisations, je me pose une question: ne sommes-nous pas collectivement responsables d’avoir basculé en mode virtuel au lieu de faire l’effort de nous adapter, en revisitant nos façons de faire et nos paradigmes?
Je lisais le week-end dernier cette histoire relatée dans le Journal de Québec d’une enseignante en zone rouge qui devait obligatoirement aller sur son lieu de travail pour assister à une assemblée générale virtuelle. À ce sujet, j’ai moi-même dû refuser, il y a quelques semaines, un mandat parce que je n’étais pas disponible pour être «sur place» pour offrir un «cours 100% virtuel» (la politique interne l’exigeait).
Bref, c’est le monde à l’envers!
Ce n’est pas tout. Lorsque j’offre la possibilité à mes clients de rendre disponibles les programmes de formation et les conférences en rediffusion – en ayant, de surcroît, accès aux données sur les participants -, ils refusent souvent, par principe. Ce qui est franchement dommage, car il s’agit là d’un des grands avantages de la formation à distance que de permettre aux participants, sans coûts supplémentaires, d’écouter et de faire les exercices à leur convenance.
Ce genre de réaction montre combien nombre d’organisations utilisent les outils technologiques, mais sans ajuster leurs façons de penser, d’être et d’agir.
Leur erreur? C’est de se contenter de transposer en mode virtuel les processus, pratiques et politiques qui sont moyennement efficaces en face-à-face.
Il n’est donc pas surprenant que plusieurs études montrent que les employés et les gestionnaires souffrent, entre autres, de détresse psychologique, et que dans plusieurs cas ils consacrent encore plus de temps au travail que lorsqu’ils étaient au bureau.
Maintenant, que faire pour corriger le tir? Pour adopter une meilleure approche du mode virtuel?
Il convient de répondre aux questions suivantes lorsqu’on planifie une rencontre:
– Qui doit absolument y être en direct afin de faire avancer les échanges et le projet? (Note: on peut toujours enregistrer une réunion et la rendre disponible à ceux qui ont un empêchement ou à ceux qui voudraient l’écouter à un meilleur moment pour eux.)
– Combien coûtera cette rencontre? Et d’ailleurs, si j’étais le propriétaire de l’entreprise, est-ce que je voudrais dépenser autant pour le bénéfice que nous allons en retirer?
Bien entendu, on peut se poser les mêmes questions en ce qui a trait aux programmes de formation et autres événements. Et ainsi réaliser que l’on gagnerait sûrement à revoir le plan de match, les honoraires types, ou encore l’impératif d’être tous là au même moment. Que la meilleure solution n’est pas nécessairement de faire «comme avant».
C’est que le télétravail et la gestion à distance impliquent une gestion davantage par livrables qu’une gestion des efforts et des horaires éclatés et atypiques. Que l’important, au fond, c’est de permettre au plus grand nombre possible de se sentir compétents et de se montrer productifs dans ce tout nouveau mode d’organisation du travail.
On peut difficilement demander à tous de faire du 9@5 «comme au bureau» et espérer tirer profit du télétravail comme expérience employé, voire faire ainsi briller sa marque employeur.
Un de mes professeurs a déjà dit à un gestionnaire qui se plaignait d’avoir à gérer «une garderie», et non une vraie équipe de travail: «Tu as l’impression de gérer une garderie parce que tu gères tes employés comme s’ils étaient des enfants». Cela est encore plus vrai aujourd’hui, en mode virtuel. Il est crucial de mettre en place les moyens nécessaires et de développer les compétences relationnelles et de gestion, en télétravail comme en gestion à distance.
Avec une intention véritable de vouloir vous adapter à ce mode d’organisation du travail qui semble être là pour rester, à tout le moins de façon hybride, vous allez découvrir des dizaines de nouvelles façons de créer des moments informels. Certes, ces moments-là seront différents de ceux où l’on prenait l’ascenseur ensemble ou de ceux où l’on jasait autour de la machine à café. Mais ils ne seront pas moins efficaces, tant pour le moral que pour la productivité.