Dans 10 ans, à quoi ressemblera le recrutement par la génération Z?
Le courrier des lecteurs|Mis à jour le 05 octobre 2024Jean‑Phillip Holiday (Photo: courtoisie)
Un texte de Jean‑Phillip Holiday, associé et directeur conseil, marketing et communications, Fauve, cabinet de stratèges en acquisition de talents
COURRIER DES LECTEURS. En cette année 2034, tout en filant à bord du métro vers une station récemment inaugurée de la ligne bleue (enfin!), Dominique profite de ces quelques moments de répit pour réfléchir à la manière dont les cheminements de carrière et les techniques de recrutement se sont mutuellement influencés au cours des années.
Dominique, membre de cette génération Z maintenant mi-trentenaire, passablement mature et clairement majoritaire parmi les équipes de gestion d’entreprise, réfléchit à sa propre transformation en matière de recrutement. En effet, au cours des dix dernières années, son état est passé de personne cherchée pour ses talents à celui d’une personne cherchant des talents.
À l’époque de ses débuts professionnels, en 2024, une firme chasseuse de têtes avait contacté Dominique pour combler un poste. Disons un grand merci à l’algorithme qui avait alors fait ressortir son nom et son parcours. Cela dit, lors de l’entretien, le stratège en acquisition de talents, adepte du recrutement sensible, avait souligné à quel point il était important de travailler pour des entreprises dont les valeurs «nous parlent».
Dominique se disait qu’aujourd’hui, au travail comme ailleurs, ce sont plutôt des voix générées par l’IA qui nous parlent! C’est le résultat de la révolution GPT des années 2020, mais heureusement, en 2034, le facteur humain compte toujours, nonobstant la panoplie de solutions automatisées qui nous entourent et nous aident.
Il faut reconnaître que les services automatisés ont permis d’atténuer le choc provoqué par le départ massif à la retraite des baby-boomers, qui coïncidait avec le consensus généralement adopté sur l’importance de mener une vie équilibrée entre le travail et la vie personnelle. Ce principe a été adopté en masse par les millénariaux qui sont aujourd’hui, ô ironie, les PDG et VP désespérément à la recherche de talents travaillants.
En fait, Dominique fait partie d’une espèce rare sur le marché du travail: carriériste de nature, ça ne court plus les rues ces jours‑ci. La révolution IA et l’équilibre vie‑travail ont aussi apporté un autre phénomène, soit une importante pénurie de main‑d’œuvre en matière de gens intéressés à travailler directement avec le public et en personne.
Pour ce genre de talent, la demande est très forte alors que débute le deuxième tiers du 21e siècle. Et les entreprises ont enfin redécouvert que la clientèle préfère de loin le facteur humain aux services automatisés par l’IA (même si, au fond, ils sont appréciés).
D’ailleurs, en regardant les talents recommandés par son chasseur de têtes préféré, Dominique réalise à quel point ses propres critères de sélection reposent sur l’écoute des valeurs, la surveillance des tendances du marché, ainsi que le simple savoir-être. Que ce soit en télétravail ou en présentiel, ces facteurs sont aussi importants que les compétences des talents pour faire progresser une entreprise. C’est garant d’une réussite à long terme. Et cela s’applique des deux côtés de la table !
Ces principes ont toujours bien servi l’évolution de la carrière de Dominique, et cette approche est toujours celle privilégiée par la main-d’œuvre majoritairement issue de la génération Z, fière de ses valeurs d’égalité, de tolérance et de respect pour l’unicité des gens. Peu importe l’entreprise ou le secteur d’activité, et malgré l’omniprésente IA, ça prend toujours des humains au quotidien. De la raison et de l’émotion, nous pourrions dire ! Des humains dont les responsabilités professionnelles sont en adéquation avec leurs principes, plus que jamais.
Qu’une génération née lors des grands balbutiements de la techno massive, et qui embrasse pleinement l’IA, n’a jamais oublié l’importance des valeurs humaines, même en 2034… Il y a de quoi s’en réjouir!
En quittant le métro, Dominique sait déjà où placer ses nouveaux talents. Des postes parfaitement adaptés à leurs valeurs les attendent. Connaître et comprendre les besoins de chacun, de manière sensible, c’est une bonne affaire pour le candidat et l’entreprise. Aujourd’hui et, heureusement, à l’avenir.