Entre incertitude et certitudes: mobilisons la force de notre réseau face au géant américain
Sandra Aubé|Mis à jour le 08 octobre 2024«Recenser ces liens, les réchauffer, même à moins d’un mois des élections américaines et au lendemain de celle-ci, apparaît crucial.» (Photo: 123RF)
EXPERTE INVITÉE. À la veille des élections présidentielles américaines du 5 novembre, il a quelques certitudes. La première étant que, peu importe le résultat de l’élection, il y aura un nouvel occupant qui fera son entrée à la Maison-Blanche.
La deuxième est que peu importe la personne que nos voisins américains éliront, il n’y aura pas de retour en arrière par rapport aux politiques protectionnistes mises de l’avant sous les administrations Trump et Biden, alors que le monde et nos économies vivent des périodes tumultueuses.
Les politiques économiques et industrielles protectionnistes du gouvernement américain pourraient même se voir renforcées.
Autre certitude: ces politiques continueront d’avoir des répercussions sur notre économie et les emplois d’ici. Et finalement, la plus grande certitude du moment étant certainement… l’incertitude. Alors, on fait quoi?
On aimerait tous avoir la recette pour s’assurer que les politiques industrielles et économiques américaines nous bénéficient systématiquement, mais la réalité est différente et le travail de mobilisation pour s’assurer qu’on tire notre épingle du jeu doit être constant.
Devant le protectionnisme rampant et les politiques faisant la promotion de la sécurité économique nationale — un courant dont nous ne sommes pas exclus, rappelons-le — la force de notre réseau et de notre engagement au sein de celui-ci peut faire toute la différence.
Réseaux solides
La bonne nouvelle est le Québec et le Canada ont la chance de pouvoir compter sur des groupes d’intérêt et des associations qui ont déjà eu à faire face au géant américain. Et qui ont appris des défis survenus lors de la renégociation de l’ALENA, devenu l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), ou encore lorsque des tarifs injustes ont été imposés sur des secteurs de notre économie.
Pensons entre autres aux Manufacturiers exportateurs du Québec (MEQ) et à son pendant canadien, MEC, ou encore aux chambres de commerce locales et à leurs regroupements, comme la Fédération des chambres de commerce du Québec, ou encore la Chambre de commerce du Canada, pour n’en nommer que quelques-unes. Ce sont des organisations qui ont à la fois un pied dans le monde politique et gouvernemental d’ici, et l’autre pied au sud de la frontière, y ayant développé au fil des ans des réseaux solides et y ayant déployé ou ayant fait partie de missions commerciales.
Ces groupes ont les contacts pour mobiliser ceux qui développent les politiques publiques ici et ailleurs. S’assurer qu’ils connaissent notre réalité, les défis auxquels nous risquons d’être confrontés advenant un autre coup de volant protectionniste américain, est crucial. Alors, parlons-leur.
Les gouvernements ont besoin de prendre le pouls sur le terrain et ce pouls, ce sont les gens d’affaires, les entrepreneurs d’ici, qui peuvent le donner. Les associations sectorielles sont pour cela aussi de bons véhicules et, croyez-en mon expérience, elles auront généralement l’oreille des gouvernements en place, peu importe ce qu’ils en disent.
Comme c’est le cas au Québec et au Canada, les élus américains ne représentent pas un bloc monolithique ; qu’ils soient démocrates ou républicains, ils représentent tous des citoyens, une région, des industries, qui peuvent avoir des liens précieux avec votre entreprise, votre région, province, pays.
Ils ont des sensibilités différentes les uns des autres, qu’il vaut la peine de connaitre et comprendre.
Recenser ces liens, les réchauffer, même à moins d’un mois des élections américaines et au lendemain de celle-ci, apparaît crucial.
Pour ce faire, les associations, fédérations, et autres groupes d’intérêt, peuvent être des alliés précieux.
N’attendons pas d’être à la remorque de l’agenda des autres, dont notre géant voisin. Embrassons notre pouvoir local, maîtrisons les détails des liens qui unissent nos chaînes d’approvisionnement et les bons emplois qui en découlent, des deux côtés de la frontière.
Assurons-nous d’avoir notre propre agenda, sans tomber dans la naïveté. Voilà certainement une des meilleures politiques d’assurance face à l’incertitude du moment.