Se voir en personne «n’est pas une obligation pour être performant»
Katia Tobar|Mis à jour le 30 juillet 2024«Nous avons presque toujours travaillé à distance, même lorsque nous étions dans la même ville.» (Photo: 123RF)
Dans la série hebdomadaire POUR OU CONTRE LE TÉLÉTRAVAIL, Les Affaires met de l’avant les meilleures pratiques de l’un et l’autre des camps, afin de rallier à leur position leurs salariés et de faire prospérer l’organisation. Suivez le débat!
Qui: Lyne Marie Germain
Entreprise: Activation leadership positif
Secteur: coaching exécutif, leadership et communication stratégique
1 à 10 employés
Quelle formule a été adoptée?
Télétravail uniquement
Décrivez-nous où travaillent habituellement les employés:
Nous avons des bureaux à la maison.
Était-ce la formule appliquée avant février 2020?
Oui
Pourquoi avez-vous choisi cette formule?
À cause de la distance. Nous n’habitons pas dans la même ville, ni même dans la même province. Je suis en Ontario, mon associé, à Québec. Nous travaillons avec des gens à Gatineau ou Montréal. Une de mes collaboratrices travaille en ce moment depuis la Suisse, et doit se rendre au Maroc. La distance n’a pas vraiment d’importance, et on s’organise avec le décalage horaire.
Quels sont les facteurs, les politiques et les dispositions qui font en sorte que cette formule fonctionne pour votre entreprise?
Nous avons presque toujours travaillé à distance, même lorsque nous étions dans la même ville. À l’occasion on se rencontrait, mais c’était rare et seulement lorsque nous voulions avoir une réflexion sur le futur ou les nouvelles avenues envisagées.
Avec mon associé, nous organisons une rencontre fixe hebdomadaire, même si n’avons rien à décider.
Lors des appels avec mes collaborateurs, je dédie toujours la première partie de la rencontre à jauger comment ils vont personnellement. Cela permet de garder le lien humain, qui va au-delà du lien professionnel. Cet échange me permet aussi de moduler la conversation et les attentes en fonction de la réalité de la personne qui est en face de moi.
Aussi, nous utilisons Slack et les messages textes afin de garder la conversation ouverte lorsque nous avons des urgences reliées au développement des affaires ou aux besoins de nos clients. Nous essayons toutefois de ne pas être trop intrusifs.
Au cours des prochains mois, l’organisation du travail changera-t-elle?
Non
Quelle est votre position à l’égard du télétravail, du présentiel et du mode de travail hybride?
Je suis très à l’aise avec le télétravail et mon associé et nos collaborateurs également. Nous apprécions de nous voir en personne à l’occasion, mais ce n’est pas une obligation pour être performant. Chacun connaît bien son rôle et l’exerce sans avoir besoin de supervision.
La pandémie a permis de constater que certaines personnes travaillent mieux en télétravail, peuvent être plus autonomes, plus productifs, et d’autres non.
Aussi, les leaders doivent s’adapter à la nouvelle génération qui entre sur le marché du travail. Ils veulent un meilleur équilibre entre leur vie personnelle et leur vie professionnelle, et ne sont pas attachés à la chaise dans laquelle ils sont. Ils ont besoin d’être stimulés, engagés dans leur travail et ne veulent pas d’un employeur au-dessus d’eux qui leur dit quoi faire. Ils veulent voir leurs enfants grandir, ce que les boomers n’ont pas fait.
Personnellement, quand j’ai décidé de quitter Radio-Canada [où Lyne Marie Germain a travaillé plus de 20 ans comme journaliste], c’était pour être libre. Je suis entrepreneure depuis 15 ans, je me suis fait le cadeau de travailler avec des collaborateurs, et non des employés, des gens super motivés et qui travaillent côte à côte avec moi. Il y avait un coût à payer, j’ai payé ce coût-là pendant les premières années. Aujourd’hui, je profite de ma liberté. Je me concentre sur mes clients, plutôt que sur une machine interne. Je me suis payé le luxe d’être toujours sur mon X.