Les prix des vêtements et chaussures ont fléchi de 0,6%. Cette baisse de prix, dans cette catégorie de produits en août, est la première à survenir depuis 1971. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Avec l’atteinte d’un taux d’inflation à 2% en août, en plein cœur de sa fourchette cible, la Banque du Canada peut finalement dire «mission accomplie». Cette bonne nouvelle en annonce une autre: la baisse de l’inflation, jumelée au ralentissement de l’économie, entraînera en effet une accélération de la réduction des taux d’intérêt au pays. Ainsi, après avoir culminé à 5% entre juillet 2023 et juin 2024, le taux directeur a depuis amorcé une descente qui devrait l’amener à 3,75% d’ici la fin de l’année, puis à 2,5% à l’été 2025.
Le ralentissement de la croissance de l’inflation à 2% en août, qui atteint ainsi son plus bas niveau enregistré depuis février 2021, est en partie attribuable à la baisse des prix de l’essence qui ont diminué de 5,1% en août. Le coût de l’intérêt hypothécaire et les prix des loyers, avec une hausse de 5,2%, ont à nouveau contribué le plus à l’augmentation de l’Indice des prix à la consommation au cours du dernier mois. Notons néanmoins que l’indice du coût de l’intérêt hypothécaire a affiché un ralentissement de croissance pour un douzième mois consécutif en août (+18,8%), après avoir atteint un sommet (+30,9%) il y a un an. Nous sommes donc, là aussi, sur la bonne voie.
Or, en excluant ces coûts, l’inflation se situe actuellement à un faible taux de 1,2%. Et ce, à la faveur notamment du prix des biens durables qui ont même reculé de 1,8% en août. Les prix des vêtements et chaussures, par exemple, ont fléchi de 0,6%. Cette baisse de prix, dans cette catégorie de produits en août, est la première à survenir depuis 1971!
Plus grand pouvoir d’achat
Autre bonne nouvelle: le pouvoir d’achat des Québécois va s’améliorer au cours des prochains mois. Les salaires augmentent maintenant à un rythme plus élevé que celui de l’inflation. Au cours des dernières années, les salaires ont enregistré une hausse qui varie entre 4% et 5%. En fait, le salaire moyen au Québec a grimpé de 4,95% au cours des 12 derniers mois.
Les consommateurs, qui ont eu un immense manque à dépenser de 77 milliards de dollars depuis mars 2022 au Canada à cause de la hausse des paiements d’intérêt hypothécaire, pourront donc souffler un peu mieux et se remettre à dépenser davantage. Ce qui est de très bon augure pour les secteurs des ventes au détail et de la restauration qui, plus sensibles à des hausses de taux d’intérêt et de l’inflation, ont particulièrement souffert et perdu des dizaines de milliers d’emplois ces dernières années.
Par ailleurs, malgré la baisse de l’inflation, la pression sur les salaires risque de se maintenir. Malgré la hausse du taux de chômage ces derniers mois, les entreprises auront à nouveau du mal à recruter de la main-d’œuvre. Le vieillissement de la population, qui entraîne toujours le départ à la retraite de milliers de baby-boomers, ne fait évidemment rien pour améliorer la situation.
L’économie prendra néanmoins un certain temps à se redresser. La hausse des taux, on l’a vu, n’avait pas eu d’effet immédiat sur l’activité économique. Il en ira de même avec la chute des taux qui ne se répercutera donc pas immédiatement sur la croissance du PIB. Mais, autre bonne nouvelle, il n’y a pas de récession en vue. D’autant que l’annonce très attendue d’une première baisse des taux d’intérêt depuis plus de quatre ans, par la Réserve fédérale américaine (Fed) il y a quelques jours, apportera aussi de l’eau au moulin de l’économie québécoise et canadienne.