Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Voici le meilleur truc pour atteindre un objectif ambitieux!

Olivier Schmouker|Publié le 17 janvier 2019

Voici le meilleur truc pour atteindre un objectif ambitieux!

La clé du succès, c'est la persévérance. Mais comment y parvenir? [Photo:DR]

Depuis le lundi 14 janvier, quelque 650 employés de Radio-Canada tentent de relever un défi ambitieux : afficher une meilleure santé en l’espace de 30 jours. Voici comment ils s’y prennent :

– Chacun a téléchargé l’application Praktice Health et s’est intégré à l’une des quelque 150 équipes composées de collègues.

– Les équipes s’affrontent jour après jour pour gagner le plus de points possible, l’équipe gagnante étant celle qui en aura le plus au bout d’un mois.

– Comment gagne-t-on des points ? Grâce à cinq défis individuels quotidiens, soit :

– Boire 8 verres d’eau ;

– Prendre 2 repas sains (avec des fruits et des légumes) ;

– Faire 5000 pas ;

– Prendre 3 moments de respiration profonde (ce qui revient chaque fois à respirer calmement pendant deux minutes) ;

– Faire de l’exercice (20 minutes d’entraînement cardiovasculaire).

L’application enregistre elle-même le nombre de pas que fait son utilisateur dans la journée. Quant au reste, c’est le participant qui doit indiquer lui-même son résultat quotidien (par exemple, il doit prendre une photo de son assiette santé, où l’on voit clairement qu’il y a des légumes et des fruits). Bien entendu, on considère ici que personne ne sera assez bête pour tricher (ex.: prendre en photo l’image d’une recette de Ricardo).

Mon dernier livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement

L’app permet également de voir en direct où l’on figure dans les palmarès individuel et collectif. «Cela ajoute un peu de concurrence amicale. Et surtout, cela maximise le plaisir, la mobilisation et les résultats», est-il indiqué dans la notice explicative de Praktice Health.

Que donne l’opération pilotée par le PAE de Radio-Canada ? Un départ en trombe. L’engouement est là, et un grand nombre de participants engrangent des points à la vitesse de l’éclair.

Mais voilà, vont-ils tenir le rythme ? Et la distance ? Car un mois, c’est long… D’ailleurs, l’appplication prodigue un conseil pratique tous les jours, et le premier – comme par hasard – était de souligner que la clé du succès résidait dans la persévérance.

Eh bien, il se trouve qu’une étude vient tout juste de sortir à ce sujet. Intitulée Doing despite disliking : Self-regulatory strategies in everyday aversive activities, elle est signée par deux professeures en psychologie de l’Université de Zurich (Suisse), Marie Hennecke et Veronika Brandstätter, assitées de leur étudiant Thomas Czikmantori. Et elle met au jour rien de moins que le meilleur truc pour atteindre un objectif à la fois rébarbatif et ambitieux, comme celui d’engranger un maximum de points santé durant trente journées d’affilée !

Dans un premier temps, les trois chercheurs ont demandé à près de 800 personnes quelles stratégies elles utilisaient pour mener à bien des tâches de leur quotidien qui leur paraissaient barbantes, mais importantes. Cela allait d’aller au gym sur une base régulière à boucler un dossier commandé par le boss, en passant par répondre aux courriels de tout le monde.

Ils ont ainsi obtenu près de 2.000 stratégies différentes, lesquelles rentraient, après analyse, dans 19 stratégies types. Par exemple, certains réduisent les distractions autour d’eux pour se forcer à se concentrer sur la tâche en question («Je ne décroche pas le téléphone lorsqu’il sonne, une heure durant»). D’autres ajoutent une activité plaisante à celle qui est déplaisante («J’écoute de la musique quand je commence à ramer au travail»). D’autres encore se promettent une petite récompense, une fois la tâche terminée («Dès que j’ai fini, je vais me gâter en me prenant un chocolat chaud»).

Puis, les trois chercheurs ont noté qu’il était possible de faire figurer presque toutes les 19 stratégies types dans deux catégories :

– Modification de la situation. La personne change quelque chose par rapport à la tâche ou l’environnement dans lequel il se trouve afin de se motiver à la mener à bien : «Je me mets à courir moins vite sur le tapis roulant du gym pour que ça devienne moins pénible» et autres «Je me sers un café et j’attaque la tâche avec une toute nouvelle énergie».

– Modification de l’attention. La personne change son approche mentale de la mission à accomplir : «À certains moments difficiles, je me remémore pourquoi je dois mener à bien cette tâche, tout ce qu’elle va m’apporter de positif dans ma vie» et autre «J’établis toutes les étapes à franchir pour pouvoir atteindre mon but, et je me concentre sur chaque étape, l’une après l’autre, sans plus songer à l’objectif final».

Dans un second temps, les trois chercheurs ont demandé à plusieurs centaines de volontaires de bien vouloir se prêter à une expérience. Il s’agissait d’indiquer, parmi les 19, quelles stratégies ils utilisaient le plus dans leur quotidien ; puis, de remplir un questionnaire qui permettait d’évaluer leur capacité à se contrôler dans la vie. Enfin, ceux-ci ont été invités à passer à la pratique pendant une semaine entière, en se donnant un défi rébarbatif et ambitieux.

Résultats ? Tenez-vous bien :

– Quatre stratégies gagnantes. Une poignée de stratégies ont indubitablement mené au succès. Les voici par odre d’efficacité:

1. Penser régulièrement aux conséquences positives découlant de l’atteinte de l’objectif. À noter que cette stratégie s’est également révélée la plus populaire auprès des participants.

2. Suivre de près les progrès enregistrés à mesure qu’on s’approche du but visé.

3. Penser régulièrement que plus on avance, plus on s’approche de la ligne d’arrivée. À noter ici que cette stratégie a été la 2e plus populaire.

4. Réguler ses émotions (ex. : s’évertuer à rester de bonne humeur, même si les obstacles s’accumulent devant nous).

– Une stratégie perdante. Une stratégie a empêché tout succès, ou presque : se distraire de l’activité en question. Ainsi, ce n’est jamais une bonne idée de passer à autre chose en se disant qu’on pourra s’y remettre plus tard, quand on sera dans un meilleur état d’esprit ou dans de meilleures conditions pour s’y atteler. À noter que cette stratégie a été – curieusement – la 7e plus populaire…

– L’avantage du contrôle de soi. De manière générale, l’efficacité de la stratégie va croissante à mesure que la personne est douée pour garder le contrôle d’elle-même. Et inversement. Ce qui se vérifie surtout – je le souligne – concernant deux stratégies en particulier : la 1ère (Penser régulièrement aux conséquences positives découlant de l’atteinte de l’objectif) et la 4e (Réguler ses émotions).

Pourquoi ça ? Vraisemblablement parce que ceux qui savent garder le contrôle d’eux-mêmes sont à l’aise pour faire preuve de persévérance dans le déplaisir : ils mettent vraiment en pratique la stratégie qui est la leur, et ils s’y tiennent jusqu’à la toute fin. (Les trois chercheurs n’ont pu vérifier cette explication dans le cadre de leur étude, mais la considèrent a priori comme digne d’intérêt.)

Fascinant, n’est-ce pas ? Voici, pour ma part, ce que je retiens de tout ça :

> Qui entend atteindre un objectif aussi rébarbatif qu’ambitieux se doit de puiser le positif dans le négatif. Il lui faut adopter la meilleure stratégie qui soit : penser régulièrement aux conséquences positives découlant de l’atteinte de l’objectif. Oui, il doit garder en tête les gains qu’il va connaître dès lors qu’il franchira la ligne d’arrivée, les gains intrinsèques (ex. : «Je vais ainsi mieux maîtriser Excel», «Je vais ainsi cotôyer plus souvent des collègues que j’apprécie», etc.) et non pas les gains extrinsèques (ex. : «Je vais ainsi toucher une belle petite prime financière», «Je vais ainsi pouvoir postuler à une promotion», etc.) Au besoin, il pourra booster son effort à l’aide de stratégies complémentaires, comme suivre de près les étapes franchies le menant à l’objectif final, ou encore se dire souvent que plus il avance, plus il approche de la fin. Ce que ne manqueront sûrement pas de faire les participants au défi santé de Radio-Canada…

En passant, le coach et champion de tennis américain Ivan Lendl aime à dire : «L’important, c’est de transformer l’autocritique en quelque chose de positif».

Découvrez mes précédents billets

Mon groupe LinkedIn

Ma page Facebook

Mon compte Twitter

Et mon dernier livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement