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Temps supplémentaire: la facture se stabilise chez Hydro-Québec

La Presse Canadienne|Publié le 10 février 2020

La société d’État peut difficilement refuser du temps supplémentaire à ses employés car elle offre un service essentiel.

Pour la première fois depuis 2015, la facture d’heures supplémentaires s’est stabilisée chez Hydro-Québec l’an dernier, ce qui n’a toutefois pas empêché certains employés d’empocher presque trois fois plus que leur salaire de base.

La société d’État a comptabilisé une somme de 164,2 millions $ pour 2019, soit un peu moins que l’année précédente révèlent des données obtenues par La Presse canadienne en vertu de la Loi sur l’accès à l’information. En 2018, les 164,4 millions $ payés représentaient une hausse de 8,6 % par rapport à 2017 et de plus de 25 % depuis 2015, année où l’actuel président-directeur général Éric Martel est arrivé en poste.

« Cela a été une grosse année en 2019 où il y a eu les crues printanières, un épisode de verglas au mois d’avril et la tempête automnale de l’Halloween », a expliqué lundi un porte-parole d’Hydro-Québec, Louis-Olivier Batty, au cours d’un entretien téléphonique.

En avril dernier, le verglas avait plongé dans le noir des centaines de milliers de clients. Puis, à la fin du mois d’octobre, les dégâts causés par les vents violents qui avaient déferlé sur le sud du Québec avaient privé de courant près d’un million de clients.

Pour Hydro-Québec, ces deux épisodes se classent parmi les plus importants événements météorologiques des 30 dernières années, a souligné M. Batty.

En ce qui a trait à 2019, un chef monteur a pu toucher un salaire total de 246 310 $, alors que son salaire de base était de 85 231 $, indiquent les données obtenues. Cette personne a effectué suffisamment d’heures supplémentaires pour recevoir 131 229 $ ainsi que des primes diverses de 29 850 $.

Avec quelque 19 900 employés permanents et temporaires selon son plus récent rapport annuel, Hydro-Québec estime que les heures supplémentaires permettent d’éviter d’embaucher du personnel qui pourrait moins être mis à contribution à l’extérieur des périodes de pointe.

« Nous allons nous tourner vers cette option lorsque c’est nécessaire avec un effectif régulier qui couvre 95 % de nos besoins à l’année longue », a expliqué M. Batty.

Pour le réseau

En ce qui a trait aux travailleurs de métier chez Hydro-Québec, quatre des dix plus hauts salariés sont des personnes affectées au montage des lignes. Cela est essentiellement attribuable aux aléas des conditions météorologiques.

Le porte-parole d’Hydro-Québec a également fait valoir que la société d’État pouvait difficilement refuser du temps supplémentaire à ses employés lors de pannes majeures étant donné qu’elle offre un service essentiel.

« On peut difficilement, surtout lors de pannes majeures, dire “écoutez, vous allez être rebranchés seulement 24 heures plus tard parce qu’on va faire une meilleure gestion du temps supplémentaire et seulement réaliser les travaux pendant les heures ouvrables” », a-t-il dit.

Pour 2019, un peu moins de la moitié des 164 millions $ payés en heures supplémentaires, soit 69,8 millions $, ont été versés du côté d’Hydro-Québec Distribution, une division chargée de l’entretien du réseau. C’est un peu moins que les 73 millions $ de l’année précédente.

C’est un opérateur, qui coordonne les équipes de monteurs de lignes, qui a été la deuxième personne la mieux rémunérée chez les travailleurs de métiers, avec un total de 237 531 $. À son salaire de base de 105 180 $, il faut ajouter 101 345 $ en heures supplémentaires ainsi qu’un montant de 31 006 $ en primes diverses.

Il faut regarder du côté de la division « innovation, équipement et services partagés » pour observer la croissance la plus marquée en ce qui a trait aux heures supplémentaires. Environ 19 millions $ ont été versés, ce qui représente une hausse de plus de 14 %.

« C’est (attribuable) au secteur de la construction puisque nous avons eu de gros projets en 2019 », a précisé M. Batty.

Celui-ci a notamment évoqué la ligne haute tension de la Chamouchouane-Bout-de-l’Île, qui relie le Saguenay–Lac-Saint-Jean à la région de Montréal, inaugurée en juillet dernier, ainsi que le raccordement du complexe hydroélectrique de la Romaine au réseau d’Hydro-Québec.

 

Montants payés par Hydro-Québec pour les heures supplémentaires:

 

  • 2015: 131,1 millions $
  • 2016: 132 millions $ 
  • 2017: 151,5 millions $ 
  • 2018: 164,6 millions $
  • 2019: 164,2 millions $