Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires
John Parisella

La diplomatie en action

John Parisella

Expert(e) invité(e)

Entre Ottawa et Washington, une stabilité à préserver 

John Parisella|Publié à 11h00 | Mis à jour à 11h02

Entre Ottawa et Washington, une stabilité à préserver 

(Photo: Adobe Stock)

EXPERT INVITÉ. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, le Canada est l’allié et le partenaire économique le plus proche des États-Unis.  

Au fil des 75 dernières années, et notamment depuis la guerre froide, les deux pays ont travaillé étroitement à la création d’institutions multilatérales visant à assurer la paix dans le monde et éviter un autre conflit de cette nature. Ils ont œuvré ensemble pour promouvoir la démocratie, pour lutter contre les iniquités, les pandémies et les injustices sur la planète, et ont innové sur le plan des idées.  

À l’aube de l’élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024, certains défis géopolitiques clés marquent l’actualité dans les deux pays. C’est le cas du conflit entre l’Ukraine et la Russie, qui s’intensifie, et du conflit au Moyen-Orient, qui est en train de se transformer en une guerre régionale.  

Ces deux guerres ont des répercussions jusque chez nous. En raison de son statut de membre de l’OTAN et d’allié de l’Union européenne, le Canada est engagé auprès de l’Ukraine dans sa résistance contre l’agression russe. De plus, le conflit multidimensionnel entre Israël, le Hamas, le Hezbollah et l’Iran a des répercussions particulièrement visibles dans nos grandes villes et dans certaines de nos universités.  

Ailleurs dans le monde, on note aussi le potentiel émergent d’apparition d’autres conflits, notamment entre la Chine et Taïwan, ainsi qu’entre les deux Corées, avec une implication probable des États-Unis dans les deux cas. On peut ainsi affirmer que le Canada ne pourra rester indifférent à l’apparition de tels affrontements. 

Le défi de la stabilité 

Malgré tout ce mouvement sur l’échiquier mondial, la stabilité de la relation du Canada avec les États-Unis demeure le plus important défi géopolitique de ce côté-ci de la frontière.  

Durant les années Trump, la relation entre les deux pays n’était pas au beau fixe. Ensuite, très tôt après son accession à la présidence en janvier 2021, Joe Biden a initié une démarche auprès du gouvernement du Canada pour rapprocher les deux nations. Une rencontre à Ottawa a permis de mettre en place la « feuille de route pour un partenariat renouvelé États-Unis-Canada ».  

Ce fut la mise en place d’une stratégie visant à créer la prospérité commune via des programmes pour lutter contre les changements climatiques et faire progresser le secteur des énergies propres, des investissements dans la défense et la sécurité collective, le renforcement de la chaîne d’approvisionnement en minéraux critiques et la consolidation d’alliances mondiales. 

Après l’élection du 5 novembre, est-ce que cette initiative se poursuivra? On peut certainement être plus optimiste avec l’éventualité de l’élection de Kamala Harris qu’avec celle de Donald Trump. 

La lutte contre les changements climatiques demeurera sans doute un grand enjeu important dans notre relation avec les États-Unis. Dès son entrée en poste, le président Biden s’est assuré que les États-Unis joignent à nouveau l’accord de Paris pour lutter contre les changements climatiques. Donald Trump avait retiré son pays de cette entente en 2017; les États-Unis s’en retireront-ils encore s’il est élu?  

On se souvient que l’Inflation Reduction Act (loi pour réduire l’inflation) fut instaurée en 2022 par l’administration Biden pour lutter contre les changements climatiques, promouvoir l’achat de véhicules électriques et investir dans l’énergie verte.  

Quoi qu’il en soit, malgré certaines réticences quant à l’impact de cette loi, le Canada s’est ajusté lors du budget fédéral de 2023 pour bénéficier de ses retombées. Donald Trump a déjà annoncé son intention de retirer les fonds prévus dans les budgets américains pour mettre en œuvre les dispositions de cette législation. Si Trump l’emporte, il faut s’attendre à ce que la question de la lutte contre les changements climatiques soit assujettie à de nombreux bouleversements.  

Puis, le sujet de la contribution du Canada au budget de l’OTAN demeurera à l’ordre du jour. L’Alliance atlantique demande une contribution budgétaire de l’ordre de 2 % du PIB canadien. Même si le Canada a mis en place un processus pour atteindre cet objectif d’ici 2032, il faut prévoir que peu importe qui remporte l’élection présidentielle, le gouvernement américain s’attendra à un effort plus rapide de la part du gouvernement canadien.   

L’importance de bien se positionner 

Il faut donc présumer qu’il y aura des tensions aux États-Unis à la suite de cette élection. La polarisation politique ne disparaîtra pas. Elle se poursuivra notamment au Congrès américain.  

Le débat entre la vision de Trump pour «l’Amérique d’abord», et celle de son adversaire Harris concernant le rôle de meneur d’alliances à l’international restera présent même après le rendez-vous électoral. Rien pour faciliter la stabilité de notre relation. C’est sans oublier que le Canada sera en élections fédérales dans les prochains mois.  

Notre influence auprès des Américains dépend beaucoup de notre réputation, de notre proximité avec les dirigeants et de nos valeurs communes. Plus que jamais, cela sera essentiel après les élections américaines.  

Peu importe qui remporte l’élection du 5 novembre, il sera crucial que le Canada maintienne sa relation privilégiée avec les États-Unis et continue de jouer un rôle constructif dans la gestion des défis géopolitiques mondiaux.