Vie entrepreneuriale rime-t-elle avec vie sentimentale?
Olivier Schmouker|Mis à jour le 20 septembre 2024Le risque, c'est le déséquilibre entre vie professionnelle et vie amoureuse. (Photo: Alonso Reyes pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. — «Je songe très sérieusement à devenir entrepreneur, à lancer ma petite entreprise. Je sais que, les premiers temps, ça va me prendre mes jours et mes nuits, car c’est ce qui arrive tout le temps. Je suis prêt à ce sacrifice, mais je ne sais pas si ma vie privée ne va pas en prendre un méchant coup, si ma conjointe va supporter ça. Et ça m’inquiète…» – Tom
R. — Cher Tom, vous chérissez un rêve professionnel et semblez être prêt à donner votre 110% pour le concrétiser. C’est très bien, c’est magnifique. Vous semblez si sûr de votre projet que je ne peux que vous encourager à vous lancer. (C’est bien connu, il n’y a rien de pire que de vivre avec des regrets.)
Toutefois, un doute vous tarabuste… Votre vie privée, et en particulier votre vie de couple, risque-t-elle d’en payer le prix fort?
En France, le cabinet comptable en ligne L-Expert-Comptable.com s’est récemment associé à Flashs, une firme spécialisée dans le traitement et l’analyse de données, pour effectuer un sondage auprès de 1 200 entrepreneurs, tous secteurs confondus. L’objectif: voir si la vie d’entrepreneur pouvait être une belle vie. Par exemple, a-t-elle le moindre impact sur la santé mentale? Sur la santé physique? Ou encore, sur le niveau de stress, notamment le stress financier?
Or, l’un des points ainsi considérés concerne l’impact de la vie entrepreneuriale sur la vie sentimentale. Un point qui nous intéresse au plus haut point, n’est-ce pas?
Qu’en ressort-il? Voici les faits saillants, Tom:
– 27% des entrepreneurs interrogés ont dit que leur activité professionnelle a été à l’origine d’une séparation ou d’un divorce. Et plus du tiers d’entre eux révèlent que cela leur est même arrivé plusieurs fois.
– 17% des entrepreneurs indiquent qu’il ne leur est pas arrivé de rompre avec leur conjoint ou leur conjointe en raison de leur activité professionnelle, mais que «ça a failli se produire».
Autrement dit, la vie sentimentale de 44% des entrepreneurs a été mise à rude épreuve à cause de leur activité professionnelle. Et pour plus du quart des entrepreneurs, cela s’est carrément traduit par une rupture, voire plusieurs ruptures.
D’où l’intérêt, Tom, de prendre votre inquiétude au sérieux. Il convient de parler en profondeur de votre projet à votre conjointe et à vos proches, de discuter de l’extrême implication de votre part que cela nécessitera comme des impacts négatifs qui lui seront inévitablement associés (soirées estropiées, fins de semaine incertaines, déséquilibre dans le partage des tâches ménagères, etc.). L’idée sera d’évaluer si tout le monde est OK avec ça, et si oui, pendant combien de temps. Bien entendu, il conviendra d’en profiter pour identifier ensemble différents plans B: par exemple, qui s’occupera des enfants si, un soir, votre conjointe n’est pas disponible? Ou bien, quelles mesures pouvez-vous prendre d’avance afin d’être sûr et certain de prendre la semaine de congé à deux en Floride, tel que l’a planifié votre conjointe depuis six mois?
C’est que, sans surprise, la clé de la réussite réside dans la communication. Discuter à deux de l’avenir, cela peut permettre de trouver un certain équilibre entre la vie pro et la vie perso.
À ce sujet, une petite astuce. Il peut être bon, lorsqu’on est très accaparé par son travail, de planifier des temps de couple. Des temps qui, cela va de soi, seront toujours non négociables. Certains diront que cela risque de tuer l’amour, que les sentiments, ça ne se planifie pas. Mais on peut rétorquer qu’au contraire ces temps-là sont des temps qui peuvent permettre de «prioriser l’amour», comme le note dans un billet de blogue Geneviève Tremblay, la cofondatrice de l’agence Bonheur en vrac.
Voilà, Tom. Communiquez, communiquez et communiquez encore et toujours avec votre conjointe. C’est là une nécessité.
En passant, un dernier conseil. N’hésitez jamais à remercier. Ça a l’air de rien, mais un petit «merci» glissé au bon moment, un signe de gratitude pour le moindre sacrifice fait par votre conjointe pour la réussite de votre projet, c’est énorme pour la personne qui le reçoit. Et – qui sait? – cette petite habitude pourrait bien contribuer à faire la différence, à vous faire figurer parmi les 56% d’entrepreneurs dont la vie sentimentale n’est pas vraiment affectée par leur activité professionnelle.