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Vos employés sous-estiment les changements promis par l’IA

Catherine Charron|Mis à jour le 08 juillet 2024

Vos employés sous-estiment les changements promis par l’IA

«Il faut surfer sur cette vague de changement pour gagner en compétitivité, souligne Baya Benouniche, qui encourage les employeurs à investir dans la formation de leurs travailleurs. Tous les chiffres montrent que ça va passer par la technologie. C’est critique.» (Photo: 123RF)

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ressources humaines

RHÉVEIL-MATIN. Travailleurs et employeurs canadiens ne s’entendent pas sur le degré de perturbation que les changements technologiques devraient avoir sur la manière de générer de la valeur au cours des trois prochaines années, d’après des chiffres collectés par PWC Canada.

Si 50% des chefs d’entreprise au pays croient qu’ils devraient au moins «dans une grande mesure» transformer leurs méthodes, seuls 38% des employés sondés sont de cet avis. Au Québec, cette part glisse à 28%, indique Baya Benouniche, associée et leader du groupe Conseils pour le Québec de la société.

L’hypothèse la plus probable qui explique cet écart, selon d’autres rapports qu’elle a pu consulter, c’est que bien que les dirigeants anticipent ces changements, ils ne les ont tout simplement pas encore déployés.

«Typiquement, les employés les ressentent lorsqu’ils y sont confrontés, ne serait-ce qu’à cause des messages qui l’accompagnent», dit-elle.

Si les Québécois semblent moins aux aguets que la moyenne nationale, c’est en partie le fruit de l’échantillon de personnes interrogées davantage composé de travailleurs du secteur public, nuance l’associée. Les changements technologiques s’y font habituellement plus tard que dans le secteur privé.

Urgence d’agir

De tout temps, sur le terrain, la consultante observe que les travailleurs peinent à apprécier l’ampleur des changements technologiques que leur employeur souhaite apporter aux opérations de leur entreprise. En principe, cet écart ne l’étonne donc guère. «Si les outils comme Copilote n’ont pas encore été implantés en entreprise, les travailleurs peuvent lire les journaux, mais ça peut leur paraitre encore loin», dit-elle.

Elle tire néanmoins la sonnette d’alarme : les organisations ne semblent pas avoir ni clairement communiqué ni réellement commencé à déployer des outils technologiques qui ont recours à l’intelligence artificielle générative. Déjà, les Canadiens cumulent du retard à l’égard de la moyenne mondiale.

La moitié des travailleurs au pays disent n’avoir jamais utilisé d’outils d’intelligence artificielle générative au Canada, alors qu’en moyenne ce chiffre atteint plutôt de 37%.

«Il faut surfer sur cette vague de changement pour gagner en compétitivité, souligne Baya Benouniche, qui encourage les employeurs à investir dans la formation de leurs salariés. Tous les chiffres montrent que ça va passer par la technologie. C’est critique.»

Combler l’écart

Si une entreprise constate que ses employés ne saisissent pas l’ampleur des bouleversements qui attendent leur prestation de travail, elle se doit de les y préparer, et ça ne passe pas que par la communication et les mises en garde, prévient la consultante.

«C’est vraiment de commencer à implanter des outils d’intelligence générative pour faire des gains de temps, changer les façons de faire au quotidien pour rendre les employés plus efficaces lorsqu’ils exécutent des tâches opérationnelles.»

Baya Benouniche suggère de créer des «communautés de pratique» au sein des entreprises, afin que les membres du personnel puissent partager leurs bons coups et les leçons tirées des tests réalisés avec la machine. «Tout le monde est en train de découvrir des cas d’usages».

Ce doit bien entendu être fait de pair avec le partage d’un cadre d’utilisation éthique et sécuritaire, mais aussi d’être rassurant avec les travailleurs craintifs ou méfiants à l’égard de ces outils.

«On nous rapporte que certains employés n’osent plus échanger par les outils de clavardage, ne sachant pas comment leurs données seront utilisées. Certains ont peur de Big Brother», entend l’associée.

La tâche est importante, reconnait-elle, mais il y a urgence d’agir.