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Est-ce que Kamala Harris a perdu parce qu’elle est une femme?

Le courrier des lecteurs|Publié le 06 novembre 2024

Est-ce que Kamala Harris a perdu parce qu’elle est une femme?

Gabrielle Landry (Photo: courtoisie)

Un texte de Gabrielle Landry, avocate et consultante au cabinet de relations publiques National. Elle fait partie de la 3e cohorte de Génération d’impact de la Jeune chambre de commerce de Montréal (JCCM), qui a pour défi d’augmenter l’implication des jeunes et des minorités dans le monde des affaires et de la politique. Et elle est aussi co-directrice bénévole du comité marketing créatif à la JCCM.

COURRIER DES LECTEURS. 6 novembre 2024. Plusieurs se demandent aujourd’hui si les États-Unis d’Amérique étaient prêts à briser le plafond de verre. Mais la vraie question que je me pose, et à laquelle nous n’aurons sûrement jamais la réponse, est plutôt: est-ce que le résultat de l’élection aurait été différent si Kamala avait la même candidature présidentielle, mais qu’elle était un homme?

Le vote populaire a préféré élire un homme d’affaires avec son nom «économiquement crédible» inscrit sur des gratte-ciels plutôt qu’une femme dont la plateforme économique avait reçu l’appui de 23 prix Nobel de l’économie.

Kamala Harris était l’une des candidates présidentielles les plus qualifiées de l’histoire, avec un curriculum vitae impressionnant. Mais les médias ont reproché ses décisions passées comme procureure à New York comme étant froides et ont remis en question le fait qu’elle n’avait pas d’enfants biologiques.

Des chercheurs, notamment des professeures d’études commerciales de l’université de Berkeley (Jennifer A. Chatman, Laura J. Kray et al.[1]) ont étudié comment des stéréotypes envers les femmes créent une vulnérabilité pour les femmes professionnelles d’âge moyen.

Ces stéréotypes attendent notamment des femmes, qu’elles soient chaleureuses et maternelles, tout en exerçant leurs fonctions professionnelles. Si je vous parle de la culture du patriarcat, pouvons-nous parler de nos biais inconscients, ensemble, comme société?

Oui, Harris a fait une bonne campagne, avec comme vent dans ses voiles une partie du mouvement I’m with her d’Hillary Clinton ou encore, l’appui d’une nouvelle génération d’Américains et d’Américaines avec la montée de Tiktok et du Brat summer de Charli XCX.

Cependant, sa campagne n’était pas parfaite, loin de là. Sa nomination, bouée de sauvetage du Parti démocrate après le retrait de Joe Biden, pourrait tout d’abord être qualifiée de plancher de verre, soit quand les femmes deviennent leaders lorsque les partis ou une entreprise sont près du gouffre.

Ensuite, son incohérence et ses changements de position sur Gaza ou encore, son hésitation à se distancier de l’administration Biden, n’ont pas été des lignes de campagne parfaites.

Pourtant, c’est inconsciemment ce qu’on demande constamment aux femmes: d’être parfaites. La politique n’y fait certainement pas exception.

Le standard d’être irréprochables en politique incombe souvent aux femmes, alors que les hommes, ce n’est pas la même histoire.

Prenons par exemple la campagne présidentielle de 2016. On a souvent entendu parler desdits courriels effacés d’Hillary Clinton lors de la campagne électorale de 2016.

À titre de comparaison, les 34 chefs d’accusation, 1 condamnation, 2 affaires en cours devant les tribunaux et 6 faillites de Donald Trump en date d’aujourd’hui semblent satiriques.

Non, Kamala Harris n’a peut-être pas perdu parce qu’elle est une femme. Mais est-ce que sa campagne aurait davantage collé avec les électeurs si elle était un homme ? La question est là pour moi.

On se retrousse les manches. Ce n’est pas un «au revoir», c’est «à la prochaine fois»!


[1] Agentic but not warm: Age-gender interactions and the consequences of stereotype incongruity perceptions for middle-aged professional women – ScienceDirect