C’en est fait de notre société de consommation!
Jacques Nantel et Isabelle Thibeault|Mis à jour le 20 septembre 2024«Que ce soient les limites qu’imposent les changements climatiques ou celles liées à notre surendettement, notre mode de vie va commencer à changer.» (Photo: Adobe Stock)
EXPERT ET EXPERTE INVITÉS. Vous avez peut-être sursauté à la lecture du titre de cette première chronique. D’autant que nous vous la proposons dans le prestigieux journal Les Affaires! Rassurez-vous, nous n’allons pas tenter de vous convertir au dogme de la décroissance tous azimuts. Nous n’y croyons pas. En fait nous allons vous parler du sentiment qui, sans doute, vous assaille. Celui que quelque chose ne fonctionne plus dans notre économie qui carbure à la consommation. Une réalité qui, si elle n’est pas déjà au centre de vos préoccupations, le sera bientôt.
Au cours des prochains mois, nous allons vous démontrer comment notre économie se métamorphose. Non pas par choix, mais par obligation. Ces changements sont commencés et c’est ce que vous sentez trembler sous vos pieds. Nous allons vous montrer, chiffres à l’appui, que de tels bouleversements, s’ils sont anticipés, compris et assumés pourraient nous permettre de vivre confortablement et moins contraints, malgré tout. Nous reviendrons sur ce malgré tout, il inclut beaucoup de choses. Nous allons aussi vous démontrer qu’en plus d’être inévitables, ces modifications économiques toucheront toutes les réalités économiques, qu’elles soient structurelles, systémiques ou personnelles. Ne pas voir et analyser le mouvement de ces plaques tectoniques nous mènerait à la catastrophe tout autant sociale qu’économique. Nous sommes à l’aube de changements de paradigmes importants. Ils peuvent offrir autant d’occasions favorables.
Bref, notre ambition, au cours des prochaines chroniques, sera de vous démontrer les propos de notre réflexion. Ce que nous allons vous partager est basé sur 3 ans d’un travail minutieux. Une conversation basée sur notre essai publié aux éditions Somme Toute et intitulé, comme il se doit: C’en est fait de notre société de consommation.
Mais, attendez ! Nous ne nous sommes pas encore présentés.
Je suis Isabelle Thibeault formée en anthropologie de la consommation, spécialiste en finances personnelles et en insolvabilité, j’accompagne tous types de consommateurs, riches comme moins riches, tentant de reprendre, tant bien que mal, le contrôle de leurs finances personnelles. Des naufragés de la société de consommation, j’en ai rencontré et j’en rencontre de plus en plus. J’ai 25 ans de métier partager avec vous.
Si ma formation et mon expérience semblent éloignées de l’économie telle que souvent décrite, il en va autrement dans la réalité. Cet amalgame de compétences me permet une analyse de notre rapport à l’argent et de la posture des consommateurs dans cette société de consommation omniprésente qui a peu de sens à offrir, sinon la proposition d’une course à vide.
Je suis Jacques Nantel, membre de l’ordre du Canada et professeur émérite de marketing à HEC Montréal, une institution où j’ai enseigné près de 40 ans. Je siège au sein de nombreux conseils d’administration. Notre société de consommation je la connais bien, j’ai travaillé à l’édifier. Je la connais tellement que je sais qu’elle ne peut plus être un modèle adéquat de développement économique.
Pour qu’une anthropologue plutôt de gauche, proche des gens et du terrain, spécialiste de la consommation, des finances personnelles et des dérives de notre société de consommation se joigne à un professeur émérite plutôt de droite ayant enseigné le marketing près de 40 ans à HEC, il faut visiblement que quelque chose nous tracasse. Il faut que quelque chose cogne et ne tourne plus rond. Et ce quelque chose, nous en sommes convaincus, vous tracasse aussi.
Que ce soient les limites qu’imposent les changements climatiques ou celles liées à notre surendettement, notre mode de vie va commencer à changer. Doit commencer à changer. En fait, nous n’avons plus le choix et ces changements, vous les sentez déjà. C’est sur ces derniers que nous prétendons mettre la lumière.
Une rupture inévitable, mais qui, malgré tout, nous rend optimistes.
On s’en parle sous peu au cours des prochaines chroniques.
À bientôt!