Travailleurs d'expérience, voici comment obtenir un horaire de 4 jours

«Cela peut rassurer son patron de voir qu’on a pensé à un plan de match», dit Alexandra Lamoureux, associée de Boite Pac. (Photo: 123RF)

FLEX TON TRAVAIL. «À 59 ans, je souhaite travailler moins. Comment demander à mon patron de travailler quatre jours par semaine?» – Normand

Ralentir le rythme? Travailler mieux pour travailler moins? Les raisons qui poussent un employé à adopter une semaine de quatre jours sont multiples, et teintent la manière qu’il présentera sa requête à son supérieur, estime Alexandra Lamoureux, consultante et associée chez Boite Pac, une firme de services-conseils experte de la certification B Corp.

Dans un premier temps, cette dernière recommande à Normand d’identifier ce qui motive son besoin. Ensuite, il doit s’intéresser aux répercussions que ce nouvel horaire de travail aura autant sur sa prestation de services que sur le reste de l’organisation.

«C’est probablement l’étape la plus importante, puisque cela permet de déterminer si son rôle est vraiment adapté à une semaine de travail réduite. Est-ce que d’autres collègues homologues pourraient reprendre certaines de ses tâches par exemple? Est-ce possible d’optimiser le travail pour tout accomplir en moins de temps?», énumère la consultante.

L’employé peut envisager différentes solutions afin d’automatiser certaines de ses responsabilités et faire des économies de temps. Il doit également identifier des gestes à poser pour atténuer les conséquences de son absence sur le reste de l’équipe, en programmant un courriel qui redirige vers les bonnes personnes les requêtes urgentes, par exemple.

«Ça peut rassurer son patron de voir qu’on a pensé à un plan de match», dit Alexandra Lamoureux.

C’est aussi l’occasion de collecter des données sur les bienfaits de la semaine de quatre jours pour les faire valoir. Pour les travailleurs d’expérience, par exemple, cette organisation du travail permet de repousser de quelques années l’âge de la retraite. L’entreprise profite alors plus longtemps de leurs connaissances, rappelle la consultante.

Alexandra Lamoureux suggère ensuite de coucher sur papier le fruit de cette réflexion afin de l’exposer à son supérieur lors d’une rencontre formelle.

«Si on se prépare de la sorte, la présentation devrait bien se dérouler, si on craint la réaction de notre patron», estime-t-elle.

L’experte de l’implantation de la semaine de quatre jours invite l’employé à faire preuve de flexibilité et non d’intransigeance pendant cet échange. Selon le degré d’ouverture de l’organisation, il peut être avisé de revenir à la charge après avoir laissé l’information mijoter. Elle déconseille toutefois d’insister si la requête rencontre un refus catégorique.

La personne peut également proposer à son patron d’essayer la formule pendant quelques mois, afin de déterminer si une journée de moins au boulot affecte sa prestation de services. C’est d’ailleurs de cette façon qu’Alexandra Lamoureux a d’abord goûté à cet horaire allégé dans un précédent poste.

«Je l’ai testé pendant quelques mois, au cours desquels on faisait des touch-points pour voir si mon travail était aussi bien accompli, et que ma performance satisfaisait toujours ses attentes», raconte-t-elle.

Réduire ou pas le salaire?

Si elle se réjouit d’être parvenue à convaincre sa supérieure de l’époque, Alexandra Lamoureux juge toutefois aujourd’hui que la démarche n’était pas juste pour le reste de l’équipe, puisqu’elle était la seule à bénéficier d’une semaine réduite sans diminution de salaire.

S’il espère amoindrir sa charge de travail et ralentir le rythme dans le cadre d’une démarche individuelle, l’employé pourrait donc suggérer de revoir sa rémunération en fonction du nombre d’heures qu’il souhaite retrancher. Il peut également proposer de ne pas avoir d’augmentation salariale, mais plutôt de profiter d’un horaire allégé.

Une approche hybride est envisageable: «S’il travaille 35 heures par semaine sur cinq jours, il peut passer à 32 heures réparties sur quatre jours. La baisse sera moindre», dit-elle.

La personne qui compte plusieurs années d’ancienneté pourrait «jouer la carte de l’expérience», afin de justifier que sa rémunération ne soit pas ajustée par rapport à ses coéquipiers. Cela peut toutefois créer une iniquité à l’interne, ce qu’Alexandra Lamoureux n’encourage pas.

«On prône la transparence chez Boite Pac. Si un employé obtient un avantage auquel ses collègues n’ont pas droit, ça pourrait créer des conflits en interne», met-elle en garde.

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