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Voici comment De Grandpré Chait a ramené ses employés au bureau

Catherine Charron|Publié le 11 Décembre 2023

Voici comment De Grandpré Chait a ramené ses employés au bureau

«Aujourd’hui, pas grand monde hésite le matin à venir au bureau», dit Martin Raymond, associé directeur du cabinet d'avocats De Grandpré Chait.

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RHÉVEIL-MATIN. Martin Raymond, l’associé directeur du cabinet d’avocats De Grandpré Chait, n’est pas dupe. Il savait qu’en contraignant les 163 membres de son équipe à revenir au bureau, les chances étaient grandes que les frustrations que cela engendrerait nuiraient au climat de collaboration qu’il souhaitait instaurer.

Pour les rallier à sa cause, la direction a plutôt fait valoir ses arguments auprès de ses associés, afin que ceux-ci montrent l’exemple et créent un mouvement naturel vers le 800 boulevard René Lévesque Ouest à Montréal. Elle vient même d’ajouter 6905 pieds carrés supplémentaires afin de s’assurer que tous aient droit à leur propre bureau — fermé de surcroît pour les avocats.

 

Un bureau par employé

Pour faciliter ce retour, le cabinet notamment spécialisé en droit des affaires s’est vite rendu à l’évidence: son espace était maintenant trop petit pour que puisse y travailler simultanément l’équipe aujourd’hui composée de près de 80 avocats. En 2019, soit au moment de prendre possession des lieux, elle en comptait plutôt une cinquantaine.

L’organisation a compris que partager des bureaux et réserver en amont son espace freinaient le retour au centre-ville, ce qui nuisait au climat de collaboration convoité, raconte Martin Raymond au bout du fil.

Depuis le 30 octobre 2023 donc, De Grandpré Chait occupe tout le 25e étage. Elle n’en disposait jusqu’alors que de 60%. La fin des travaux est tombée à point, selon le dirigeant, puisqu’au cours de cette même semaine, le cabinet a recruté sept nouveaux avocats. Sans ses bureaux tout neufs, il aurait été difficile selon lui de les accueillir confortablement.

Certes, l’investissement de 2 millions de dollars est important au moment où nombre de cabinets comme le leur empruntent le chemin inverse, reconnaît-il. En 2022, certains associés ont même envisagé de réduire l’espace. Tous se sont finalement ralliés derrière le présentiel.

Le cabinet a plutôt fait le pari que la somme sera «à tout le moins compensée par une hausse de la productivité. En fin de compte, si ça ne se reflète pas dans nos revenus, au moins les gens auront plus de plaisir à travailler ensemble», dit le dirigeant.

 

Instaurer une culture du présentiel

Ayant toujours voulu revivre une effervescence au bureau digne d’une époque prépandémique, l’organisation s’est assuré d’embaucher des gens au cours des dernières années qui aspiraient aussi à un tel retour. Ainsi, De Grandpré Chait a laissé filer des candidats qui préféraient bosser depuis le confort de leur demeure.

«Les personnes qui se joignent à nous sont présentes de quatre à cinq jours par semaine, pendant un mois ou deux pour qu’ils s’installent, et que les gens qui les côtoient apprennent à les connaître», ajoute l’associé directeur.

Le cabinet cultive sa culture du présentiel en faisant régulièrement valoir ses arguments en faveur de l’espace partagé, parfois sans grande subtilité, reconnaît Martin Raymond.

Ce plaidoyer pour un retour au bureau fait pratiquement partie de son plan stratégique des cinq prochaines années adopté en 2023 pour faciliter la collaboration. «Au fil des discussions, on a compris que c’est ce que les gens voulaient [collaborer davantage], mais ils ne s’apercevaient pas que [le retour au bureau] était requis», souligne le patron.

De Grandpré Chait organise aussi des lunchs thématiques deux fois par mois pour rendre l’espace animé.

Avec la pandémie, les gens ont presque oublié à quel point venir au bureau pouvait être agréable, remarque-t-il. «À la longue, ceux qui trouvaient un peu moins évident de revenir font le constat que c’était la bonne décision.»

Son truc pour faciliter ce retour? Montrer l’exemple.

«En moyenne, dans mon secteur, les avocats sont là quatre jours par semaine, si ce n’est pas cinq. Les gens des autres équipes qui venaient un peu moins voyaient qu’on était là, qu’on avait du plaisir, et qu’en fin de compte, cette collaboration amenait une bonne productivité. Ça a incité plusieurs à faire de même.»

À noter que le télétravail n’a pas pour autant été relayé aux oubliettes: dans certaines circonstances, lorsqu’on a de jeunes enfants en grève ou encore à prodiguer des soins à une personne malade, travailler de la maison est permis.

La direction s’attend toutefois à ce que ses avocats soient au moins trois jours par semaine au bureau. Le personnel administratif, quant à lui, n’a qu’à s’y présenter deux jours par semaine.

Toutefois, «aujourd’hui, pas grand monde hésite le matin à venir au bureau. C’est exceptionnel les semaines où la plupart des gens ne sont pas là. […] Peut-être que chez certains, ce retour peut se faire naturellement, mais dans certains cas, il faut donner l’exemple, offrir des incitatifs, et il faut que ça colle avec nos façons de travailler», conclut-il.

Du moins pour eux, c’est ce savant mélange qui a fonctionné.

 

 

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