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Le bitcoin est un actif sans pareil, louange BlackRock

François Remy|Publié le 23 septembre 2024

Le bitcoin est un actif sans pareil, louange BlackRock

BlackRock déploie un prêche élogieux visant les indécis, celles et ceux qui envisageraient d'investir dans le bitcoin. (Photo: Getty Images)

LES CLÉS DE LA CRYPTO. C’est l’histoire d’un document de quelques pages intitulé « Bitcoin: un diversificateur unique ».  Ou quand la cryptomonnaie la plus célèbre au monde reçoit les éloges du plus grand gestionnaire d’actifs de la planète.

Une campagne marketing extraordinaire. Le récent rapport sur le bitcoin adressé par BlackRock à ses clients laisse peu de marge à l’appréciation. Ce livre blanc cosigné à six mains par des responsables du géant financier dépeint le BTC comme un actif «tout à fait unique».

En substance, BlackRock déploie un prêche élogieux visant les indécis, celles et ceux qui envisageraient d’investir dans le bitcoin, mais se demandent comment l’analyser par rapport aux actifs financiers traditionnels, «compte tenu des propriétés uniques du bitcoin et de son historique limité».

Le document ne peut évidemment pas dire que le BTC ne constitue pas un actif risqué en soi, vu sa forte volatilité. Cependant, la plupart des facteurs de risque et de rendement potentiel auxquels le bitcoin est confronté sont fondamentalement différents des actifs risqués classiques. «Ce qui le rend inadapté à la plupart des approches financières traditionnelles, y compris le risk on vs risk off utilisé par certains commentateurs macroéconomiques», relativisent les auteurs.

La nature du bitcoin en tant qu’actif «mondial rare, non souverain et décentralisé» a conduit certains investisseurs à le considérer comme une option de « fuite vers la sécurité » en période de turbulences.

«À long terme, la trajectoire d’adoption du bitcoin sera probablement déterminée par l’intensité des inquiétudes concernant la stabilité monétaire mondiale, la stabilité géopolitique, la viabilité budgétaire et la stabilité politique des États-Unis. Il s’agit de l’inverse de la relation généralement attribuée aux actifs à risque traditionnel», insistent-ils.

Ce plaidoyer aussi documenté que dithyrambique sort la même année où BlackRock a lancé FNB Bitcoin. Cet hasard de calendrier soulève naturellement des questions sur les possibles biais d’intérêt. En énumérant à grand renfort de superlatifs les qualités de la cryptomonnaie, sorte de solution magique de diversification et de protection contre l’inflation, le gestionnaire d’actifs semble chercher à justifier son entrée sur le marché crypto et muscler encore la crédibilité de son nouvel instrument financier. Tout en promouvant indirectement sa commercialisation.

Pour celles et ceux en quête de contre-argumentaire, BlackRock a diffusé un autre document un mois plus tôt. Nettement moins glamour et vendeur que l’histoire de l’unique diversificateur puisqu’il s’agit du prospectus boursier.

Bien plus fourni que l’attirant livre blanc, le document réglementaire développe sur de nombreuses pages les risques potentiels associés à l’investissement dans le Bitcoin, un actif numérique certes majeur, contre lesquels le FNB de BlackRock n’immunise pas.

Le prospectus comporte forcément des annonces catastrophistes, principe de précaution financière oblige, à l’instar de fluctuations de cours qui pourraient effacer complètement la valeur des actions liées au BTC.

BlackRock doit y rappeler les conséquences des séismes dans l’industrie, à l’instar des faillites de grandes entreprises comme Celsius Network, FTX et BlockFi qui avaient, au moins temporairement, érodé la confiance dans l’ensemble de l’écosystème des actifs numériques. Et contribuer négativement à la liquidité (ce qui pourrait entraîner une nouvelle volatilité des prix).

Ajoutons à cela le contrôle réglementaire accru de la part d’organismes gouvernementaux comme la SEC et la CFTC, qui alimentent l’incertitude quant à l’avenir du (FNB) Bitcoin et des autres cryptoactifs.

Sans oublier les préoccupations environnementales susceptibles de déboucher sur des restrictions de décideurs politiques ou régulateurs, l’acceptation limitée du bitcoin comme moyen de paiement généralisé, entravant son potentiel de croissance, et tous les risques imprévus et imprévisibles…

Mais, comme l’a dit un jour le gourou de l’investissement Warren Buffett, «le marché boursier est un outil permettant de transférer l’argent des impatients aux patients». Cette sagesse a eu tendance à s’appliquer au marché du bitcoin au long de sa récente histoire. Alors, patience?