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Marjorick Foisy: assurer le succès soutenu du Centech

Simon Lord|Édition de la mi‑octobre 2024

Marjorick Foisy: assurer le succès soutenu du Centech

Marjorick Foisy, directrice général du Centech (Photo: courtoisie)

PROFIL D’INVESTISSEUR. Directrice générale du Centech depuis décembre, Marjorick Foisy fêtera bientôt sa première année à la barre de l’incubateur. Mais son travail ne fait que commencer, car l’année qui vient sera remplie de missions allant du déménagement de l’organisme à l’amélioration de sa collaboration avec d’autres acteurs de l’écosystème québécois des jeunes pousses.

Après avoir été nommée directrice générale par intérim du Centech en septembre 2023, suivant le départ de Richard Chénier, Marjorick Foisy avoue avoir hésité à accepter le poste sur une base permanente.

« J’avais été directrice générale adjointe, et comme beaucoup qui ont été le numéro deux pendant un moment, je jonglais avec un petit syndrome de l’imposteur », confie la femme de 47 ans. Ce n’est pourtant pas par manque d’appuis.

Après le départ de l’ancien directeur général, Marjorick Foisy dit avoir eu les équipes derrière elle. Certains employés ont, par exemple, écrit des lettres de soutien à son endroit au conseil d’administration, raconte-t-elle, ce qui l’a convaincue de soumettre sa candidature et de se battre contre une cinquantaine d’autres personnes pour combler le vide laissé par le départ de son prédécesseur.

« J’ai trouvé ça flatteur, j’y ai réfléchi, et j’ai réalisé que j’étais capable de faire tout ce qui aurait été attendu de moi dans le rôle de DG », dit-elle. Sa longue feuille de route l’avait bien préparée.

L’aventure américaine

Après un baccalauréat en commerce terminé en 1999, et une maîtrise en administration des affaires réalisée au cours des deux années suivantes, Marjorick Foisy part pour les États-Unis. C’est une envie d’aventure, de faire différent, qui l’attire là-bas.

« Jeune, j’ai fait six écoles primaires et deux écoles secondaires, dit-elle. Le changement, pour moi, c’est important. Indispensable, même. Ça me motive. »

Elle travaille d’abord sur la côte est américaine, à Boston, où elle décroche un poste de gestionnaire de compte à IDC, une firme de recherche et d’analyse de marché similaire à Gartner. Riche en apprentissage, cette expérience lui a enseigné la culture du travail américaine, avec son accent sur l’efficacité, la rapidité d’exécution et la communication directe et sans détour. Elle l’a également aidée à comprendre le marché américain de même que les fondements de la relation client.

Après une poignée d’années en poste, le désir de nouveauté refait surface. Elle annonce à ses patrons sa démission, déjà décidée à partir sur la côte ouest, mais ceux-ci tiennent à la garder et lui offrent un poste à San Diego.  « Je l’ai accepté, dit-elle. C’est une expérience que je voulais vivre. Ça a duré deux ans. »

Je reviendrai à Montréal

Le mode de vie américain aura toutefois eu raison de l’aventure de Marjorick Foisy aux États-Unis. Désireuse de retrouver un meilleur équilibre travail-famille, celle qui est aujourd’hui mère de trois enfants est ensuite revenue à Montréal.

Sans réel réseau de contacts dans la métropole, elle change complètement d’industrie, faisant le saut dans le secteur de la logistique. De 2008 à 2013, elle travaille notamment comme directrice de la logistique nationale et du service à la clientèle chez Ray-Mont Logistics avant de passer quatre ans à CHEP, une autre firme du secteur, entre 2013 et 2017.

Cette expérience lui a permis de mieux connaître le monde des PME, alors qu’elle avait jusque-là travaillé exclusivement dans de grandes entreprises. « Chez Ray-Mont, j’ai eu mon premier poste de gestion, dit-elle. Mon rôle consistait à mettre sur pied l’équipe de logistique. »

De trois employés, elle est passée à 25 durant son mandat, une expérience d’apprentissage incomparable : « J’ai appris à engager des gens, à les faire évoluer dans leur poste, à choisir les bons employés à qui donner des promotions. »

Le saut au Centech

Marjorick Foisy a rencontré son futur patron, Richard Chénier, alors directeur général du Centech, pendant qu’elle était à Montréal International. Celui-ci voyait son organisme croître rapidement et cherchait quelqu’un pour en gérer les opérations et structurer l’équipe. Elle a vite changé de navire.

De directrice des opérations au Centech, elle est passée aux postes de directrice des programmes et ensuite de directrice générale adjointe.

« Je me suis donc occupée de divers aspects de l’organisation, des finances à l’événementiel », dit-elle. C’est en septembre 2023 qu’elle est finalement devenue directrice générale par intérim, et en décembre, directrice générale.

Aujourd’hui, ce ne sont pas les défis qui manquent. D’abord, le Centech doit déménager au cours de l’année dans l’Ax-C, un campus d’innovation situé dans la tour de l’ancienne Bourse de Montréal.

« On part [de l’ancien] Planétarium, un endroit plus petit, alors mon défi sera de m’assurer que l’on ne se perd pas dans ce nouvel espace, que l’on partagera avec d’autres joueurs de l’écosystème, dit-elle. Il faut que les entrepreneurs demeurent les stars du show. »

Son deuxième plus important défi, au cours de l’année, sera de maintenir le Centech au sommet des incubateurs de la province, une mission qui n’est pas mince, reconnaît la directrice générale.

« On doit continuer d’améliorer nos programmes, dit-elle. L’an dernier, UBI Global nous a classés parmi les dix incubateurs d’entreprises universitaires les plus performants du monde », raconte-t-elle.

Pour accomplir ces défis, Marjorick Foisy compte s’appuyer sur ses aptitudes à bien gérer ses équipes : « Elles sont notre pilier, tout vient d’elles. C’est donc là que je mettrai mes efforts. »

Penser à son legs

Au cours de son passage à la tête du Centech, Marjorick Foisy aimerait réaliser deux choses importantes.

Premièrement, elle veut soutenir les femmes en entrepreneuriat technologique. Pour y arriver, elle a par exemple mis sur pied le Cercle des fondatrices, qui propose un mentorat aux femmes entrepreneuses, par des femmes entrepreneuses.

Deuxièmement, elle veut aider l’écosystème à devenir plus collaboratif et moins compétitif, pour offrir un soutien plus simple et plus solide aux entrepreneurs du Québec.

Les défis du capital de risque

Le capital de risque a connu de bonnes années durant la pandémie, ce qui a facilité la vie aux entrepreneurs. Depuis l’an dernier, cependant, le financement est plus difficile à obtenir. Les bonnes entreprises vont continuer de trouver le soutien nécessaire, note Marjorick Foisy, mais cela pourrait prendre plus de temps.

« Les entrepreneurs devront être plus solides, mais c’est ce qu’on leur apprend au Centech », dit la directrice générale. Peu d’inquiétudes à cet égard-là, donc, même si les jeunes pousses se développeront plus lentement.

« On sait qu’il y a moins d’intérêt pour l’entrepreneuriat, dit-elle. Moins d’argent signifie moins d’histoires à succès, ce qui attire moins d’entrepreneurs potentiels. Le fort marché de l’emploi contribue aussi au phénomène. »

Cela dit, le Centech continue d’accompagner un grand nombre d’entreprises — en moyenne 120 par année —, en partie grâce à sa bonne réputation. Une chose est sûre, Marjorick Foisy reste confiante.

« Je demeure humble face aux entrepreneurs, dit-elle. Comme DG du Centech, je veux les aider à créer les entreprises de demain. J’ai trois filles, et je n’aimerais rien de plus qu’elles aient des sociétés exceptionnelles où travailler, et dont elles pourront être fières. »