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John Plassard

Préparé pour le futur

John Plassard

Expert(e) invité(e)

À quoi s’attendre de la prochaine décennie du S&P 500

John Plassard|Publié le 04 novembre 2024

À quoi s’attendre de la prochaine décennie du S&P 500

(Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. En tant qu’investisseurs, vous vous êtes certainement posé cette question à de multiples reprises : quelle est la performance que je souhaite pour mon portefeuille ces 10 prochaines années? Si la première réponse est bien évidemment «le maximum», la réalité est souvent différente du souhait. Synthèse et analyse d’une thématique cruciale. 

Les faits 

Goldman Sachs a jeté un pavé dans la marre au début du mois d’octobre 2024 : le S&P 500 devrait connaître des rendements annuels de seulement 3% au cours de la prochaine décennie, bien en deçà de la moyenne historique et loin de la moyenne de 13% de la dernière décennie. Ces prévisions modestes s’expliquent par la concentration du marché sur quelques grandes capitalisations technologiques, principalement portées par l’enthousiasme pour l’intelligence artificielle.

Cette focalisation intense sur les valeurs liées à l’IA, comme Nvidia, a porté la concentration du S&P 500 à des niveaux inégalés depuis plus d’un siècle, créant un scénario dans lequel tout ralentissement potentiel de la croissance pourrait conduire à une volatilité accrue. 

Les projections de Goldman indiquent qu’il est très probable — 72% — que les obligations, en particulier les actifs à faible risque comme les bons du Trésor à 10 ans dont le rendement est d’environ 4%, surclasseront le S&P 500 au cours des 10 prochaines années, avec une probabilité de 33% que l’indice ne dépasse même pas l’inflation, ne produisant potentiellement qu’un rendement réel de 1%. 

Le rapport souligne que la croissance concentrée induite par l’IA est précaire, avec des phases potentielles d’«hypercroissance» alternant avec des périodes de normalisation, ce qui rend difficile l’obtention de rendements soutenus au niveau de valorisation actuels. 

L’analyse de Goldman suggère de se diversifier au-delà du S&P 500, dominé par les mégacapitalisations technologiques, éventuellement par le biais d’un ETF S&P 500 à pondération égale, qui est historiquement plus performant après les pics de marché concentrés. 

Par exemple, après les phases de concentration du marché qui ont suivi le marché baissier de 1973 et la bulle Internet, le S&P 500 à pondération égale a surpassé l’indice traditionnel, offrant des rendements plus robustes. 

Goldman Sachs suggère en outre aux investisseurs d’envisager d’équilibrer les actions et les obligations pour une approche plus diversifiée, en particulier dans le contexte des changements macroéconomiques actuels.

Alors que les actions sont bénéfiques dans les environnements de croissance et d’inflation, les obligations peuvent apporter de la stabilité dans les périodes de croissance plus lente, et les investisseurs sont encouragés à ajuster leur portefeuille de manière stratégique.

Cela peut signifier qu’il faut se concentrer sur les actions ayant des flux de trésorerie importants lorsque la croissance économique est forte, mais sujette à l’inflation, tout en favorisant les obligations si la croissance ralentit et que l’inflation s’atténue. 

En outre, des obligations comme les bons du Trésor à 10 ans avec un rendement de 4%, les obligations de bonne qualité à 4,8% et les obligations à haut rendement à 7% pourraient créer un portefeuille plus équilibré et ajusté au risque, adapté à la résilience à long terme dans des scénarios économiques variables.

Que nous raconte l’histoire? 

Après les prédictions de Goldman Sachs, se pose maintenant la question de savoir ce que nous raconte l’histoire. 

En analysant les rendements glissants sur 10 ans de l’indice S&P 500 depuis 1926 on constate qu’il est rare de voir des rendements aussi faibles sur une période de 10 ans, mais cela peut arriver. Environ 9% des rendements annuels glissants sur 10 ans depuis près de 100 ans ont été inférieurs ou égaux à 3%. 

En fait cela s’est déroulé à 3 reprises : dans les années 30, 70 et 2008 selon les calculs de Ritholtz.

Il convient de noter qu’il existe certaines similitudes dans les trois cas où cela s’est produit par le passé. Ces rendements inférieurs à la moyenne se sont tous produits pendant ou autour de certaines des pires périodes économiques des quelque 100 dernières années : la Grande Dépression des années 1930, la stagflation des années 1970 et la grande crise financière.

Maintenant, on peut regarder le prisme d’une manière en analysant les périodes où les obligations ont eu de meilleurs rendements que les actions. 

Selon les calculs de Ritholtz toujours, on constate que les actions ont «battu» (eut une meilleure performance) les obligations sur 10 ans dans 83% des cas, ce qui signifie que les obligations ont battu les actions dans 17% des cas. 

En fait, plus l’horizon temporel est éloigné, plus il est probable que les actions battent les obligations.

Que fait-on concrètement alors? 

Votre meilleure défense contre les mauvais rendements d’une classe d’actifs est la diversification. Le S&P 500 a été très performant pendant une décennie et demie, mais n’a rien donné pendant la décennie perdue qui a précédé la hausse actuelle. 

Cependant, il est crucial de se rappeler que cette performance exceptionnelle des valeurs de croissance ne peut pas être éternellement maintenue. 

Le S&P 500 n’est pas infaillible, et d’autres segments du marché — petites capitalisations, actions étrangères, valeurs de dividendes et de qualité, ainsi que les marchés émergents — peuvent rééquilibrer le portefeuille en offrant un potentiel de rendement plus stable. 

À terme, les obligations aussi joueront leur rôle, surtout dans un contexte de rendements plus élevés, et représenteront une ancre face à la volatilité des actions. 

La diversification (oui, nous nous répétons!) permet d’atténuer les risques et de capturer des rendements dans des conditions de marché plus imprévisibles, un principe qui se manifeste chaque fois qu’un cycle de marché touche à sa fin et que les leaders actuels, comme les grandes valeurs de croissance, finissent par perdre de leur élan. 

Pour se prémunir contre l’incertitude, construire un portefeuille équilibré qui ne dépend pas uniquement des vedettes actuelles du marché (entendre les 7 Magnifiques) reste une stratégie qui a fait ses preuves et fera ses preuves…

Synthèse 

Avec des prévisions de Goldman Sachs projetant des rendements annuels de seulement 3% pour le S&P 500 au cours des dix prochaines années, les perspectives pour les investisseurs sont désormais marquées par une prudence accrue. Cette faible projection s’explique par la surconcentration du marché sur quelques géants technologiques liés à l’IA, créant ainsi une vulnérabilité à toute correction de leur croissance exceptionnelle. 

Historiquement, les périodes de rendement faible du S&P 500, comme dans les années 30, 70, et 2008, coïncident avec des crises économiques majeures, soulignant l’importance de diversifier les portefeuilles pour atténuer les risques. Dans ce contexte, un rééquilibrage vers des segments sous-exploités, comme les actions à faible capitalisation et les obligations, peut offrir une résilience accrue en stabilisant le portefeuille dans les environnements de marché plus volatil. Construire un portefeuille équilibré, intégré à des actions et obligations de qualité, et moins dépendant des géants de la tech, s’avère ainsi crucial pour une gestion saine des risques à long terme.