Un bon truc pour booster la motivation de vos employés!
Olivier Schmouker|Publié le 03 septembre 2024L'idée est de recourir subtilement à l'effet Hawthorne. (Photo: Emma Dau pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. — «L’été tire à sa fin, c’est le retour au travail et je sens un manque d’allant de la part des membres de mon équipe. Le cœur n’est clairement pas à l’ouvrage. Comment y remédier?» – Sylvie
R. — Chère Sylvie, j’ai une bonne nouvelle pour vous: il y a bel et bien moyen de donner un nouvel élan à vos employés, en cette (souvent pénible) période de reprise du travail. Ce truc s’intitule l’effet Hawthorne et est merveilleusement bien explicité dans le nouveau livre de Gaëtan Namouric, le fondateur de la firme-conseil en stratégie d’affaires Perrier Jablonski, «Vos défis de A à Z en passant par BCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWX et bien sûr Y – Abécédaire de survie pour gestionnaire». Un ouvrage incontournable pour toute personne désireuse de devenir un leader digne de ce nom.
Dans son livre, l’auteur nous décrit les expériences menées à la fin des années 1920 par Elton Mayo, un jeune professeur de la Harvard Business School, auprès des employés de l’usine Hawthorne Works, à deux pas de Chicago. L’objectif était simple: modifier les conditions de travail des uns et des autres, puis en discuter avec chaque employé, afin d’identifier les mesures concrètes à prendre pour améliorer la productivité aussi bien individuelle que collective. «L’époque était à la curiosité managériale», indique Gaëtan Namouric.
L’ennui, c’est que les expériences en question ne semblaient mener nulle part. Par exemple, Mayo diminuait un peu l’éclairage pour certains et l’augmentait un peu pour d’autres, mais à chaque fois le résultat était le même: un léger gain en productivité. Idem, il accordait plus de pauses à certains, et moins à d’autres: cela avait encore et toujours le même effet, à savoir un léger gain en productivité.
Quelque chose clochait, mais Mayo et son équipe de chercheurs avaient du mal à discerner quoi. Comment se faisait-il que la productivité s’appréciait toujours d’un poil, peu importe le changement effectué dans les conditions de travail?
Dix années plus tard, le professeur Henry Landsberger a repris les travaux de Mayo et a fini par trouver une explication logique à ce mystère: si la productivité progressait à chaque changement apporté par Mayo et son équipe, c’est tout bonnement parce que les travailleurs appréciaient le fait que quelqu’un de bienveillant les observe dans leur quotidien au travail, les écoute et cherche à améliorer leurs conditions de travail. Le changement effectué importait peu, au fond. L’important, c’était l’écoute et l’empathie. Cela suffisait pour avoir un impact significatif sur les productivités individuelle et collective. Ce phénomène, Landsberger l’a dénommé «effet Hawthorne».
Comment bénéficier de cet effet au sein de votre organisation, Sylvie? Voici les principales recommandations de Gaëtan Namouric sur ce point:
– Misez à la fois sur le matériel et l’immatériel. «La performance des employés ne dépend pas que d’aspects matériels comme le salaire, mais aussi beaucoup de l’attention qui leur est accordée», note-t-il.
– Responsabilisez davantage. «Associer les employés aux décisions et leur donner des marges d’initiative sont des leviers essentiels de la performance», indique-t-il.
– Développez la bienveillance. «Entretenir un bon climat social est également une nécessité», ajoute-t-il. Selon une étude canadienne, les employés qui font preuve de respect et de gentillesse les uns envers les autres ont, en général, 26% plus d’énergie, 36% plus de satisfaction au travail et 44% plus d’engagements envers leur organisation.
Une mise en garde, toutefois. «Dans le cadre de mandats menés par Perrier Jablonski, j’ai pu observer un phénomène a priori curieux: quand vous écoutez les gens, ils s’attendent à être entendus», raconte l’auteur. Dans leur esprit, explique-t-il, si vous vous mettez à leur écoute, c’est forcément pour adopter leur point de vue et leurs idées, et ils s’attendent dès lors à ce que des changements soient effectués selon leurs désirs, mais des désirs qui se révèlent souvent irréalistes…
Autrement dit, cette approche basée sur l’effet Hawthorne ne doit surtout pas se traduire par la création d’attentes démesurées auprès des employés. Il convient d’expliquer d’emblée quel est le but visé par l’adoption de cette approche, et ce qui peut en résulter concrètement pour tout un chacun. Comme ça, pas de faux espoirs. «Il est vital de trouver un juste milieu entre l’écoute et les attentes», souligne l’auteur.
Voilà, Sylvie. Misez subtilement sur l’effet Hawthorne, vous verrez sûrement un regain de l’efficacité et de la satisfaction de chacun dans le cadre de son travail. Car le simple fait de vous montrer attentionnée envers les autres peut leur permettre de donner du sens à leur quotidien au travail.
En passant, l’écrivaine américaine d’origine allemande Edith Hamilton disait: «Ce n’est pas le travail difficile qui est monotone, c’est le travail superficiel».