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Tout va de travers au travail? En voici l’incroyable raison!

Olivier Schmouker|Publié le 21 janvier 2020

Tout va de travers au travail? En voici l’incroyable raison!

Un brouillard qui s'épaissit à mesure qu'on vieillit... (Photo: Brunel Johnson/Unsplash)

BLOGUE. Aujourd’hui, j’ai une question personnelle à vous poser : quel âge avez-vous? Je croise les doigts pour que votre réponse ne soit pas 47 ans. Pourquoi? Parce que c’est le pire âge à avoir, celui où tout va de travers, au travail comme dans la vie privée, où l’on est littéralement au fond du gouffre. Si, si…

J’en veux pour preuve une étude sensationnelle intitulée Unhappiness and age et signée par David Blanchflower, professeur d’économie au Dartmouth College, à Hanover (États-Unis). C’est que celle-ci montre qu’il existe bel et bien une «courbe du malheur» en fonction de l’âge, et que celle-ci est en forme de U inversé, le sommet survenant, en général, à 47,2 ans dans les pays développés. Regardons ensemble comment il s’y est pris pour faire cette trouvaille…

M. Blanchflower a eu accès à une base de données gigantesque concernant quelque 10 millions d’individus vivant dans 40 pays européens et aux États-Unis. Et il a considéré 15 mesures en lien avec le malheur que l’on peut éprouver dans la vie : désespoir, anxiété, solitude, tristesse, stress, dépression, phobies, découragement, fatigue, sommeil agité, perte de confiance en soi, sentiment d’être mis de côté, etc. Enfin, il a ajouté deux autres mesures, l’une en lien avec la question «Trouvez-vous cela difficile d’être optimiste pour le futur du monde?», l’autre, avec la question «Trouvez-vous que la vie va en se dégradant dans votre pays?»

Résultat? Toutes ces données montrent, sans l’ombre d’un doute, que l’être humain traverse bel et bien une crise au beau milieu de son existence. Soit, de nos jours, à l’approche de la cinquantaine. Très précisément, à 47 ans. «Partout, la même courbe en U inversé apparaît, note le chercheur dans son étude. Elle montre que l’approche de la cinquantaine est le pire moment de la vie, et qu’elle frappe particulièrement fort ceux qui sont les plus vulnérables : les handicapés, les moins éduqués, les parents de familles brisées et autres chômeurs.»

Comment cela se fait-il? Pour s’en faire une idée, M. Blanchflower s’est lancé dans une autre étude, intitulée Is happiness U-shaped everywhere? Age and subjective well-being in 132 countries. Dans celle-ci, il a analysé le sentiment de bien-être que ressentent les gens dans – tenez-vous bien – 132 pays. En tenant compte des différences du point de vue de l’éducation, du statut conjugal et du travail, il a constaté que dans tous les pays – je souligne, tous – la «courbe du bonheur» était en forme de U, et qu’elle correspondait à l’inverse de la «courbe du malheur» : l’âge auquel on est le moins heureux est de… 47,2 ans.

Durant les décennies avant la cinquantaine, les gens doivent sans cesse se battre, d’après lui. Pour progresser sur le plan professionnel, pour protéger leur famille, pour trouver un meilleur logement; bref, pour avoir une vie meilleure. Et tout cela se traduit par un stress croissant, une série de défaites plus ou moins dramatiques, et par suite, une fatigue physique et psychique qui culmine par un véritable épuisement à l’orée des 50 ans.

Idem, durant les décennies après la cinquantaine, les gens doivent de moins en moins se battre, selon le professeur d’économie. Leur vie professionnelle est faite, leurs enfants sont grands et presque autonomes, l’hypothèque immobilière est quasiment réglée; bref, la vie se fait meilleure. Le stress décroît, les défaites sont derrière nous, on se met à savourer la vie, en se préoccupant de moins en moins du lendemain.

Autrement dit, notre bonheur ne cesse de régresser jusqu’à nos 50 ans, puis il se met (enfin) à progresser par la suite. Le tournant survient à 47 ans. Et tout cela résulte du fait que – peu importe que l’on vive dans un pays riche ou pauvre, que l’on soit un homme ou une femme, ou encore que l’on soit plus ou moins éduqué – la «courbe du malheur» s’impose à nos existences.

«Cette courbe semble naturelle, mieux, universelle, a confié David Blanchflower au quotidien The National Post. D’ailleurs, une étude l’a identifiée aussi chez les hominidés [les grands singes tels que l’orang-outan et le gorille] : lorsque leur espérance de vie est de 50 ans, le sommet de leur «courbe du malheur» survient à l’approche de la trentaine.»

Bon. Maintenant que l’on sait ça, quelle leçon pouvons-nous en tirer par rapport à notre quotidien au travail? En quoi cette information peut-elle nous permettre de mieux vivre notre travail? Eh bien, ça me paraît assez simple:

> Employés. Ça fait une vingtaine d’années que vous travaillez et vous trouvez que vous en arrachez plus que jamais? Et vous ne comprenez pas pourquoi? C’est en grande partie la faute à la «courbe du malheur» : vous approchez des 50 ans. La bonne nouvelle, c’est qu’il ne s’agit que d’un cap à franchir. Serrez les dents, redoublez d’ardeur et, surtout, reprenez confiance en vous-même : la tempête est là, elle frappe fort, mais elle va finir par s’évanouir d’elle-même, comme par magie. Le cercle vicieux dans lequel vous vous sentez pris va se transformer en un cercle vertueux. Bien entendu, tout n’ira pas mieux du jour au lendemain (la courbe est en U inversé), mais l’amélioration va aller en s’accélérant au fil des ans.

> Managers. Les membres les plus expérimentés de votre équipe vous semblent au bord de l’épuisement professionnel? Et vous ne comprenez pas pourquoi? C’est en grande partie la faute à la «courbe du malheur» : ils approchent sûrement des 50 ans. D’où la nécessité, pour vous, de le réaliser, puis d’agir en conséquence : aidez-les à traverser la tempête, redonnez-leur confiance en eux-mêmes, soutenez-les à fond dans les nouvelles missions que vous leur confiez, et vous verrez que – comme par magie – ils se montreront plus efficaces et heureux que jamais au travail. C’est aussi simple que ça.

En passant, le philosophe français Voltaire a dit dans ses Stances : «Qui n’a pas l’esprit de son âge / De son âge a tout le malheur».

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