Toitures Hogue sabre les absences causées par des accidents de travail
Catherine Charron|Publié le 04 septembre 2024(Photo: courtoisie)
RHÉVEIL-MATIN. Afin que ses strictes règles en matière de santé et sécurité restent gravées dans la mémoire de ses employés, Toitures Hogue n’a laissé aucune pierre retournée, allant jusqu’à afficher son message à des endroits plutôt inusités. Force est de constater que sa stratégie porte des fruits, puisque le nombre de journées perdues à cause d’un accident de travail a fondu entre 2021 et 2023 de 842 à 579 annuellement.
Depuis trois ans déjà, l’entreprise spécialiste dans la réfection et l’entretien de toit de bâtiments commerciaux se conforme à la norme ISO 45001. Cette pratique peu commune chez ses pairs selon elle est un gage du sérieux que l’organisation accorde à l’intégrité physique de ses équipes, un critère qui importe de plus en plus à la clientèle qu’elle dessert. «C’est comme si on nous demandait de pratiquer les arts martiaux et qu’on arrivait avec une ceinture noire», illustre son patron, Jocelyn Hogue.
C’est surtout le plus récent jalon d’une série de gestes posés depuis 2010 par l’entreprise pour réduire le nombre de lésions professionnelles.
Changer les codes
À l’époque, la Commission des normes en santé et sécurité au travail (CNESST) a serré la vis sur les chantiers de la construction en imposant une série de changements auxquels Toitures Hogue a adhéré.
Les chutes y étaient rares, rapporte le dirigeant, mais pas les petites blessures comme les entorses aux chevilles en débarquant d’un de ses camions rouges, ou encore les coupures causées par la manipulation d’objets tranchants.
Les nouvelles habitudes promues depuis près de 15 ans maintenant n’ont pas toujours été bien accueillies, surtout chez celles et ceux qui pratiquaient le métier d’une manière moins sécuritaire depuis de nombreuses années.
«On est parti de tellement loin. Il y a trente ans, des gens travaillaient sur les chantiers torse nu, sans bottes de sécurité à cap d’acier aux pieds ou de harnais et c’était normal, rappelle celui qui a longtemps été sur le terrain. Il a fallu leur expliquer les raisons derrière ces changements. Ça a été beaucoup de rencontres.»
L’entreprise a joué de nombreuses cartes pour que le message passe. Elle a notamment ouvert un centre de formation interne et s’est tournée vers les partenaires de vie de ses employés pour s’en faire des alliés de la promotion de la prudence.
«On a même installé des miroirs au-dessus des urinoirs où il est écrit sur leur reflet “Voici le responsable de ma sécurité aujourd’hui”, ajoute en riant Jocelyn Hogue. Quand les employés ont vu ça pour la première fois, ils ont compris le sérieux.»
Le patron – dont le modus operandi est de s’assurer que tous retournent à la maison sains et saufs – s’est même départi des «leaders négatifs», ces personnes incorrigibles qui accordaient peu d’importance la sécurité au travail.
«J’ai déjà licencié un chargé de projet qu’on aurait pu qualifier d’intouchable à cause de son talent, après la décision de trop qui mettait la santé de mes employés en danger pour sauver du temps», raconte Jocelyn Hogue.
(Photo: courtoisie)
Fierté pour les employés
Malgré ses bonnes pratiques déjà acquises, Toitures Hogue a dû investir plusieurs centaines de milliers de dollars pour se conformer à la norme internationale en matière de santé et sécurité ISO 45001. Cette dernière ne se limite pas qu’aux gestes posés sur le chantier, tout est concerné.
Elle a par exemple dû dépenser 50 000$ pour remplacer des ancrages au sol d’étagères fixes dans sa cour qui semblaient à priori en bon état. «Je ne m’attendais pas à changer ça, dit le dirigeant. On les entretenait, ils étaient peinturés, on y faisait attention et on y mettait peu de charges. Ce qui était abimé semblait minime. L’expert qui nous a accompagnés nous a toutefois rappelé que c’est le jour où on y mettrait quelque chose de plus lourd qu’on s’en rendrait compte.»
Toitures Hogue a aussi dédié beaucoup de temps de travail à la formation de ses employés. À la fin d’août 2024, 1375 heures y avaient été consacrées à éduquer ses plus de 230 employés. En 2023, ce chiffre avait atteint 1874.
Les retombées sont là: le nombre d’accidents de travail est passé de 16 à 11 entre 2021 et 2023, alors que son équipe est passée de 215 à 230 membres.
«Il ne faut pas s’embarquer dans cette démarche pour bien paraitre, mais pour prendre soin de notre monde, dit le patron. Il faut expliquer à nos gens où on souhaite se rendre, et pourquoi on le fait, soit pour les protéger. Sans compter que ça nous amène plus de travail, car les clients nous le demandent.»