L'or «tokenisé» est plus divisible et fongible que l'or physique, ce qui permet de réduire certaines barrières. (Photo: 123RF)
LES CLÉS DE LA CRYPTO. Le bitcoin et les technologies qu’il a popularisées révèlent de nouvelles possibilités «auparavant inaccessibles», non seulement pour les métaux précieux comme l’or, «mais aussi pour la monnaie en général».
Des premières pièces d’or de l’antique royaume de Lydie aux cryptomonnaies adossées au précieux métal jaune. Voilà l’évolution logique de l’histoire financière décrite par RWA.xyz, la plateforme de données analytiques sur les «actifs du monde réel tokenisés» (RWA pour real-world assets). Dans son plus récent rapport justement intitulé «Tokeniser les métaux précieux», le fournisseur de métriques développe un plaidoyer en faveur des «bénéfices uniques de la technologie blockchain».
«D’un point de vue technique, un grand registre unique, distribué, transparent et programmable permet une meilleure transmission des données par rapport aux systèmes traditionnels, qui ont tendance à être cloisonnés, analogiques et dépendants d’intermédiaires», stipule le document commandité par l’émetteur de produits négociés en bourse WisdomTree.
Dans la pratique, les chaînes de blocs offriraient trois principaux avantages: une plus grande accessibilité, des coûts d’investissement plus faibles et des délais de transaction plus rapides.
Un marché de l’or 3.0?
Par rapport à leurs versions physiques, les métaux précieux «tokenisés» facilitent les conditions de livraison et de conservation. Comme d’autres formes de monnaie représentative, l’or «tokenisé» est plus divisible et fongible que l’or physique, ce qui permet de réduire les barrières commerciales et les seuils d’investissement, soutient à ce propos RWA.xyz.
Cela améliore l’accessibilité de l’actif et des produits financiers qui y sont liés: par rapport aux contrats financiers adossés à l’or, l’exposition à l’or «tokenisé» peut potentiellement ne pas dépendre d’intermédiaires ou d’un marché centralisé. Ce qui élargit la base d’utilisateurs susceptibles d’y investir.
«Même si les investisseurs ont accès aux marchés liés à l’or, ils sont limités par les conventions des systèmes financiers traditionnels, en particulier les heures de négociation limitées. En revanche, l’or «tokenisé» peut être échangé sans permission sur les plateformes crypto (décentralisées ou centralisées) 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an», soulignent les rapporteurs, insistant sur cette capacité d’échange continu.
Un placement plus rentable?
En plus d’être plus accessible, investir dans l’or «tokenisé» s’avèrerait plus rentable que les méthodes traditionnelles d’acquisition d’or physique. Se faire livrer des lingots, par exemple, implique souvent des coûts élevés, notamment une commission de la part des négociants privés à ajouter au prix au comptant et des frais de stockage (qui peuvent aller de quelques centaines à quelques milliers de dollars pour un coffre-fort à domicile). Quant aux investisseurs qui stockent leur or physique auprès d’un dépositaire, ils encourent des frais d’approvisionnement et des frais de conservation annuels.
Investir dans des contrats financiers sur l’or physique peut également être un moyen rentable de s’exposer aux métaux précieux. Mais ces positions impliquent des frais de courtage, des frais de gestion en cas d’investissement dans un FNB et des frais de marge, en cas de conclusion d’un contrat dérivé tel que les contrats à terme.
À contrario, les produits «tokenisés» adossés à l’or sont généralement moins chers. Les transactions sont réglées sur la chaîne de blocs, ce qui permet des délais de règlement quasi instantanés et, potentiellement, avec presque n’importe quelle forme d’actif numérique.
Une niche dorée, vraiment?
Tout ceci étant dit, à l’heure actuelle, le segment des métaux précieux «tokenisés» constitue une toute petite niche. Avec une capitalisation de marché de 839 millions de dollars en juillet, cela représente à peine 0,014% du marché de l’or, qui pèse quelque 6000 milliards de dollars.
Même employé sous forme de jetons numériques, les métaux précieux exigent des efforts considérables en ce qui concerne la gestion opérationnelle et la conservation de l’actif sous-jacent. Car oui, pour s’assurer que les tokens reflètent fidèlement l’actif dit « du monde réel », les émetteurs doivent acquérir le sous-jacent physique.
«Ces exigences opérationnelles et de garde peuvent être gourmandes en capital, entraîner des frais élevés et nécessiter beaucoup de temps pour être exécutées correctement», reconnaît-on chez RWA.xyz.
Sans oublier que, à l’instar de nombreux autres produits «tokenisés», la réglementation relative aux métaux précieux n’en est qu’à ses balbutiements. Il n’est pas encore clair comment les métaux précieux «tokenisés», et plus largement les matières premières «tokenisées», seront traités.
Les investisseurs précautionneux s’accorderont à dire que ces métaux «blockchainisés» ne constituent pas un bon filon. Les profils plus audacieux s’y exposeront volontiers, en misant sur la stratégie avantageant les premiers investis, au cas où le marché venait à s’envoler.
Mais comme dans toute ruée vers l’or, même numérique, les vendeurs de pioches en tireront le plus de profits.