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John Parisella

La diplomatie en action

John Parisella

Expert(e) invité(e)

Bâtir sur ce qui nous unit

John Parisella|Publié le 01 novembre 2024

Bâtir sur ce qui nous unit

John F. Kennedy s'entretient avec le premier ministre canadien John Diefenbaker en mai 1961 (Photo: Getty Images / Bettmann)

EXPERT INVITÉ. À quelques jours du 5 novembre 2024, aucun sondeur réputé n’ose prédire avec certitude quel candidat remportera l’élection présidentielle américaine.

Non seulement l’incertitude plane autour de la personne qui occupera la Maison-Blanche, mais aussi relativement au Congrès, à savoir laquelle des deux grandes formations politiques contrôlera le Sénat et la Chambre des représentants.

Il est clair que plusieurs défis attendent le Canada en matière économique avec la révision prévue de l’entente de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique en 2026, et avec de la stabilité de notre relation avec notre voisin du Sud.

En mai 1961, John F. Kennedy, qui était à l’époque le président nouvellement élu, avait visité le parlement canadien. Il avait alors décrit la relation entre les États-Unis et le Canada de la manière suivante: «La géographie a fait de nous des voisins, l’histoire a fait de nous des amis, l’économie a fait de nous des partenaires, et la nécessité a fait de nous des alliés… Ce qui nous unit est de loin supérieur à ce qui nous divise».

Malgré quelques tensions entre certains présidents et premiers ministres depuis cette déclaration de JFK, on constate que cette description reste pertinente et réaliste aujourd’hui. On peut ajouter que sur le plan de la gouvernance, nous sommes aussi deux états profondément démocratiques qui fonctionnent avec un système fédéral.

Cela étant, il reste que les défis qui nous attendent vont mettre ce constat plus en évidence et peut-être le remettre en question.

Le Canada et son rayonnement

Certains observateurs de la scène internationale affirment que l’influence du Canada à l’international est diminuée depuis le début du 21e siècle. Le déclin de la mondialisation et la révolution des canaux de l’information semblent parfois laisser l’impression que le Canada ne jouit plus de son rayonnement d’antan.

À la veille de l’arrivée d’un nouveau gouvernement aux États-Unis, au lendemain de l’arrivée d’une nouvelle présidente au Mexique, et considérant la proximité du prochain rendez-vous électoral fédéral au Canada, il est important de faire un constat juste de notre rôle et de l’importance de notre relation avec la plus puissante démocratie et économie sur la planète.

En plus d’être un joueur historique d’importance sur le plan des organisations de sécurité, la poursuite de la démocratie et le progrès économique, le Canada est présent auprès de nouveaux organismes à l’international depuis. 

Nous faisons partie du G7, à la demande des États-Unis, et le Canada fut l’instigateur du G20, établi à la fin du 20e siècle. Le Canada a aussi négocié des traités de libre-échange avec les États-Unis en 1987 et en 1993, avec l’Union européenne et avec la région transpacifique. Dans les deux derniers cas, nos voisins américains n’en font pas partie!

Trump ou Harris

Cette élection américaine représente un rendez-vous avec le changement le plus polarisant et direct dans l’histoire récente entre nos deux pays.

Certains diront que c’est une répétition de l’élection de 2020 entre Donald Trump et Joe Biden, mais celle-ci sera plus déterminante. Certes, il y a des similarités avec 2020, mais la pandémie sévissait toujours et les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient n’étaient pas encore commencées.

L’approche de Donald Trump reste toujours axée sur sa doctrine «l’Amérique d’abord», sur la remise en question de la démocratie américaine, sur l’imposition et l’augmentation de tarifs sur toutes les importations aux États-Unis et sur la mise en cause d’organisations multilatérales avec les alliés traditionnels de l’Amérique. Trump reste aussi un personnage au style polarisant et imprévisible.

L’approche de Kamala Harris demeure une approche d’engagement sur le plan international, sur la lutte contre les changements climatiques, sur la stabilité de la démocratie américaine telle que conçue, et une sur l’avancement d’une économie axée sur la réduction de l’écart entre les riches et les moins nantis. Sa relation envers les alliés des États-Unis est davantage axée sur le dialogue. 

Dans ce contexte, la possibilité que le gouvernement américain soit divisé entre le parti qui remportera la Maison-Blanche et celui ou ceux qui dirigeront les chambres du Congrès va certainement ajouter à la complexité de notre relation à venir.

Plus que jamais, la citation de JFK concernant le Canada et les États-Unis sera mise à l’épreuve.

En étant notre plus proche allié et de notre plus grand partenaire économique, le Canada doit rester concentré sur ce qui nous unit avec notre voisin américain.

Dans ce contexte, on peut aussi certainement prévoir que la relation avec les États-Unis fera partie de nos défis politiques lors de la prochaine élection fédérale canadienne.