Voici comment les employeurs voient le retour au travail!
L'économie en version corsée|Publié le 19 mai 2020En faire un moment sécurisant, non pas angoissant... (Ph.: Wochintechchat/Unsplash)
CHRONIQUE. Un jour ou l’autre, il vous faudra retourner au bureau. Que ce soit de gaieté de coeur, ou pas. Que ce soit la peur au ventre – «Vais-je contracter la COVID-19 aujourd’hui-même?», «Vais-je contaminer mes proches au retour à la maison, ce soir?», etc. -, ou pas. Que ce soit contre votre gré, ou pas.
La question saute aux yeux : que va faire votre employeur pour que ce retour se déroule au mieux? Oui, concrètement, quels gestes va-t-il faire, quelles décisions va-t-il prendre, pour que ce soit là plus un moment de réjouissance que d’angoisse?
Aon, une firme spécialisée dans les services professionnels comme le conseil en ressources humaines, a noté que nombre d’entreprises canadiennes songeaient d’ores et déjà à ce moment déterminant. Mieux, que celles-ci étaient même en train de concocter leurs stratégies de retour au travail. Ce qui l’a amené à effectuer un sondage éclair auprès d’elles, l’idée étant d’avoir une petite idée de ce qui se prépare à ce sujet.
Ce qu’il en ressort devrait en surprendre plus d’un. Agréablement, je pense:
> La sécurité sanitaire avant tout
Toutes les entreprises interrogées ont affirmé que la sécurité sanitaire serait une priorité absolue, lors du retour au travail. Pour la plupart, le contrôle sera relativement léger : il s’agira de questionnaires quotidiens d’évaluation de la santé que chacun devra remplir à l’entrée des locaux, voire de simples déclarations sur l’honneur. D’autres, en revanche, iront un cran plus loin : certaines mettront en place des postes de contrôle de la température réalisé par du personnel formé; d’autres, carrément des caméras thermiques.
Le mot clé, à ce moment-là, sera : dépistage. Voilà pourquoi 41% des employeurs prévoient d’ores et déjà mettre en place un programme de tests pour leur personnel. Et pourquoi 52% envisagent très sérieusement le faire aussi, même si pour l’instant elles manquent d’informations pratiques pour savoir si elles pourront vraiment le faire, ou pas.
Comment seraient effectués ces tests? Un tiers de ceux qui pensent vraiment les faire passer à leurs employés disent qu’ils feront appel aux services d’un fournisseur de tests homologué, qui viendrait officier sur place. Et 25% d’entre eux demanderaient à leurs employés de se rendre à un endroit désigné pour y subir le test, puis de présenter un billet attestant de leur visite. Quant aux autres, ils ne savent pas encore au juste.
> La sécurité sanitaire pour tous
Un mot d’ordre au bureau, demain matin : protection. D’après les employeurs interrogés, désinfectant, gants, masques et autres écrans faciaux seront massivement mis à la disposition des employés. Mieux, 3 entreprises sur 5 (60%) prévoient fournir à chacun de leurs employés des équipements de protection individuels, tandis que 32% l’envisagent sérieusement.
La quasi-totalité des employeurs (92%) empêchera l’accès aux espaces communs. Et 97% sont susceptibles de reconfigurer l’aménagement des bureaux afin de rendre le milieu de travail plus sûr.
> Un travail organisé tout autrement
Lorsqu’il leur a été demandé en quoi l’avènement de la pandémie pourrait modifier leurs façons de travailler à l’avenir, 37% des employeurs ont déclaré qu’il ne leur serait sûrement plus possible de travailler comme auparavant. Qu’elles procéderaient à une restructuration durable de leur organisation comme de leur méthode de travail.
Autrement dit, près de 2 employeurs canadiens sur 5 entendent «révolutionner» l’organisation du travail. Ni plus ni moins.
Ce n’est pas tout. Nombre d’autres entreprises entendent adopter de nouvelles façons de travailler, sans pour autant tout «révolutionner»:
– 59% vont encourager leurs employés à travailler de chez eux «de manière quasi permanente»;
– 65% vont mettre en place un groupe de travail composé d’employés dont la mission consistera à dresser la liste des changements à apporter au travail pour améliorer l’épanouissement et l’efficacité de chacun lors de la période cruciale de la reprise des activités. Le service des RH – lorsqu’il y en a un – sera alors chargé de mettre rapidement en oeuvre les principales mesures ainsi identifiées.
«Les employeurs canadiens montrent une ferme intention de se tourner résolument vers l’avenir, dit Réjean Tremblay, chef de la direction commerciale, d’Aon Canada. Leur souci premier – même si le bilan humain et économique de la pandémie de COVID-19 continue de s’alourdir – est clairement de faciliter le retour au travail de leurs employés, et d’en profiter pour améliorer l’environnement de travail qui leur est offert.»
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Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l’actualité économique à la lumière des grands penseurs d’hier et d’aujourd’hui, quitte à renverser quelques idées reçues.
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