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Sandra Aubé

Diplomatie d’affaires

Sandra Aubé

Expert(e) invité(e)

Équipe Canada a besoin de tous ses joueurs étoiles

Sandra Aubé|Mis à jour le 22 octobre 2024

Équipe Canada a besoin de tous ses joueurs étoiles

Kristen Hillman, l’ambassadrice du Canada aux États-Unis (Photo: Nick Lachance / Toronto Star / Getty Images)

EXPERTE INVITÉE. Je me rappelle avoir levé un sourcil interrogateur la première fois que j’ai entendu parler de la nouvelle stratégie d’engagement d’Équipe Canada, qui allait multiplier les contacts avec nos voisins du sud en amont de l’élection présidentielle américaine de novembre 2024.

C’était une EXCELLENTE idée, mais je voulais plus de détails. Je voulais être rassurée. Je voulais savoir comment mon gouvernement allait protéger notre économie contre l’incertitude politique et le protectionnisme galopant. Et aussi parce que je savais que l’engagement n’avait jamais cessé.

«C’est qui, “l’équipe Canada” au juste, ai-je demandé?» C’est Mary et FPC, m’a-t-on répondu, début 2024. Et Kristen Hillman. Mary Ng est la ministre de la Promotion des exportations, du Commerce international et du Développement économique au gouvernement du Canada. FPC — vous le connaissez certainement — c’est François-Philippe Champagne, le ministre responsable de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie. Tous deux sont reconnus comme étant très actifs, sinon hyperactifs.

Kristen Hillman est de son côté l’ambassadrice du Canada aux États-Unis depuis 2020. Première femme à occuper ce poste, elle a géré la relation bilatérale entre le Canada et les États-Unis sous deux administrations. Son influence est grande et ses compétences, reconnues. Elle a joué un rôle essentiel dans la négociation d’importants accords commerciaux pour le Canada, dont la modernisation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Nous avions donc un premier trio pour mener les efforts du Canada auprès de nos voisins. Très bien, mais il faudrait plus de joueurs pour avoir une équipe étoile. Une équipe comprenant des experts et des gens d’affaires, entre autres. Une équipe qui serait en contact avec démocrates et républicains, sénateurs et gouverneurs, gens d’affaires et autres experts.

Cette «Équipe Canada» renouvelée n’allait toutefois par repartir de zéro. Elle allait poursuivre le travail mené par le gouvernement du Canada et les entreprises d’ici depuis des décennies — mais surtout depuis l’élection du président Donald Trump.

Vous rappelez-vous l’arrivée au pouvoir de ce dernier en 2017? Je venais de mon côté à peine de commencer à travailler au bureau du premier ministre quand M. Trump est venu chambouler les règles du jeu. La politique américaine, déjà importante, nous consumait jour et nuit. Mes collègues qui travaillaient sur les dossiers Canada–États-Unis surveillaient les tweets et les déclarations intempestives provenant de l’autre côté de la frontière. Parce qu’on était toujours — ou du moins se sentait-on — à un gazouillis d’un nouveau tarif ou d’une guerre de mots.

Qu’on le veuille ou non, le monde a changé avec la présidence de Donald Trump et si on a l’impression qu’un semblant de normalité est revenu en 2021, n’oublions jamais l’importance d’avoir des relations diversifiées. N’oublions jamais que rien n’est permanent. Et donc, que les relations doivent constamment être entretenues, créées, élevées.

Certainement, l’exercice du gouvernement actuel en est aussi un de relations publiques, mais c’en était surtout un de mobilisation. Comme dans notre quotidien, nous nous devons d’entretenir de bonnes relations avec nos voisins: c’est la meilleure façon de pouvoir mener nos projets à bon port et de s’assurer que les leurs ne débordent pas trop sur notre terrain.

C’est pourquoi vos gouvernements ont mis les bouchées doubles pour s’assurer de ne pas faire les frais — ou du moins de limiter les répercussions — que pourraient avoir de nouvelles politiques protectionnistes  américaines. Et quoi de mieux que de rappeler à nos voisins du Sud combien nos économies sont interreliées?

Selon le gouvernement du Canada, chaque jour, des marchandises et des services d’une valeur de 3,6 milliards de dollars transitent entre le Canada et les États-Unis.

Nos chaînes d’approvisionnement et de production sont également intimement liées.

Le Canada est par ailleurs la première destination des exportations de 35 États américains.

Enfin, le Canada est le premier fournisseur d’énergie des États-Unis — le Québec en sait quelque chose! — et la quatrième source d’investissements directs étrangers aux États-Unis.

Nous avons beaucoup à offrir, mais aussi beaucoup à perdre dans cette élection présidentielle. Souhaitons que nos gouvernements — et leurs équipes respectives, Canada et Québec — continuent à veiller au grain. Nous avons besoin de nos joueurs étoiles.