Les entreprises québécoises peinent encore à tirer profit des compétences des gestionnaires ...
Les entreprises québécoises peinent encore à tirer profit des compétences des gestionnaires immigrants qui, de leur côté, ont du mal à trouver un poste à la hauteur de leur talent. Pour combler cette faille, l’Ordre des administrateurs agréés du Québec (Adm.A.) propose une trousse à outils qui s’adresse autant aux gestionnaires d’ici qu’à ceux d’ailleurs.
En 2016, la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain publiait une étude révélatrice : elle démontrait que seulement 14 % des postes de gestion de la région métropolitaine étaient occupés par des immigrants, alors que 38 % des immigrants montréalais sont qualifiés pour devenir gestionnaires.
« Quand on a constaté la sous-utilisation de ce talent, dit Jacques Cusson, président de l’Ordre des Adm.A., on s’est aussitôt demandé comment on pouvait rapprocher les réalités des gestionnaires immigrants et québécois. D’un côté, les nouveaux arrivants désirent s’intégrer à la société québécoise, mais n’en comprennent pas toujours tous les codes. De l’autre, les entreprises ne parviennent pas à identifier le potentiel qu’ils ont à portée de main. »
L’Ordre s’est par conséquent donné le mandat de bâtir une trousse à outils dédiée à l’accélération de l’intégration des gestionnaires immigrants. « Nous avons pensé cette trousse comme un carrefour d’information en gestion, explique Jacques Cusson. C’est un outil pratique, qui vise à donner des réponses rapides à des préoccupations concrètes. La trousse est disponible gratuitement sur le site de l’Ordre. »
Une trousse pour décoder la réalité québécoise
Le premier volet de la trousse s’adresse aux gestionnaires immigrants, qui peuvent commencer par faire l’autoévaluation de leurs compétences en gestion. « Par une série de questions, on demande au gestionnaire de se positionner par rapport aux pratiques de gestion québécoises. Il peut dès lors identifier ses forces, mais aussi ses lacunes, et commencer à parfaire ses connaissances en gestion. »
Le gestionnaire peut aussi choisir de parcourir des sections plus ludiques, intitulées : « Trucs et astuces – Code culturel et lexique » et « Conseils, formations et documentation ». On y trouve entre autres des conseils sur la recherche d’emploi, ainsi que des informations générales sur l’organisation du travail au Québec.
« Nous avons opté pour une approche pratique. Les conseils émanent de vrais gestionnaires immigrants et québécois que nous avons interrogés », souligne Jacques Cusson. Leurs témoignages sont présentés dans une série de capsules vidéo.
Une fenêtre sur la réalité du travail
Felipe Hurtado, Adm.A., est d’origine colombienne et directeur du commerce international chez Sanimax. Il trouve l’initiative des plus pertinentes : « De manière générale, il existe peu de ressources d’aide à l’emploi spécifiquement conçues pour les gestionnaires immigrants. Si la trousse peut les aider à identifier leurs besoins de formation et les diriger vers les bonnes ressources, elle aura accompli sa mission. »
Felipe Hurtado a lui-même participé à une capsule vidéo, afin de donner une image plus juste de la réalité d’un gestionnaire immigrant au Québec : « Il est très inspirant de pouvoir entendre d’autres gestionnaires immigrants parler de leur expérience. On comprend mieux à quoi s’attendre en arrivant au pays. »
Jacques Cusson précise que la trousse « peut aussi bien servir à un gestionnaire étranger qui prépare sa venue au Québec qu’à un nouvel arrivant déjà en emploi qui désire accéder à un poste de gestion. »
L’intégration des gestionnaires immigrants, une responsabilité partagée
Le second volet de la trousse s’adresse aux gestionnaires québécois. « C’est peut-être à cet égard que nous sommes les plus innovateurs, dit Jacques Cusson. On veut aider les entreprises qui ont le désir de s’ouvrir à la diversité à passer à l’action. »
Au menu : un test visant à mesurer le niveau d’inclusion et de diversité d’une organisation, ainsi que beaucoup d’information visant à sensibiliser les gestionnaires québécois aux bonnes pratiques en matière de recrutement et de diversité.
Alain Racine, Adm.A., fondateur et président de Physio Extra, croit en la responsabilité des organisations de faciliter l’intégration des immigrants. « Dans mon entreprise, nous sommes en train de préparer des physiothérapeutes immigrants qui en ont manifesté l’intérêt à occuper des postes de gestion. La trousse sera certainement un bon outil pour nous accompagner dans ce processus. »
Mentionnons que la trousse à outils de l’Ordre est conçue aussi bien pour aider les PME que les plus grandes organisations, incluant la fonction publique. « Nous avons rencontré des représentants de villes québécoises qui ont déjà manifesté l’intérêt de distribuer la trousse à tous leurs gestionnaires ! », s’exclame Jacques Cusson, enthousiaste.