D’influenceur à entrepreneur: être propriétaire de son influence
Jérémy Grandmont|Mis à jour le 17 juillet 2024EXPERT INVITÉ. «Être créateur de contenu ou influenceur, ce n’est pas un vrai métier!» Quand j’ai commencé à travailler dans le milieu de l’influence en tant qu’agent d’influenceurs (on recule en 2020 déjà), j’entendais cette phrase pratiquement chaque semaine. Les influenceurs étaient des artistes incompris, pourtant certains généraient déjà des revenus bien enviables de plusieurs centaines de milliers de dollars annuellement.
Aujourd’hui, les perceptions changent positivement au sujet des influenceurs au sein de la société. Les influenceurs sont plus que jamais en demande et à mon grand bonheur, de plus en plus d’entre eux peuvent vivre très bien de ce nouveau métier.
Malheureusement, plusieurs créateurs de contenu ne sont pas bien outillés pour comprendre toute la portée potentielle de leur influence si elle est encadrée par des décisions d’affaires stratégiques.
De mon côté, mon bagage de connaissances en comptabilité jumelé à ma passion pour le marketing d’influence m’ont mené à réfléchir aux enjeux d’affaires importants à considérer, si l’on veut perdurer dans cette industrie.
Vous le savez, sur le web, une nouvelle star peut émerger chaque semaine, ça en fait donc aussi un métier extrêmement précaire. On ne peut rien tenir pour acquis, car du jour au lendemain, tout peut s’arrêter.
Pendant ce temps, moi j’observe. J’apprends. Au centre de tout cela, je me considère un peu comme un facilitateur entre les entreprises et les influenceurs.
Alors, quoi de mieux qu’un billet dans Les Affaires, pour analyser comment l’entrepreneuriat fait partie intégrante du métier d’influenceur.
«Les influenceurs sont comme des entreprises et c’est leur personnalité, qui en constitue la pièce maîtresse.»
Je m’évertuais à dire cette phrase autant aux créateurs avec lesquels j’ai travaillé dans ma vie qu’aux entreprises qui cherchaient à collaborer avec eux.
L’influence, elle est partout.
Chaque jour, une nouvelle campagne de marketing d’influence prend place sur les médias sociaux. Nous sommes constamment confrontés à de la publicité et donc nous (le consommateur) devenons de plus en plus exigeants.
Et puis, il y a les algorithmes, les formats de vidéos, les nouvelles plateformes, les tendances.
Un influenceur qui veut durer ne peut pas se contenter d’attendre le prochain contrat pour vivre de ce travail. Tout comme une entreprise ne peut pas se dire qu’elle réussira à créer des campagnes d’influence marquantes sans constamment penser à de nouvelles idées.
Les influenceurs et les entreprises se ressemblent au fond, n’est-ce pas?
Ce qui m’amène à vous parler d’un phénomène. Celui qui est dans le titre de ce billet. Les influenceurs qui deviennent des entrepreneurs.
LIRE LA SUITE
En d’autres mots, devenir propriétaire de son influence. En fait, je crois que c’est l’élément central du succès des plus grands influenceurs de ce monde, mais aussi des plus grandes entreprises de notre époque.
Comprendre l’importance de l’entrepreneuriat afin de transformer l’art ou la créativité en entreprise rentable, c’est aussi la partie la plus difficile de ce métier.
Bon, pourquoi je vous parle de tout ça?
Parce que je pense que ce sera le futur du marketing d’influence des 10 ou des 20 prochaines années.
Créer des produits dérivés, ouvrir des boutiques, des restaurants ou des centres sportifs, par exemple. Chaque catégorie de créateurs peut transposer son influence dans la vraie vie et c’est ça le vrai pouvoir des médias sociaux.
La force des influenceurs, c’est qu’ils ont déjà bâti leur communauté et c’est ça qui est le plus précieux en affaires.
Créer du contenu est devenu pratique courante et un facteur important de succès des entreprises en 2024. Alors selon moi, les deux parties ont besoin l’une de l’autre pour évoluer.
Les entreprises ont avantage à s’associer à un influenceur sur du long terme et même potentiellement à devenir associés.
Pensez à l’association de Lysandre Nadeau avec la marque de gin sans alcool Statera. La créatrice est sobre depuis plusieurs années maintenant. Elle est aussi demeurée authentique sur son parcours auprès de ses abonnés. Elle vient donc humaniser la marque.
Dernièrement, Starbucks a introduit la boisson Alicia Moffet sur le menu de toutes ses succursales. La boisson, recette préférée de la créatrice, a été un succès instantané. Elle qui parlait sans gêne de son amour pour Starbucks à sa communauté depuis des années vient de frapper fort avec ce partenariat.
C’est donc dire que les entreprises peuvent devenir des incubateurs de projets pour des influenceurs et les influenceurs peuvent donner un second souffle à une entreprise.
On peut aussi parfois créer notre influenceur, comme la fameuse Lucie de chez Lafleur qui est une invention de l’agence Dreww. L’effet s’est fait sentir dans l’augmentation des ventes directement liée à ce phénomène devenu viral sur TikTok l’année dernière.
L’entrepreneur-influenceur existe aussi, comme lorsqu’on regarde une marque comme Mid-Day Square et son rainmaker Jake Karls, l’un des co-fondateurs.
Des exemples comme les quelques-uns que je viens de vous évoquer, j’en ai des dizaines et des dizaines.
La réalité en affaires, c’est qu’il n’y a pas d’argent facile ou rapide, mais la diversification des revenus diminue la précarité tout en augmentant la notoriété.
Cela dit, cette pratique ne date pas d’hier non plus lorsqu’on regarde des athlètes comme Roger Federer avec Rolex ou encore Michael Jordan avec Nike.
Le marketing d’influence ne fait que décupler les possibilités de se démarquer. D’où l’importance de bien faire ses devoirs en tant qu’entreprise pour trouver une nouvelle manière d’innover avec des partenariats que personne n’a vu venir, mais qui n’étaient au final qu’une évidence.
Comme j’aime dire, vous voulez créer cette collaboration que personne n’attendait, mais que tout le monde voulait voir sans le savoir. Je terminerai ce billet sur cette dernière phrase. L’influence c’est intangible, mais quand on la transforme en entreprise, elle nous appartient pour la vie.