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Jean Sasseville

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Expert(e) invité(e)

5 mesures pour vous protéger des inondations

Jean Sasseville|Mis à jour à 10h24

5 mesures pour vous protéger des inondations

(Photo by Spencer Platt/Getty Images)

EXPERT INVITÉ. Les gouvernements et les assureurs se doivent d’adopter une approche proactive en matière de résilience face aux inondations, peu importe l’endroit. Pour ce qui est des zones inondables, de nouvelles cartes seront mises en place. Le nombre de logements inclus passera de 22 000 à 77 000. 

«On ne peut plus simplement nettoyer et refaire à l’identique, et ce, en attendant le prochain sinistre. On doit adapter nos résidences à la recrudescence des aléas climatiques. Ce n’est plus une option, c’est une responsabilité collective», revendique Maxime Rodrigue, PDG de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).

Lorsqu’il y a un sinistre, l’APCHQ propose les mesures suivantes :

  1. L’utilisation obligatoire de matériaux résistants à l’eau dans les sous-sols et les garages (matériaux de revêtement en fibrociment ou PVC, des revêtements de sol en carrelage, vinyle ou époxy, des isolants en polystyrène, polyuréthane, polyisocyanurate ou la fibre de roche) ;
  2. L’installation de pompes de puisard à batterie de secours ou une évacuation d’urgence des pompes de puisard reliée directement à l’extérieur et non au réseau municipal ;
  3. La surélévation des prises électriques et l’adaptation des équipements électriques et mécaniques ;
  4. La mise en place de barrières anti-inondation amovibles pour les portes et fenêtres des sous-sols ;
  5. L’aménagement paysager adapté autour des résidences pour favoriser l’écoulement de l’eau loin des fondations.

Pour l’APCHQ, en intégrant ces mesures d’adaptation aux programmes d’aide, il est possible de réduire considérablement les dommages lors des prochains épisodes d’inondation.

L’investissement initial dans ces mesures préventives sera largement compensé par les économies réalisées sur les coûts de réparation évités.

Ces mesures préventives n’ont pas qu’un impact monétaire, mais aussi humain.

Nouvelles zones inondables

Actuellement, on distingue deux principales zones inondables, soit la zone 0-20 an (avec 5% de risque annuellement qu’elle soit, inondée) et la zone 20-100 ans (la probabilité est de 1%).

De nouvelles cartes prendront en compte à la fois la fréquence des inondations, leur intensité en fonction de la profondeur d’eau atteinte, la présence d’embâcles, ainsi que les impacts des changements climatiques.

Il y aura quatre catégories de risques : faible, modéré, élevé et très élevé. Par exemple, une résidence qui a plus de 70% de probabilité de subir une inondation dans les 25 prochaines années, pour un niveau d’eau atteignant 60 cm ou plus, sera dans une zone à risque très élevée.

Dans une zone où le risque est très élevé, il ne sera pas possible de reconstruire un bâtiment endommagé de façon importante et les possibilités d’agrandissement seront très restreintes.

Pour toutes les zones inondables, il ne sera pas possible de construire de bâtiment dans un nouveau secteur. Dans les quartiers existants avec des terrains vacants, sauf pour une zone dont le risque est très élevé, on pourra construire un nouveau bâtiment sous certaines conditions.

Les citoyens et les municipalités sont invités à des consultations en septembre.

Digue

Si une résidence se trouve de 10 à 100 mètres d’une digue, ou d’un mur anti-crue de béton, son risque pourrait passer d’élevé à faible avec la remise d’un argumentaire technique, pour tenir compte de l’effet potentiellement destructeur d’une rupture.

La digue de la ville de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, dans les Laurentides, a cédé au printemps 2019. La crue avait causé des dommages considérables et nécessité l’évacuation d’urgence de milliers de personnes.

Le gouvernement exigera que les municipalités réalisent une étude de caractérisation et en diffusent le résumé. Les municipalités devront intégrer des mesures de prévention à leur plan de sécurité civile. La nouvelle réglementation prévoit également des normes sur leur surveillance et entretien.

Impacts

Plus le risque d’inondation est élevé, plus le risque de perte de valeur de la propriété est présent. 

Qui voudra acheter une propriété qu’aucun assureur ne veut couvrir?

Il se peut aussi que des banques refusent d’offrir une hypothèque pour les zones les plus risquées.

Il est difficile d’évaluer les baisses de valeur de certaines propriétés pour l’instant.

Il y aura des perdants, mais collectivement ces nouvelles cartes sont un pas vers l’avant. Malgré tout l’attrait qu’il y a de vivre près d’un cours d’eau, il faut décourager des constructions dans les zones plus à risque et rendre les bâtiments plus résilients.

Face à l’intensification prévue des aléas climatiques dans les années à venir, l’aide aux sinistrés, qu’elle provienne du gouvernement ou des assureurs privés, est une opportunité d’augmenter notre résilience face aux changements climatiques.