Un long hiver salarial s'annonce... (Photo: Puria Bernji pour Unsplash)
BLOGUE. COVID-19 oblige, un nombre encore jamais vu d’entreprises canadiennes ont gelé les salaires en 2020 et s’apprêtent à faire la même chose en 2021, selon une étude du cabinet-conseil en ressources humaines Morneau Shepell. Elles sont en effet 1 sur 3 (36%) à l’avoir fait en 2020, alors qu’avant la pandémie seulement 2% d’entre elles pensaient devoir y recourir afin de se maintenir à flot. Et elles sont 1 sur 2 (46%) à hésiter à le faire en 2021, 13% ayant d’ores et déjà tranché en faveur du gel (même si elles n’en ont pas encore avisé leurs employés).
«Ce sont là les données les plus préoccupantes que nous ayons vues depuis la création de notre enquête sur l’évolution des salaires, qui remonte à 1982, dit Anand Parsan, vice-président, services-conseils en rémunération, de Morneau Shepell. C’est bien simple, les Canadiens doivent s’attendre à vivre une autre année difficile, après celle de 2020 qui a pourtant été si néfaste à leur santé financière.»
En 2020, l’augmentation réelle des salaires de base a été de 1,6% à l’échelle du Canada et de 1,8% au Québec, selon les données de Morneau Shepell. Et en 2021, elle devrait être de 1,9% à l’échelle du Canada et de 2,1% au Québec – ce qui, pour les Québécois, représenterait tout de même le meilleur pourcentage du pays.
Ces pourcentages se trouvent loin de ceux qu’on a connus en 2019, l’augmentation moyenne des salaires, incluant les gels, s’étant alors élevée à 2,4% par rapport à l’année précédente. Ce qui s’explique tout bonnement par «le gel de nombre de salaires et l’instabilité économique généralisée» qui découlent de la pandémie du nouveau coronavirus.
Par ailleurs, tous les secteurs d’activités ne seront pas touchés de la même façon:
> Augmentations salariales en zone rouge. 42% des employeurs du secteur des arts, du divertissement et des loisirs et 25% de ceux des services éducatifs ont d’ores et déjà décidé de geler leurs salaires en 2021, étant donné que leurs domaines, qui dépendent largement des activités en personne, subissent de plein fouet les restrictions liées à la distanciation sociale.
> Augmentations salariales en zone orange. Et les incertains, ceux qui ne savent pas encore s’ils vont geler les salaires en 2021, ou pas? Sont dans ces cas 68% des employeurs du transport et de l’entreposage et 58% de ceux de l’hébergement et de la restauration. À noter que là où le pourcentage est le moins élevé à ce sujet, c’est dans le secteur de l’immobilier, de la location et de la location à bail (31%) et dans celui des services publics (38%).
> Augmentations salariales en zone jaune. Quant à ceux qui ne prévoient pas geler les salaires au cours de la prochaine année, ils représentent 58% des employeurs de l’immobilier, de la location et de la location à bail, 57% de ceux des services publics, 56% de ceux de l’agriculture, de la foresterie, de la chasse et de la pêche ainsi que 51% de ceux de la finance et de l’assurance.
«Nous sommes officiellement en récession économique. La stabilité financière est un véritable casse-tête pour les employeurs. Tout cela a d’énormes retombées sur la santé financière des Canadiens, d’un océan à l’autre. D’où l’importance cruciale de voir les employeurs mieux communiquer avec leurs employés, de décrire en toute transparence les effets de la pandémie sur leurs activités, de prendre le temps de parler des politiques et des programmes internes en matière de rémunération. Car cela peut permettre de renforcer la confiance et le sentiment de sécurité, même en sachant fort bien que la période à venir s’annonce difficile», dit Guylaine Béliveau, directrice, services-conseils en rémunération, de Morneau Shepell.
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