L’objectif est de bâtir un avenir plus prospère pour tous. Cela passe par un changement d’attitude vis-à-vis du développement durable.(Photo:123RF)
EXPERTE INVITÉE. S’il est bien une question qui peut empêcher de dormir un dirigeant, c’est: «comment assurer la pérennité de mon entreprise et générer une croissance profitable dans un environnement de plus en plus complexe et changeant?»
Mais combien d’entre eux réalisent que le développement durable peut jouer un rôle important et les aider à atteindre leur objectif de création de valeur?
La durabilité n’est pas une tendance, un artifice marketing ou une idéologie. Devenir chef de file en matière de durabilité n’est pas une question de classements et de récompenses, ni de grandes déclarations et d’engagements pris sans plans sérieux pour les appuyer.
C’est une question d’intégration de pratiques responsables, qui vont s’avérer payantes, au cœur même de la mission et de la stratégie de l’entreprise. C’est aussi une approche collaborative qui va permettre d’avancer plus vite.
Conflits de priorités
Les multiples appels au passage à l’action pour répondre à la crise climatique et sociale ont été entendus. Je crois sincèrement qu’une majorité de dirigeants comprennent les défis majeurs auxquels la planète et nos sociétés font face. Mais lorsqu’il s’agit de les mettre en œuvre, ils se heurtent à d’autres urgences pour leurs entreprises: croissance à générer, rentabilité à améliorer, réduction des coûts, manque de main-d’œuvre, etc.
Se lancer dans des projets de durabilité peut sembler aller à contre-courant de leurs objectifs à court terme. Sans s’y intéresser de plus près, les dirigeants peuvent penser que ces initiatives vont être difficiles à mettre en place, qu’elles vont mobiliser trop de ressources et vont occasionner des dépenses et des investissements peu ou pas rentables.
Anticiper les risques
Parmi les risques auxquels les entreprises doivent se préparer figurent ceux directement liés au développement durable: exposition aux évènements climatiques extrêmes, non-conformité aux lois et réglementations sociales et environnementales, difficulté à attirer ou à retenir les talents, incidents liés à la santé et à la sécurité des travailleurs, ou encore rupture des chaînes d’approvisionnement.
Ne pas s’y préparer aura un impact direct, financier et réputationnel, sur l’entreprise.
Une meilleure performance sociale et environnementale permet une meilleure gestion des risques et engendre également des opportunités en matière de développement d’affaires.
Aligner planète, personnes et profits
Réduire l’empreinte carbone de l’entreprise et de ses activités est une des initiatives les plus communes et répond aux attentes des clients, des employés et des investisseurs.
Réaliser un audit énergétique peut s’avérer payant. Il va permettre d’identifier des mesures d’optimisation qui, une fois mises en place, vont réduire les coûts en matière de consommation d’énergie.
Identifier des mesures de recyclage des déchets ou améliorer les réglages des lignes de production pour générer moins de rebuts est aussi des exemples de mesures qui vont réduire le coût des matières et des produits finis.
Avoir recours aux subventions disponibles en matière d’amélioration de la performance énergétique va permettre à l’entreprise de financer de nouveaux équipements et processus.
Développer des programmes de formation en santé et sécurité pour réduire le taux d’incidents va aussi s’avérer payant en limitant l’absentéisme et en garantissant la productivité et les rendements attendus.
Les exemples sont multiples. Une fois ancré dans les stratégies et les pratiques de l’entreprise, le développement durable va entraîner un cercle vertueux en améliorant l’image de marque, en attirant des investisseurs, de nouveaux clients et du personnel de talent. Des études ont d’ailleurs démontré la corrélation positive entre le développement durable et les performances financières de l’entreprise.
Mobiliser la chaîne de valeur
De nombreux projets ont vu le jour sous l’impulsion des entreprises et du secteur privé.
Dans le domaine des emballages plastiques, j’ai été témoin et j’ai pris part à des initiatives innovantes menées par des entreprises, des associations et des experts qui se sont regroupés afin de trouver des solutions concrètes aux enjeux de recyclabilité. Avec en prime des subventions gouvernementales pour co-financer ces projets.
Le Groupe d’Action Plastiques Circulaires (GAPC) en est un bon exemple. Ce groupe d’entreprises travaille depuis 2019 sur la recyclabilité des plastiques à travers des projets d’application innovants aux résultats très prometteurs.
Afin d’accélérer la transition responsable, il sera également nécessaire que les gouvernements prennent des mesures incitatives, telles des subventions, des taxes ou des réglementations, afin de créer des conditions de marché favorables et de pousser toutes les entreprises à agir.
Mais la mobilisation doit aller au-delà… Collaborations entre fournisseurs et clients, partenariats avec les universités et les centres de recherche, accès aux fonds d’investissement d’impact… de nombreuses options s’offrent aux entreprises.
Parce que la clé, c’est de penser «collectif», d’apprendre les uns des autres et d’avancer plus vite ensemble.
Prendre action
Pour nos dirigeants, il s’agit de tester de nouvelles manières de faire, de rallier des projets collaboratifs, tout en intégrant le développement durable au cœur de leurs stratégies d’affaires.
L’objectif est de bâtir un avenir plus prospère pour tous. Cela passe par un changement d’attitude vis-à-vis du développement durable.
Arrêtons de traiter les sujets sociaux ou environnementaux comme des projets que l’on abordera lorsque l’on aura du temps disponible — ce qui n’arrivera jamais — ou lorsque leur application deviendra obligatoire et contraignante.
Abordons-les plutôt comme des vecteurs de création de valeur durable qui permettront à nos entreprises de rester résilientes face aux défis auxquels nous faisons face collectivement.