L’évolution du dollar et les actions à suivre après l’élection de Donald Trump
John Plassard|Mis à jour le 06 novembre 2024(Photo: Getty Images)
EXPERT INVITÉ. Il devient le 2e président américain à avoir effectué deux mandats non consécutifs avec Grover Cleveland (22e et le 24e président des États-Unis, servant son premier mandat de 1885 à 1889, puis son second mandat de 1893 à 1897, avec une interruption durant laquelle Benjamin Harrison a été président). C’est un exploit qui met en avant une fracture de l’électorat américain avec un parti démocrate qui n’a pas réussi à rassembler son électorat derrière lui. Quelles sont les conséquences pour les États-Unis et pour le reste du monde. Synthèse et analyse.
Les faits
Donald Trump est de retour à la Maison-Blanche, une victoire qui s’annonce comme un véritable coup de fouet pour les marchés américains.
Sa politique «America First» va relancer les secteurs de l’énergie, de la défense et de l’industrie manufacturière, dopant les investissements domestiques.
Élections américaines: notre couverture
Mais attention : cette approche protectionniste pourrait entraîner une hausse de l’inflation, alors que des tarifs douaniers augmenteraient les coûts de production.
Le déficit fédéral, quant à lui, pourrait se creuser davantage sous l’effet combiné des baisses d’impôts et de l’augmentation des dépenses militaires.
Côté géopolitique, les tensions risquent de s’intensifier, surtout avec la Chine et l’Iran, alors que les relations transatlantiques pourraient devenir plus transactionnelles.
Si l’Europe espérait un apaisement, elle pourrait se retrouver confrontée à une diplomatie américaine plus directe et exigeante.
En bref, le retour de Donald Trump promet une économie américaine revitalisée, mais au prix d’une stabilité géopolitique mise à rude épreuve et d’un déficit (américain) record…
Enfin, on constate que contrairement à 2020 et 2020 (élections de mi-mandat) que les votes par correspondance (dépouillés en premier) ont été plutôt favorables aux Républicains, ce qui signifie que Donald Trump a réussi «remotiver ses troupes» et que Kamala Harris n’a pas été assez convaincante.
Il est fort probable que le parti Démocrate passe par une annus horribilis en reprochant notamment à Joe Biden de ne pas avoir annoncé sa «retraite» plus tôt.
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Quelles sont les questions que l’on se pose
Il y a plusieurs questions que l’on se pose, dont :
- Powell et Trump : Question : Trump pourrait-il influencer la Fed? Réponse : Oui, Trump pourrait influencer la Fed sans remplacer Jay Powell, en visant une réduction de l’inflation sans provoquer de récession, si les politiques fiscales restent stables.
- Tarifs douaniers : Question : Comment Trump pourrait-il utiliser les tarifs douaniers? Réponse : Trump pourrait utiliser les tarifs comme moyen de pression sur la Chine et envisager une réforme fiscale radicale en introduisant un modèle de taxes douanières.
- Déportation et immigration : Question : Quelle serait la politique de Trump sur l’immigration? Réponse : Trump prévoit une politique stricte d’immigration, mais pourrait recourir à une «reverse amnesty» pour encourager les départs volontaires, compte tenu de la complexité de la mise en œuvre.
- Régulation : Question : Quelles régulations Trump pourrait-il réduire? Réponse : Une réduction massive de la régulation est prévue, notamment dans les secteurs de l’énergie et des cryptomonnaies, soutenus par des jugements récents de la Cour suprême.
- Économie et dette : Question : Comment Trump pourrait-il réformer l’efficacité gouvernementale? Réponse : Elon Musk pourrait l’aider dans cette réforme, mais la maîtrise du budget pourrait rester difficile en raison des programmes coûteux.
- Marché du travail et inflation : Question : Comment Trump pourrait-il aborder une éventuelle récession? Réponse : Une récession pourrait compliquer ses plans, mais il pourrait utiliser l’inflation actuelle pour renforcer son message économique.
- OTAN et politique étrangère : Question : Quelle serait l’approche de Trump avec l’OTAN? Réponse : Trump pourrait adopter une approche prudente avec l’Europe et l’OTAN, malgré l’opposition des néoconservateurs et néolibéraux de Washington.
- Appareils d’État et nominations : Question : Trump pourrait-il rencontrer des obstacles dans ses nominations? Réponse : Oui, en cas de victoire serrée, il pourrait faire face à des oppositions internes et des blocages au Sénat pour ses nominations et décisions politiques.
- Approche des Démocrates : Question : Comment les Démocrates réagiront-ils à la victoire de Trump? Réponse : Une victoire de Trump pourrait pousser les Démocrates soit vers la modération, soit renforcer les mouvements radicaux internes.
- Influence médiatique : Question : Comment Trump pourrait-il influencer la relation avec les médias? Réponse : La défiance envers les médias pourrait continuer à croître si le public réévalue ses sources d’information.
- Alignement des entreprises : Question : Comment certaines entreprises pourraient-elles réagir à un gouvernement Trump? Réponse : Certaines entreprises, notamment dans la tech, pourraient se rapprocher du GOP, surtout après une prise de distance des grandes entreprises.
- Intégration de RFK Jr. : Question : Trump pourrait-il intégrer des idées de RFK Jr. ? Réponse : Oui, en particulier sur les questions de santé, bien que cela rencontre une résistance de la part de Big Pharma.
- Ukraine et Russie : Question : Comment Trump pourrait-il aborder le conflit en Ukraine? Réponse : Trump souhaite mettre fin au conflit, mais l’opposition interne pourrait compliquer la conclusion d’un compromis.
- Potentiel de l’IA et de l’énergie : Question : Quel effet aurait Trump sur l’IA et l’énergie? Réponse : Trump pourrait encourager une nouvelle ère de productivité avec l’IA et l’abondance énergétique, transformant ainsi l’économie.
- Unification nationale : Question : Trump pourrait-il rassembler le pays? Réponse : Oui, Trump pourrait tenter de rassembler la nation pour consolider les soutiens lors de sa dernière campagne présidentielle.
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Quel type de Congrès?
À l’heure où sont écrites ces lignes, on ne connaît pas encore la composition totale du Congrès (le Sénat sera républicain). Passage en revue des 2 scénarios.
Comment réagissent les marchés en cas de Congrès divisé?
Si les investisseurs n’ont pas encore une vision claire de la réaction des marchés après ces élections, ils peuvent néanmoins prendre note des performances historiques des actions lorsque le Congrès est divisé entre les partis. En fait, ce qui est peut-être contre-intuitif, les actions se comportent bien lorsque le Congrès est divisé, le S&P 500 enregistrant en moyenne des gains annuels de plus de 17% dans de tels scénarios.
Selon les analystes de LPL Financial, les actions ont progressé au cours de chacune des 11 dernières fois où le Congrès était divisé, et 2024 pourrait être la douzième.
La raison en est que le blocage du Congrès réduit la probabilité de changements politiques perturbateurs, ce que les actions favorisent généralement.
Dans le contexte actuel, un Congrès divisé pourrait également minimiser le risque d’une mise en place de taxes d’importation massives sous une administration Trump.
Un gouvernement divisé rassure généralement les marchés en offrant un environnement politique plus prévisible.
Depuis 1929, la configuration la plus fréquente à Washington a été un contrôle de la Maison-Blanche et des deux chambres du Congrès par les Démocrates, ce qui a entraîné une hausse annuelle moyenne de 9,4% du S&P 500 sur 34 ans.
La deuxième configuration la plus courante a vu les Républicains à la MaisonBlanche et les Démocrates diriger les deux chambres, avec un rendement annuel plus faible de 4,9% sur 22 ans.
La meilleure performance sous un gouvernement divisé s’est produite avec un président démocrate, un Sénat démocrate et une Chambre républicaine, avec une hausse moyenne de 13,6%, bien que cela n’ait duré que de 2011 à 2014 sous Obama.
Comment réagissent les marchés avec un Congrès totalement Républicain?
Les performances historiques montrent que sous un Congrès entièrement républicain, le S&P 500 enregistre une hausse moyenne de 13,4% sur un an. Cela est souvent attribué à un environnement politique plus stable, favorisant les politiques probusiness.
Cependant, un Congrès divisé tend à surpasser cette performance, avec un rendement moyen de 17,2% sur un an. Ce scénario est bien perçu par les marchés, car il réduit les risques de changements politiques disruptifs, minimisant ainsi les effets potentiels de hausses d’impôts ou de régulations strictes.
Un tel blocage législatif favorise un cadre politique plus prévisible, ce qui a tendance à rassurer les investisseurs.
En effet, un Congrès divisé a historiquement conduit à des gains annuels du S&P 500 lors des 11 derniers scénarios similaires, avec des hausses observées à chaque occasion, créant un environnement propice aux marchés financiers, et réduisant la probabilité de perturbations économiques.
SUIVANT: Quels sont les secteurs qui pourraient théoriquement profiter de l’arrivée de Trump?
Quels sont les secteurs qui pourraient théoriquement profiter de l’arrivée de Trump?
Le deuxième mandat de Trump pourrait influencer significativement le sentiment des investisseurs. On estime que l’élection de Donald Trump pourrait avoir une conséquence légèrement positive sur la croissance économique à court terme, mais cet effet pourrait être rapidement annulé par une inflation importée et des tensions sur la politique monétaire.
Au niveau des secteurs (n’hésitez pas à nous demander plus de détails sur les entreprises), voici ce que l’on peut dire :
- Énergie fossile : Trump est également susceptible d’annuler les mandats de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) pour les ventes de véhicules électriques, qui exigent actuellement que 56% des nouveaux véhicules vendus soient électriques d’ici à 2032. Il pourrait également supprimer les incitations fiscales en faveur des véhicules électriques prévues par la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act).
- Pharmaceutique : La réduction du coût des médicaments et le renforcement de la production nationale de médicaments essentiels est une autre initiative que Trump pourrait entreprendre, ce qui pourrait être avantageux pour des entreprises pharmaceutiques américaines et notamment des biotechs.
- La fin des conflits (vraiment?!) : La volonté de Donald Trump de faire «cesser immédiatement» les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine pourrait bénéficier à des entreprises de construction américaine, mais peser négativement sur les entreprises en lien avec l’armement
- L’éducation : Donald Trump prévoit de transférer le contrôle de l’éducation du ministère fédéral de l’Éducation aux gouvernements des États, qu’il estime mieux à même d’adapter les politiques éducatives à leurs communautés. On pourrait ainsi voir des acteurs de l’education technology en profiter.
- Les small & mid caps : Les actions des petites et moyennes capitalisations devraient bénéficier d’une présidence Trump en raison de ses politiques favorables aux entreprises, qui stimulent la croissance économique et créent des opportunités pour ces sociétés. En outre, les petites capitalisations bénéficient de la perspective de taux d’intérêt plus bas, qui réduisent les coûts d’emprunt pour les nombreuses entreprises non rentables du secteur qui dépendent du financement par l’emprunt.
- Les prisons : Après l’entrée en fonction du président Donald Trump en 2017, le procureur général de l’époque, Jeff Sessions, a signé un décret annulant une directive de l’ère Obama visant à éliminer progressivement l’utilisation des prisons privées. Cela a fait monter en flèche les actions des deux plus grandes sociétés de prisons privées — CoreCivic et GEO Group — qui ont toutes deux atteint un pic postélectoral en avril 2017. Le momentum pourrait être le même.
Enfin, en Europe, théoriquement toujours, les actions européennes et chinoises pourraient être affectées négativement dans un premier temps.
L’industrie automobile européenne serait particulièrement vulnérable à une potentielle guerre commerciale avec les États-Unis, à cause des droits de douane.
De plus, le secteur du luxe et les entreprises européennes de haute technologie pourraient également souffrir des représailles commerciales américaines.
La réaction des secteurs sur le court terme en cas de gouvernement divisé sous la houlette de Donald Trump devait être plus ou moins pareille. La consommation discrétionnaire pourrait être sous une pression négative, tout comme les énergies renouvelables et les leaders ESG.
SUIVANT: Les 2 actions à suivre
Les 2 actions à suivre
Il y aura beaucoup d’entreprises à regarder à l’ouverture des marchés américains cet après-midi, mais il y a en a peut-être 2 à surveiller de très (très) près :
- Trump Media & Technology Group : Cette entreprise a en effet évolué jusqu’à aujourd’hui en fonction des sondages et des déboires juridiques du président américain. On peut donc supposer que l’action touche un plus haut niveau historique aujourd’hui ou ces prochains jours en tout cas. Elle gère la plateforme de médias sociaux Truth Social et appartient principalement à l’ancien président américain Donald Trump.
- Tesla : On ne peut plus dissocier Elon Musk de la campagne présidentielle de Donald Trump tant il a été présent sur X (ex-Twitter) et dans les médias. On ose imaginer que le futur gouvernement pourrait lui donner des «coups de pouce» pour certains nouveaux contrats.
Comment vont évoluer les indices?
Pour mettre les choses en perspective, voici un regard rétrospectif sur ce qui s’est passé après les élections présidentielles depuis la Seconde Guerre mondiale* :
1 semaine plus tard:
Le marché boursier a chuté en moyenne de 1% au cours de la semaine suivant l’élection.
Les pires performances sur une semaine ont suivi les élections de 1948 (-6%) et de 2008 (-15%) ; les meilleures ont suivi le jour de l’élection en 2020 (5%), 2004 (3%) et 1996 (2%). Dans plus de 60% des cas, le marché boursier a baissé au cours de la semaine suivant l’élection.
1 mois plus tard:
Le marché boursier a progressé en moyenne de moins de 1% au cours du mois suivant l’élection.
Les pires performances sur un mois ont suivi les élections de 1984 (-4%) et de 2008 (- 16%) ; les meilleures ont suivi le jour de l’élection en 2020 (9%), 2004 (6%) et 2016 (5%).
Les tableaux sont inversés par rapport aux chiffres sur une semaine, le marché étant positif plus de 60% du temps au cours du mois suivant.
1 an plus tard:
Le marché boursier a progressé en moyenne de plus de 10% un an après l’élection. Les pires performances sur un an ont suivi les élections de 2000 (-21%) et de 1956 (-10%) ; les meilleures ont suivi le jour de l’élection en 2020 (40%), 1996 (35%) et 1960 (32%).
Les actions ont été positives près de 70% du temps au cours de l’année qui a suivi les élections, les performances sur cette période plus large reflétant d’autres facteurs que les seules réactions aux élections.
1 mandat présidentiel plus tard :
Le marché boursier a enregistré un gain moyen de 61% au cours des périodes de mandat de quatre ans.
Les pires performances ont suivi les élections de 2004 (-19%) et de 2000 (-2%) ; les meilleures ont été enregistrées en 1948 (134%) et en 1952 (131%).
Les deux pires périodes susmentionnées sont les deux seuls mandats à avoir connu une baisse. Les grandes tendances économiques et les événements du marché, et non les résultats des élections, ont été les principaux facteurs déterminants au cours de ces périodes. Le calendrier et les facteurs externes ont joué un rôle dans les périodes négatives (bulle technologique et krach du marché immobilier, 11 septembre), tandis que le boom économique d’après-guerre des années 1950 a été à l’origine des gains considérables enregistrés au cours de ces périodes.
Les actions ont généré de solides rendements sous les deux partis, les conditions économiques et financières déterminant le rythme.
Ce graphique très intéressant illustre les performances de l’indice S&P 500 en fonction des mandats présidentiels (source : Edwardjones).
SUIVANT: Comment pourraient évoluer le dollar et les cryptomonnaies?
Comment pourraient évoluer le dollar et les cryptomonnaies?
C’est une nouvelle fois une question difficile, car il y a de nombreux facteurs qui expliquent l’évolution du billet vert (l’économie, la dette ou encore les taux d’intérêt).
Si on peut imaginer qu’avec la victoire de Donald Trump le dollar va augmenter sur le court terme, sur le moyen terme, les choses ne semblent pas aussi évidentes. En analysant une nouvelle fois le passé, on constate les évolutions suivantes :
- Sur les six dernières administrations, c’est sous le président Clinton que le dollar a le mieux performé, gagnant 19,61% de sa valeur.
- Le dollar a connu la pire performance sous le président W. Bush, perdant 22,00% de sa valeur.
- Sur l’ensemble des mandats républicains, le dollar a perdu 36,17% de sa valeur.
La victoire de Trump devrait avoir un impact significatif sur le marché des cryptomonnaies (sur le court terme) en favorisant un environnement plus favorable aux cryptomonnaies, car Trump a exprimé un nouvel enthousiasme pour les monnaies numériques.
Son administration pourrait revenir sur certaines mesures de répression réglementaires de l’ère Biden et créer des initiatives telles qu’un «stock national stratégique de bitcoins», positionnant les États-Unis comme un leader mondial dans l’espace cryptographique.
Cette approche réglementaire assouplie pourrait attirer davantage d’investissements et d’innovations dans le secteur des cryptomonnaies, mais elle soulève également des inquiétudes quant aux risques accrus de fraude et à la protection insuffisante des consommateurs, comme le montre l’examen minutieux du secteur par la Commission des opérations de bourse (SEC).
Comment vont évoluer les matières premières?
Le retour de Donald Trump au pouvoir pourrait avoir des effets significatifs sur les prix des matières premières, notamment en raison de ses politiques favorables au charbon, à l’exploitation minière et au protectionnisme.
Si Donald Trump annule la loi de Biden sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act), cela pourrait profiter aux matières premières énergétiques traditionnelles comme le charbon et le pétrole, tout en stimulant éventuellement la demande de métaux du groupe du platine (MGP) utilisés dans les moteurs à combustion interne.
Toutefois, les politiques économiques et la trajectoire de croissance de la Chine restent un facteur clé des prix mondiaux des matières premières, ce qui signifie que si les politiques de Donald Trump pourraient influencer certains secteurs, la force plus importante de la domination économique de la Chine continuera à jouer un rôle majeur dans l’évolution de la demande globale de matières premières et des mouvements de prix.
En outre, l’intensification des tensions commerciales avec la Chine sous Donald Trump pourrait faire grimper davantage les prix en perturbant les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Enfin, on peut imaginer que les incertitudes liées à l’arrivée de «l’homme controversé» pourraient bénéficier à l’or.
SUIVANT: Le résumé
Le résumé
Vous trouverez ci-dessous un résumé des évolutions potentielles des différents actifs/régions à une arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Quels répercussions pour l’Europe de l’arrivée de Trump
Avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, les produits européens pourraient être confrontés à des défis importants, car le président a clairement indiqué qu’il imposerait de vastes droits de douane, allant potentiellement de 10% sur toutes les importations à des niveaux beaucoup plus élevés sur des pays comme la Chine, ce qui pourrait également affecter les produits européens.
L’Union européenne se prépare à un scénario dans lequel Trump mettrait ses menaces à exécution en créant une liste de produits américains qu’elle pourrait viser par des droits de douane de rétorsion.
Bien que ces nouveaux prélèvements ne constituent pas le scénario de base de l’UE, ils sont considérés comme une réponse nécessaire aux mesures commerciales potentielles de Trump à l’encontre de l’Union.
Donald Trump a l’habitude de surprendre l’UE avec des droits de douane inattendus, comme il l’a fait en 2018 en imposant des droits sur l’acier et l’aluminium européens.
L’UE a riposté en ciblant des entreprises américaines politiquement sensibles, telles que les motos Harley-Davidson et les jeans Levi Strauss. Le retour de Donald Trump au pouvoir pourrait être un copier-coller d’il y a 8 ans.
En outre, Donald Trump pourrait également cibler les taxes européennes sur les services numériques, qui touchent souvent les géants américains de la technologie, ce qui aurait pour effet de tendre encore davantage les relations commerciales transatlantiques.
L’UE, déjà affaiblie par la concurrence des véhicules électriques chinois moins chers et la fin de sa dépendance au gaz russe, est confrontée à une situation précaire. Une guerre commerciale avec les États-Unis pourrait encore accélérer les difficultés économiques du continent, en particulier dans son secteur manufacturier, qui a déjà été fortement touché.
Si l’UE préférait résoudre les différends commerciaux avec les États-Unis par la voie diplomatique, elle est parfaitement consciente que l’administration de Joe Biden a également maintenu une approche «America First» (l’Amérique d’abord).
Son administration a introduit des subventions substantielles pour les technologies vertes qui encouragent les entreprises à déplacer leurs investissements de l’Europe vers les États-Unis, ce qui aggrave les défis auxquels l’Europe est confrontée.
Ainsi, l’UE se prépare à des négociations commerciales difficiles avec les États-Unis ces prochains mois…
SUIVANT: Combien vont coûter les hausses tarifaires?
Combien vont coûter les hausses tarifaires?
Le candidat Trump a proposé d’importantes hausses tarifaires dans le cadre de sa campagne présidentielle ; la Taxfoundation estime que si elles étaient imposées, ces hausses tarifaires augmenteraient les impôts de 524 milliards de dollars supplémentaires par an et réduiraient le PIB d’au moins 0,8%, le stock de capital de 0,7% et l’emploi de 684 000 postes équivalents à temps plein.
Les estimations de Taxfoundation ne tiennent pas compte des effets des représailles ni des dommages supplémentaires qui résulteraient du déclenchement d’une guerre commerciale mondiale.
Sur quel programme a été élu Donald Trump?
Voici un résumé des positions de Donald Trump sur les principaux sujets de sa campagne 2024 :
- Éducation : Donald Trump propose des réformes radicales pour les écoles, avec des mesures telles que l’élection des directeurs par les parents, la suppression des financements pour les écoles enseignant la «théorie critique de la race», et la fin de la titularisation des enseignants. Il souhaite également encourager la prière à l’école et permettre aux enseignants de porter des armes cachées. Cette approche vise à redonner du pouvoir aux parents et à promouvoir des valeurs «patriotiques» au sein du système éducatif.
- Universités : Donald Trump envisage de révoquer les accréditations actuelles des universités et de les remplacer par des organismes imposant des valeurs conformes à celles de son parti. Il propose aussi des amendes importantes pour les universités qu’il considère comme discriminant les étudiants, avec l’idée de financer une académie en ligne gratuite couvrant un large éventail de connaissances.
- Changement climatique : Donald Trump veut sortir à nouveau les États-Unis de l’Accord de Paris et démanteler les politiques climatiques de Biden, y compris la réduction des émissions et l’objectif d’avoir 67% de véhicules électriques d’ici 2032. Il projette d’augmenter massivement la production de pétrole et de gaz.
- Département de la Justice : Donald Trump promet de nommer 100 procureurs qui partageraient ses vues et d’enquêter sur certains procureurs locaux progressistes. Il souhaite aussi créer une cellule au sein du DOJ pour défendre le droit à l’autodéfense et lutter contre les biais supposés anti-conservateurs dans les écoles de droit et les cabinets d’avocats.
- Criminalité : Donald Trump veut renforcer les effectifs de police, soutenir des pratiques comme le «stop-and-frisk», démanteler les gangs et les réseaux de drogue, et utiliser la Garde nationale si la police locale ne répond pas. Trump préconise également la peine de mort pour les trafiquants de drogue et de personnes.
- Immigration : Donald Trump souhaite interdire aux immigrés en situation irrégulière de recevoir des aides, supprimer le droit du sol pour leurs enfants, réinstaurer une interdiction de voyage pour certains pays et suspendre les programmes de visas, y compris la loterie et les visas familiaux. Il prévoit aussi de fermer la frontière sud aux demandeurs d’asile.
- Économie : Donald Trump propose de réduire les impôts et de lever les régulations fédérales. Il veut également instaurer des tarifs douaniers de base sur les produits étrangers pour encourager la fabrication américaine, avec des hausses de ces tarifs pour les pays pratiquant des «injustices commerciales» (voir plus bas)
- Soins de santé : Donald Trump envisage d’exiger que les agences fédérales achètent uniquement des médicaments et des dispositifs médicaux fabriqués aux États-Unis. Il souhaite également que le gouvernement ne paie pas plus que le meilleur prix offert aux autres nations pour les médicaments.
- Politique étrangère et défense : Donald Trump propose de demander aux alliés européens de rembourser les États-Unis pour l’épuisement de leurs stocks d’armes à cause des envois à l’Ukraine. Il prend aussi une position ferme contre la Chine, appelant à de nouvelles restrictions sur les infrastructures détenues par la Chine aux États-Unis et veut construire un bouclier antimissile.
- Sécurité sociale : Contrairement à d’anciens républicains, Donald Trump affirme qu’il n’y aura aucune réduction de la Sécurité sociale ou de Medicare.
- Sans-abri : Donald Trump propose d’interdire le camping public par les sans-abri, leur offrant le choix entre un traitement ou l’arrestation, et de créer des «villes-tentes» où ils seraient relogés, avec un accès aux soins et au soutien social.
- Big Tech : En réponse à l’allégation d’un biais contre les conservateurs, Donald Trump envisage de promulguer un décret interdisant toute collaboration entre les agences fédérales et d’autres entités pour «censurer» les Américains, ainsi que d’interdire l’utilisation des fonds fédéraux pour lutter contre la désinformation.
SUIVANT: De combien le déficit va-t-il progresser ces 10 prochaines années?
De combien le déficit va-t-il progresser ces 10 prochaines années?
Le plan fiscal de Donald Trump pourrait ajouter 7 500 milliards de dollars à la dette nationale d’ici 2035, la portant à 142% du PIB, selon des estimations centrales.
Il propose notamment de rendre permanente la loi sur les réductions d’impôts et les emplois (TCJA), de réduire davantage l’impôt sur les sociétés et d’augmenter les dépenses militaires.
Ces réductions d’impôts et ces augmentations de dépenses creuseraient considérablement les déficits. Dans le meilleur des cas, le plan de Trump augmenterait la dette de 1 450 milliard de dollars, mais dans le pire des cas, la dette pourrait atteindre 15 150 milliards de dollars.
Malgré certaines compensations proposées, telles que de nouveaux droits de douane et des coupes dans certains programmes gouvernementaux, son plan ne s’attaque pas suffisamment à l’augmentation de la dette nationale, ce qui rend les perspectives budgétaires précaires.
Quelle attitude adopter face à la Chine?
Lorsqu’il s’agit de la Chine, Donald Trump adopte une position intransigeante à, prônant le découplage économique, l’imposition de droits de douane élevés et la révocation du statut commercial permanent de la Chine.
Il propose également de limiter les acquisitions chinoises d’industries américaines, de maintenir la dissuasion militaire en modernisant les armes nucléaires et de renforcer les liens avec Taïwan. Donald Trump tient la Chine pour responsable de problèmes tels que le trafic de fentanyl et le génocide des Ouïghours, en préconisant des mesures punitives et des négociations strictes avec les dirigeants chinois.
SUIVANT: La baisse des impôts va-t-elle affecter la performance du S&P 500
La baisse des impôts va-t-elle affecter la performance du S&P 500
Lors de cette élection, l’approche politique de Donald Trump, notamment en ce qui concerne l’impôt sur les sociétés, pourrait avoir avoir une forte influence sur les marchés financiers.
Le nouveau président Donald Trump a proposé de ramener le taux d’imposition des sociétés de 21% à 15%, afin de stimuler l’investissement des entreprises, d’augmenter les bénéfices et, éventuellement, de stimuler la création d’emplois.
Cette proposition s’inscrit dans sa philosophie économique plus large, qui consiste à déréglementer et à réduire les impôts afin d’alimenter la croissance.
Si la proposition de Donald Trump était mise en œuvre, elle entraînerait probablement une augmentation des bénéfices après impôts des entreprises, ce qui pourrait faire grimper le cours des actions, en particulier dans des secteurs tels que l’énergie, l’industrie manufacturière et les services financiers.
Toutefois, les marchés n’ont pas encore pleinement intégré la possibilité d’une baisse des impôts, probablement parce qu’ils ne sont pas certains de la capacité de Donald Trump à obtenir l’approbation du Congrès nécessaire à l’adoption d’une telle législation.
Sans une forte majorité au Congrès, Donald Trump pourrait avoir des difficultés à mettre en œuvre l’ensemble de son programme, en particulier dans des domaines clés comme les réductions d’impôts.
En résumé, si les réductions d’impôts proposées par Trump pouvaient profiter aux marchés en améliorant la rentabilité des entreprises, les réalités politiques et les obstacles législatifs pourraient limiter la portée de ces changements. Les investisseurs surveillent de près si ses politiques gagneront du terrain au Congrès.
Toutes choses égales par ailleurs, il est estimé par la Bank of America que la proposition de Donald Trump d’abaisser le taux d’imposition des sociétés de 21% à 15% augmenterait le BPA du S&P 500 de 4%.
Synthèse
Donald Trump, de retour à la Maison-Blanche après une victoire historique, relance l’économie américaine avec une politique «America First» qui favorise les investissements domestiques, mais au risque d’augmenter l’inflation et le déficit.
Ce retour pourrait intensifier les tensions géopolitiques, notamment avec la Chine, tout en rendant les relations transatlantiques plus transactionnelles.
Des secteurs comme l’énergie fossile, la pharmaceutique, et les small caps devraient en bénéficier, alors que l’Europe et la Chine pourraient être défavorisées.
La baisse des impôts proposée pourrait booster les profits des entreprises américaines, favorisant le S&P 500, malgré les obstacles législatifs potentiels.
Enfin, une approche plus favorable aux cryptomonnaies et un renforcement des industries traditionnelles laissent présager un environnement économique remodelé.