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Un truc génial pour devenir indispensable au travail!

Olivier Schmouker|Publié le 16 mai 2019

Un truc génial pour devenir indispensable au travail!

L'avenir peut vous paraître incertain, à moins de... (Photo: Laurenz Kleinheider/Unsplash)

J’ai un petit test pour vous, aujourd’hui. Ça vous tente ? Parfait.

Il vous faut fermer les yeux, puis penser à ce que vous ferez comme travail d’ici 12 mois.

C’est fait ? Maintenant, refermez les yeux, et imaginez votre travail dans 5 ans.

Hum, je vois d’ici quelques grimaces, tant il est complexe de se projeter ainsi dans le temps…

Et maintenant, refermez une dernière fois les yeux, histoire de vous représenter mentalement au travail dans 10 ans, oui, en 2029.

Alors ? Qu’avez-vous vu ? Un flou monumental, peut-être bien, tant notre avenir professionnel – le mien comme le vôtre – semble impossible à percevoir avec justesse. Trop d’incertitudes, n’est-ce pas?

À quoi rime ce petit test ? C’est simple, à vous faire réaliser que, crises économiques et avancées technologiques obligent, il est devenu impératif de devenir indispensable au travail. Je souligne, indispensable. Sans quoi, le premier ralentissement économique venu ou le premier robot intelligent venu vous fera perdre votre place en un clin d’œil. Sans guère de possibilité d’en trouver une équivalente ailleurs.

Bon. Je vous entends d’ici : «OK. C’est bien beau, tout ça, mais comment je deviens «indispensable», moi ? Facile à dire…»

Ce à quoi je vous réponds : l’avenir appartient, sans l’ombre d’un doute, à ceux qui permettront à leur équipe, pour ne pas dire à leur entreprise, d’avancer. Et qu’est-ce qui fait avancer – aujourd’hui comme demain – les entreprises ? Les idées neuves.

Bref, si vous voulez devenir indispensable, il vous faut apprendre sans tarder à attraper les idées neuves qui vous filent habituellement sous le nez. Oui, il vous suffit de gagner en créativité.

Il se trouve que j’ai mis la main sur une étude merveilleuse à ce sujet. Intitulée The elusive benefits of mind wandering : How incentive scheme and task structure facilitate creative incubation in a multitask environment, elle est signée par deux professeurs de comptabilité : Jeffrey Hales, de Georgia Tech à Atlanta (États-Unis), lequel est assisté de son étudiante Wenqian Hu, et Ivo Tafkov, de l’Université d’État de Géorgie, à Atlanta. Regardons ensemble de quoi il retourne…

Les trois chercheurs ont demandé à 122 étudiants de bien vouloir se prêter à une petite expérience d’une durée d’une heure. Il s’agissait d’accomplir une tâche routinière (convertir une série de lettres en une série de chiffres) et une tâche créative (trouver des idées neuves – «originales, novatrices et réalisables» – après avoir pigé au hasard une carte présentant un défi créatif), à plusieurs reprises. L’important était d’accomplir correctement les tâches routinières, mais surtout d’exceller du point de vue de la créativité, sachant que tous les participants n’avaient pas été logés à la même enseigne sur ce point :

– Quantité. Certains étaient récompensés de leurs efforts en fonction de la quantité des idées neuves produites ;

– Qualité. Les autres étaient récompensés en fonction de la qualité des idées neuves produites.

Par ailleurs, un autre critère départageait les participants :

– Horaire planifié. Certains devaient se plier à une grille horaire stricte pour se consacrer à une tâche, puis à une autre (ex.: 6 minutes très précisément pour la tâche routinière, puis 6 minutes pour la tâche créative, etc.) ;

– Horaire flexible. Les autres étaient libres de passer d’une tâche à l’autre comme bon leur semblait, pourvu qu’ils accomplissent tout ce qui était demandé dans le temps imparti.

Résultats ? Ils sont carrément fascinants :

> Avantage à la qualité et à la flexibilité. Ceux qui ont produit le plus d’idées neuves vraiment intéressantes ont été ceux qui avaient bénéficié de l’horaire flexible et qui étaient récompensés en fonction de la qualité des idées trouvées. Autrement dit, la créativité d’un individu est boostée si on lui demande de produire une poignée d’idées neuves et si on le laisse libre de plancher dessus quand il juge que c’est le bon moment pour lui de s’y mettre.

> Le rôle insoupçonné des tâches routinières. Les trois chercheurs ont été intrigués par une donnée qu’ils n’avaient pas anticipée : le quart de ceux qui avaient brillé par leur créativité avaient non pas effectué rapidement les tâches routinières pour pouvoir ensuite consacrer le maximum de temps aux tâches créatives – une stratégie a priori logique –, mais avaient choisi d’alterner les périodes consacrées aux unes et aux autres. Or, ce sont justement ceux-là qui ont excellé créativement parlant. Pour en avoir le cœur net, une seconde expérience a été menée par les chercheurs afin de creuser ce point, ce qui leur a permis de découvrir que «les tâches routinières sont une source fondamentale de l’inspiration créative», mais à condition que celles-ci soient effectuées quand bon nous semble, et non pas à des périodes planifiées d’avance.

On le voit bien, nous pouvons donc tous devenir plus créatifs que jamais dans le cadre de notre quotidien au travail pourvu que nous soyons mis dans les conditions idéales pour cela. C’est-à-dire si nous avons pour mandat de faire preuve de créativité concernant un dossier précis et si nous sommes libres de nous y atteler quand bon nous semble (tout en respectant un certain deadline, bien entendu). Et si – je le souligne – nous avons l’intelligence d’alors alterner de nous-mêmes nos tâches routinières et notre tâche créative.

«L’idéal ? C’est d’être en mesure de laisser vagabonder ses pensées, au travail. De ne surtout pas être contraint d’être productif sur le plan créatif, car il n’y a rien de mieux pour tuer la créativité», notent les trois chercheurs dans leur étude.

Que retenir de tout cela ? Ceci, à mon avis :

> Qui entend devenir indispensable au travail se doit de développer dès à présent sa capacité à produire des idées neuves. Il lui faut s’entraîner semaine après semaine à trouver des idées à la fois originales, novatrices et réalisables dans le cadre d’un projet précis ; et ce, en s’y mettant chaque fois que le cœur lui en dit. À noter qu’il convient de s’asseoir au préalable avec son manager pour établir ensemble un plan de match à cet égard (trouver le projet qui s’y prête le mieux, fixer un deadline, etc.), et de s’assurer que les conditions gagnantes soient réunies : qualité et flexibilité.

En passant, l’écrivain français Jules Renard a dit dans son Journal : «Ma tête est comme une basse-cour. Quand j’appelle les idées poules pour leur donner du grain, ce sont les idées canes, oies ou dindes qui accourent».

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