Un truc finlandais pour créer une bonne ambiance de travail
Olivier Schmouker|Publié le 09 février 2023L'idée, c'est d'apprendre à se réjouir adéquatement lorsqu'autrui a une bonne nouvelle à partager. (Photo: Amy Hirschi pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «J’aime ma job, mais je dois avouer que l’ambiance de travail me paraît souvent plate. Certaines journées me semblent donc incroyablement longues. Y a-t-il un moyen simple de changer ça?» – Maude
R. – Chère Maude, j’ai une bonne nouvelle pour vous: grâce à votre interrogation, j’ai mis la main sur une étude récente qui a mis au jour un procédé en quatre étapes permettant d’améliorer l’ambiance de travail au sein d’une équipe. Regardons ça ensemble…
Cette étude est signée par trois chercheurs œuvrant en Finlande, le pays le plus heureux du monde selon le palmarès du World Happiness Report: Miia Paakkanen et Anne Birgitta Pessi, de l’Université d’Helsinki, ainsi que Frank Martela, de l’Université Aalto, à Espoo. Elle consistait à compiler les enseignements de dizaines et de dizaines d’études sur les émotions positives que l’on peut éprouver au travail, puis à voir si la manière dont y répondaient les membres de l’équipe pouvait avoir le moindre impact sur la performance et le bien-être de tous et de chacun.
Ce travail de moine leur a donné l’occasion d’identifier quatre comportements clés permettant de répondre aux émotions positives des autres de manière «constructive et valorisante».
1. Remarquer l’émotion positive d’autrui
C’est la première étape. Remarquer l’émotion positive qui étreint l’autre (par exemple, parce qu’il vient d’obtenir la signature d’un nouveau client ou la responsabilité d’un nouveau dossier) est le signe qu’on est attentif à ses collègues. Cela montre que le lien entre l’autre et soi est vivant, et que l’information y circule bien. Bref, ça fait du bien à la personne en question de savoir que ce qui lui arrive intéresse vraiment les autres. Cela nourrit son besoin d’appartenance.
2. Donner du sens à l’émotion positive d’autrui
La deuxième étape consiste à valider avec l’autre l’objet de son émotion positive: par exemple, en s’intéressant au nouveau client qu’il vient de faire signer, ou encore aux difficultés qu’il a lui fallu surmonter pour y parvenir. Ça conforte l’autre dans l’idée qu’il a raison de se réjouir. Cela nourrit son besoin de compétence.
3. Faire preuve d’empathie
La troisième étape revient à vibrer à l’unisson avec l’autre, à se réjouir tout comme si sa joie était la nôtre. Cela est possible à partir du moment où l’on se met dans sa peau, c’est-à-dire où notre cœur, sous le coup de l’émotion, se met à battre la chamade, tout comme le sien. Cela nourrit son besoin de communion.
4. Agir de manière stimulante
La dernière étape correspond à adopter le bon comportement face à l’émotion positive de l’autre, celui qui est attendu, si ce n’est espéré de lui. Ce comportement-là se doit d’être «actif-constructif», comme le notent les trois chercheurs finlandais: il s’agit de se montrer sincèrement enthousiaste et encourageant, à l’aide, disons, d’une simple déclaration du genre «Super! Maintenant, on va fêter ça!». Cela nourrit son besoin d’autonomie, c’est-à-dire de sentir qu’il est capable de mener à bien les missions qui lui sont confiées.
Ce faisant, attention d’éviter les trois autres comportements pouvant être adoptés dans un tel cas de figure, car ils sont susceptibles de saboter l’ambiance:
– Actif-non constructif: en annulant la bonne nouvelle, par exemple avec une réflexion du genre «Ouais, c’est bien, mais tu pourrais sûrement faire mieux encore».
– Passif-constructif: en offrant juste un soutien discret, par exemple en se contentant d’être présent, mais sans rien dire de positif.
– Passif-non constructif: en ignorant l’émotion positive ressentie par l’autre, par exemple en regardant son cellulaire au lieu de la personne qui annonce la bonne nouvelle.
L’étude montre que le respect de ces quatre étapes chaque fois qu’un membre d’une équipe ressent une émotion positive présente de nombreux bienfaits, dont voici les trois principaux:
– Amélioration du bien-être au travail, tant au niveau des individus que du groupe. Et ce, ne serait-ce qu’en raison du fait qu’on se sent en sécurité au sein d’une équipe qui sait se réjouir des émotions positives d’un des siens.
– Amélioration des connexions au sein de l’équipe. Les liens deviennent plus forts et moins distants, et donc, plus vivants et plus riches.
– Amélioration de la performance, individuelle comme collective. Car chacun a dès lors envie de donner le meilleur de lui-même, et par suite, de collaborer davantage avec les autres.
Voilà, Maude. Je vous invite maintenant à mettre en application ce processus en quatre étapes aussi souvent que possible. Montrez l’exemple, réjouissez-vous comme il se doit quand une bonne nouvelle est partagée par un de vos collègues. Vous verrez, ça fera boule de neige: les autres se mettront à se réjouir les prochaines fois, eux aussi. Cela pourrait même devenir un cercle vertueux, susceptible de créer une bonne ambiance de travail de manière durable. Et peut-être bien que, sous peu, plus aucune journée ne vous paraîtra interminable…