«Ce qu’on a voulu démontrer, c’est qu’on peut se prendre en main», dit Frédérick Boisvert. (Photo: 123RF)
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RHÉVEIL-MATIN. Devant les doléances de maintes entreprises qui peinent à embaucher, la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR) prend le taureau par les cornes: en novembre prochain elle pourvoira plus d’une centaine de postes grâce à sa première mission de recrutement à l’Île Maurice, affirme Frédérik Boisvert, le directeur général de l’organisme paramunicipal.
Ça fait un peu plus d’un an que cette riposte à la pénurie de main-d’oeuvre mijote au sein de la CDEVR, rapporte-t-il, ce défi figurant au sommet de son premier plan stratégique.
L’idée lui est venue dès ses balbutiements à la tête de la nouvelle entité, les organisations de la région lui ayant demandé un coup de main «direct de la part de gens de chez nous, de la MRC» pour dénicher de nouveaux talents à l’international.
C’est le cas du directeur des ressources humaines du fabricant de nacelles Posi+, Guy Gagnon, qui participera à sa sixième mission de recrutement en novembre prochain. «On voulait faire partie des premiers à bénéficier de ce service. On y croit à cette mission».
Sur le terrain, la CDEVR a déjà présélectionné une foule de candidats qui correspondent aux besoins des 19 entreprises participantes, afin d’assurer la qualité des embauches effectuées.
En deux jours, Guy Gagnon devrait rencontrer entre 60 et 70 personnes, estime-t-il.
«Les gens y sont bilingues, multiconfessionnels, ça ressemble beaucoup à ce qui se passe dans notre région. Ce sont aussi des personnes qui ont une mentalité régionale, explique Frédérick Boisvert. C’est une chose d’aller les chercher, c’en est une autre de s’assurer qu’ils vont bien s’intégrer dans notre communauté. Au prix que ça coûte, tu veux que ton retour sur investissement soit maximal.»
L’organisme s’assurera ainsi de bien préparer ses nouveaux concitoyens à la réalité de leur terre d’accueil. La capacité du futur employé à s’adapter à son nouvel environnement, dans des municipalités loin des grands centres, et à s’y épanouir font donc partie des critères de présélections.
Frédérik Boisvert, le directeur général de la la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région. (Photo: courtoisie)
À leur arrivée, la CDEVR les prendra sous son aile, afin que leur intégration se fasse sans trop d’embuches.
«On ne veut pas juste des gens qui vont venir travailler, mais qui viennent vivre chez nous, qui vont se marier avec des personnes d’ici, illustre le directeur général de la CDEVR. On mise sur la qualité plutôt que la quantité.»
Posi+ devra toutefois faire preuve de patience : la vingtaine de futurs mécaniciens monteurs, soudeurs et machinistes qu’elle espère embaucher n’arrivera pas avant les huit à douze prochains mois, anticipe Guy Gagnon.
Indépendance régionale
Pour mener à bien ce projet, Frédérick Boisvert n’a pas attendu que le gouvernement du Québec lui remettent des sommes. Il s’appuie plutôt sur un financement obtenu temporairement auprès du Fonds région et ruralité, géré par la MRC et financé par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, et les sommes versées par chaque entreprise qui a recours à ses services.
«Ce qu’on a voulu démontrer, c’est qu’on peut se prendre en main. On peut réaliser ce genre de mission recrutement. On est certain que ça va bien se passer avec nos partenaires locaux. Quant aux services d’intégration, ils roulent déjà depuis plusieurs mois et ça se passe bien», dit-il.
Il espère néanmoins qu’ultimement une entente soit signée avec le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, comme avec Montréal International ou Québec International, pour que la CDEVR puisse aider davantage d’organisations de la région.
D’autres missions à venir
La CDEVR compte organiser deux missions de recrutement annuellement, l’une à l’île Maurice, et l’autre dans un second marché.
«Stratégiquement, le continent africain sera le principal vecteur de travailleur pour le monde. Pour assurer la prospérité d’une région comme la nôtre qui a un tissu manufacturier très dense et fort, on doit faire les bons choix en termes de bassin de recrutement pas seulement pour les trois ou quatre prochaines années, mais bien pour les 20 prochaines.»
Bien qu’elle n’ait pas encore eu lieu, Frédérick Boisvert n’est pas peu fier du travail accompli, et espère inspirer d’autres organisations paramunicipales comme la sienne à oser et à innover pour répondre aux besoins de main-d’œuvre dans leur région.
«On sent que cette réflexion-là, de se prendre en main en tant que MRC ou collectivité pour aider les entreprises émerge. Notre modèle démontre qu’on peut penser en dehors de la boîte. Ce n’est pas parce qu’on fait partie d’une organisation paramunicipale qu’on doit s’empêcher d’avoir une démarche similaire à celle du secteur privé.»
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