Diversification des marchés à l’export: par où commencer?
Le courrier des lecteurs|Publié le 22 septembre 2024(Photo: Adobe Stock)
Un texte de Malika Dehraoui
COURRIER DES LECTEURS. Dans un article récent, le président d’Investissement Québec International a exhorté les entreprises québécoises à diversifier leurs marchés d’exportation, en réduisant leur dépendance envers les États-Unis.
Cette recommandation, bien fondée, s’appuie sur les risques associés à des changements de politique outre-frontière qui pourraient nuire au développement des affaires des exportateurs. Bien que les chaînes d’approvisionnement entre le Canada et les États-Unis soient profondément interconnectées, et malgré la dépendance de certains États américains envers le marché canadien, il reste toujours un risque lié aux fluctuations politiques.
Cependant, là où je diverge d’opinion avec le président d’Investment Québec International, c’est sur le choix de l’Europe comme principale destination de diversification. Les marchés émergents, en particulier en Afrique, en Amérique latine et en Asie du Sud-Est, présentent un potentiel de croissance plus important pour les entreprises québécoises. En effet, un rapport du gouvernement canadien sur le commerce international de 2024 souligne que les économies avancées sont à l’origine du ralentissement économique global, tandis que les marchés émergents continuent de s’accélérer.
Il serait donc plus judicieux pour les entreprises québécoises de se tourner vers ces marchés émergents, où les occasions sont plus nombreuses. Cela dit, la diversification hors des États-Unis représente un défi considérable pour les petites et moyennes entreprises (PME) locales. Avant de se lancer sur de nouveaux marchés, ces entreprises doivent d’abord consolider leurs acquis en Amérique du Nord et se préparer adéquatement.
Se diversifier dans des marchés aussi complexes que ceux d’Afrique, d’Amérique latine ou d’Asie du Sud-Est exige une stratégie claire, des ressources humaines compétentes, une bonne compréhension des pratiques locales et surtout, du temps et des budgets conséquents. Le rôle du gouvernement dans cet effort est crucial. Il doit soutenir les PME en leur fournissant des informations fiables sur les marchés cibles, en les aidant à identifier les risques et en leur facilitant l’accès à des réseaux de contacts locaux.
De plus, un soutien financier accru de la part des autorités serait un levier déterminant pour encourager cette diversification. Ce soutien permettrait aux entreprises de tirer profit de leurs investissements à l’étranger en minimisant les risques associés.
Les agents commerciaux des ambassades canadiennes jouent également un rôle clé dans cette démarche. Leur connaissance du terrain et leurs réseaux locaux permettent aux entreprises québécoises d’éviter des erreurs coûteuses et d’identifier les bons décideurs. Un renforcement des effectifs de ces agents serait un investissement stratégique pour garantir l’accompagnement nécessaire aux entreprises et maximiser leurs chances de succès sur les marchés émergents.
En fin de compte, la diversification des exportations canadiennes, en particulier vers les marchés émergents, est un impératif pour renforcer la compétitivité et la croissance économique du pays. Une telle initiative, soutenue par un accompagnement gouvernemental structuré, pourrait assurer une meilleure résilience face aux aléas géopolitiques actuels.