«Souvent le télétravail nous amène à sauter des étapes pourtant essentielles», dit Laurie Michel, PDG de Vivala. (Photo: 123RF)
FLEX TON TRAVAIL. «Quel est l’impact psychologique du télétravail. Dodo, boulot, dodo […], comment décrocher?» J-C
La question tombe à point, estime Laurie Michel, fondatrice de Vivala, une entreprise de services-conseils spécialisée dans la déconnexion. Selon les résultats d’un sondage du Sceau Concilivi paru au début du mois d’octobre 2024, ce sont 52% des 3078 personnes interrogées qui jugent que le télétravail la rend plus difficile.
Un chiffre qui reflète bien la réalité sur le terrain, affirme la consultante. «Il n’y a plus de barrière physique. Les zones autrefois de repos deviennent des zones de relaxation au travail. Un flou s’installe, et empêche la déconnexion mentale, comme il n’y a plus de déconnexion physique.»
Les conséquences de ce phénomène sont nombreuses, observe-t-elle, et ne sont pas que reliées à la performance ou à la santé mentale des travailleurs. Ils adoptent davantage des comportements plus sédentaires, faute de la fatigue mentale que le temps passé devant l’écran engendre.
Établir de telles frontières est donc primordial pour parvenir à décrocher. Pour se faire, le télétravailleur doit tenter dans un premier temps d’identifier les raisons pour lesquelles il peine à y arriver.
Il peut par exemple avoir de la difficulté à circonscrire le travail dans le temps, ou encore être distrait par des notifications sur son téléphone personnel. Peut-être est-ce plutôt le rôle qu’il campe ou encore la culture d’entreprise qui le force à demeurer toujours disponible.
«Ça va nous aider à savoir comment agir, soutient Laurie Michel. Les solutions vont aussi dépendre du caractère de la personne, selon si elle est plus introvertie ou extravertie.»
Développer des routines
Laurie Michel recommande aux télétravailleurs d’implanter des routines avant de commencer et après avoir terminé sa journée de travail.
«Souvent le télétravail nous amène à sauter des étapes pourtant essentielles. Au réveil, si on a tendance à sauter directement dans le travail, il vaut mieux s’octroyer une trentaine voire une quarantaine de minutes pour émerger, s’octroyer du temps pour prendre soin de soi avant d’entrer dans son rôle professionnel», dit-elle.
Ce serait l’un des gestes les plus simples qui aura les plus grandes retombées, selon ses observations.
La consultante suggère également de porter des vêtements différents entre les périodes de temps personnel et les périodes de travail. «En fin de journée, quand on va se changer, ça va nous aider à quitter ce rôle-là», assure-t-elle.
Plutôt que de se jeter sur les courriels au moment d’entamer sa journée de travail, l’employé devrait plutôt établir sa propre liste de priorités, des choses qu’ils souhaitent accomplir avant de s’intéresser aux urgences des autres.
En fait, elle encourage les télétravailleurs à tout mettre en œuvre pour respecter l’heure à laquelle ils sont censés se déconnecter, et à le communiquer à leurs collègues. Elle met en garde contre le présentéisme virtuel, la manie de garder l’écran allumé au cas où on serait sollicité. C’est entre autres pourquoi elle suggère de développer collectivement un code de gestion des urgences pour réduire la culture de la disponibilité permanente intrinsèque aux outils numériques.
La routine de fin de journée de l’employé devrait notamment comprendre de fermer et ranger l’ordinateur et tous autres outils de travail. C’est d’autant plus important s’il n’a pas le luxe d’avoir un espace dédié au télétravail à la maison.
Les activités de décompression aussi sont pertinentes. Elles doivent être faciles, nécessiter peu de concentration et reconnecter la personne avec ses sens, afin d’effectuer cette transition vers sa période de repos.
Laurie Michel suggère aussi aux gestionnaires de répéter quelles sont réellement leurs attentes en matière de connexion à distance, mais aussi à réfléchir à ce que tous les membres de leur équipe adoptent des rituels du genre avant de commencer et de terminer leur journée de travail.
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