Servez-vous des critiques comme d’un tremplin pour votre carrière
Claudine Bergeron|Publié le 09 août 2023«Les gens qui cultivent [les excuses] à profusion prennent le pire chemin pour s’améliorer», croit Claudine Bergeron. (Photo: 123RF)
EXPERTE INVITÉE. Des excuses, des excuses, encore des excuses! On connaît toutes et tous des personnes qui passent leur temps à se justifier pour tout et rien. Quelle que soit la situation, quel que soit le constat, rien n’est jamais leur faute. Elles ont toujours une raison, une excuse pour ne pas porter le chapeau. Or, contrairement à ce que ces individus peuvent penser, cela fait tout sauf bien les servir.
Que cachent fondamentalement les personnes qui s’excusent tout le temps? Des femmes et des hommes qui manquent de confiance en eux, d’estime de soi et qui ont beaucoup de difficulté à recevoir des commentaires et des critiques. Ce sont aussi – et surtout – des gens qui ratent le bateau pour saisir des occasions en mesure de les faire évoluer.
Personne ne maîtrise ni ne sait tout dans aucun domaine et c’est bien tant mieux! Cela veut dire que nous pouvons toutes et tous nous nous compléter et nous améliorer chaque jour afin de devenir de meilleures versions de nous-mêmes. Ça a la beauté de nous garder éveillé(e)s et de donner un sens à nos vies. Cela vaut pour notre vie personnelle autant que notre vie professionnelle.
En milieu professionnel, on ne doit toutefois jamais perdre de vue que ce sont nos compétences, notre travail et, il va sans dire, notre professionnalisme qui sont avant tout évalués. Lorsqu’on reçoit de la rétroaction, positive ou négative, il faut donc savoir l’accueillir dans cette optique, sans trop s’exciter lorsqu’elle est bonne, sans trop se flageller lorsqu’elle l’est moins.
L’important, particulièrement dans le second cas, est d’avoir le discernement pour en extraire la matière qui nous permettra de progresser.
Prendre le temps de digérer la rétroaction avant d’y répondre
Aspirez-vous à prendre du galon dans votre milieu professionnel? Apprenez à recevoir les commentaires et critiques de vos patrons et collègues sans avoir le réflexe de vous justifier sur le champ. Plutôt, enregistrez-les bien, puis prenez du recul et questionnez-vous sur ce qui a pu vous valoir cette rétroaction.
Si une critique vous atteint, faites un peu d’introspection afin de comprendre pourquoi. Cela vous sera nettement plus profitable que de vous justifier illico. En vous questionnant, en analysant les choses, vous pourriez y trouver une occasion d’affiner une de vos pratiques ou de corriger une lacune ou un mauvais pli que vous pourriez avoir développé sans vous en rendre compte.
Une fois la critique bien digérée, si elle n’est pas claire ou avisée à vos yeux, relancez la personne qui vous l’a faite pour avoir plus d’explications. Demandez-lui ce qui l’a amené(e) à vous donner cette rétroaction, ce qu’elle a voulu dire, si elle peut vous donner un exemple pour mieux mettre les choses en contexte afin que vous puissiez bien comprendre son point de vue.
Le cas échéant, si vous avez des contre-arguments pertinents à même de donner à cette personne une interprétation différente du contexte global des affaires et lui faire voir celles-ci d’un angle qui pourrait lui avoir échappé, exposez-les-lui de façon réfléchie. Votre justification sera alors nettement plus crédible que si vous l’aviez balancée sans avoir pris le temps de digérer la rétroaction qu’on vous a faite.
L’écoute est la première force du leadership
Ne prenez pas les commentaires de façon trop personnelle non plus. Vous êtes en milieu professionnel, ne l’oubliez jamais. Cela signifie qu’il faut savoir assumer, accepter, voire encaisser les choses conséquemment, en sachant faire la part entre l’individu et la ressource professionnelle que vous êtes. Les personnes qui savent écouter les commentaires et critiques qu’on leur fait se démarquent positivement aux yeux de leur entourage, ce qui leur ouvre les portes pour gravir les échelons de l’organisation.
À l’inverse, les gens qui ont toujours une excuse finissent assez rapidement à lasser les autres et à se retrouver avec l’étiquette de victime sur le front. Ça diminue grandement le respect qu’ils inspirent, l’envie de leur donner de la rétroaction et leur pertinence au sein de l’organisation. Ça réduit aussi habituellement à néant leurs possibilités d’avancement.
Lorsqu’on a un raté au travail, il faut savoir faire face aux conséquences qui en résultent et bien rebondir ensuite pour éviter que la situation ne se reproduise. Ça passe parfois par une critique, faite au nom de la réussite de l’organisation, qu’on doit avaler de travers pour élever notre jeu d’un cran ou revenir sur la bonne piste. Si on sait bien saisir le message qui nous est passé et qu’on y réagit adéquatement, son effet sera bénéfique à tous les niveaux au bout du compte.
Évidemment, il faut considérer la manière dont les commentaires et critiques sont formulés et le ton sur lequel ils sont livrés. La majorité des leaders et des collègues ayant à cœur la réussite de l’entreprise où ils et elles travaillent, on peut présumer que la rétroaction est généralement faite avec lucidité, déférence et un minimum de bienveillance, même lorsqu’elle a un parfum de remontrance. On reviendra sur cet aspect dans un prochain billet.
En matière d’excuse toutefois, les choses sont claires. Les gens qui les cultivent à profusion prennent le pire chemin pour s’améliorer, car aucune personne ne peut prétendre être constamment mal comprise ou victime des circonstances. C’est bien mal avisé de penser qu’en se cloisonnant dans une telle posture de fermeture, on cultive un avenir florissant.
Lorsqu’on se connaît bien en revanche, on a la conscience d’avoir des failles – comme tout le monde d’ailleurs – et l’ouverture pour être à l’écoute de toute rétroaction, positive ou négative, propre à nous aider à les colmater et à évoluer. On y gagne en compétence chaque fois et on renforce à tout coup notre pertinence dans notre milieu de travail, tout en semant et faisant pousser petit à petit notre graine de leadership dans l’organisation où l’on est engagé(e).
Et cela, vous l’imaginez bien, augure toujours pour un plus bel avenir que celui que toutes les excuses du monde ne pourront jamais vous offrir!