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John Plassard

Préparé pour le futur

John Plassard

Expert(e) invité(e)

Ne paniquez pas, tout ça est normal!

John Plassard|Publié le 07 août 2024

Ne paniquez pas, tout ça est normal!

Actuellement, malgré le récent ralentissement, le S&P 500 reste en hausse de près de 10% sur l’année, ce qui démontre la résilience du marché au fil du temps. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Crash, éclatement de la bulle de l’intelligence artificielle ou encore fin du marché haussier, on a presque tout en entendu ces derniers jours après la baisse des indices mondiaux et la correction du Nikkei qui a perdu 12% en une séance. Cependant, contrairement à ce que certains investisseurs pensent, cette situation est «tout à fait normale»! Synthèse et analyse d’un fait qui se reproduit chaque année.

Les faits

Les inquiétudes concernant le ralentissement de l’économie américaine se sont intensifiées lundi, transformant le déclin des marchés observé la semaine précédente en une chute mondiale.

Ce phénomène illustre comment des forces économiques distinctes peuvent s’entrechoquer et affecter les marchés, entraînant une baisse des actions et la perte de milliards de dollars de valeur. La montée rapide du yen la semaine dernière a perturbé les flux financiers mondiaux, provoquant un désengagement de certains investissements prisés.

Cependant, cette correction boursière s’est rapidement amplifiée en une panique plus large, la Réserve fédérale étant accusée d’avoir tardé à abaisser les taux d’intérêt, ce qui a mis en péril la robustesse de l’économie américaine.

Ces craintes ont été accentuées par la publication, vendredi, d’un rapport sur l’emploi aux États-Unis, qui montrait un net ralentissement des embauches et un taux de chômage au plus haut depuis près de trois ans. Dès l’ouverture des marchés en Asie, suivie de l’Europe et des États-Unis lundi, les indices ont plongé.

À Wall Street, le S&P 500 a reculé de 3%, sa plus forte baisse journalière depuis septembre 2022.

Alors que certains investisseurs y voient le signe d’une possible récession, d’autres considèrent cette chute comme un ajustement après des excès, notamment dans les valeurs technologiques et l’intelligence artificielle. Malgré cette récente baisse, le S&P 500 affiche toujours une hausse d’environ 9% depuis le début de l’année, témoignant d’une bonne performance.

Cette volatilité soudaine survient après une longue période de calme sur le marché boursier, ce qui rend la récente liquidation encore plus impressionnante.

Que faut-il en penser?

Que nous raconte l’histoire?

Nous faisons une nouvelle fois référence à l’histoire pour analyser ce qu’il se passe durant une année boursière «classique».

Tout d’abord, il est important de se rappeler que de telles corrections de marché font partie du processus normal d’investissement.

Historiquement, le marché boursier américain subit une correction de 5% ou plus presque chaque année (94%), et les baisses à deux chiffres sont également assez courantes.

De 1928 à 2023, le S&P 500 a connu une baisse moyenne de -16,4% au cours d’une même année, ce qui signifie que même pendant les années de forte croissance du marché, il faut s’attendre à des reculs importants.

Par exemple, dans près de 60% des années depuis 1928, le S&P 500 a terminé l’année avec des gains à deux chiffres, mais dans près de la moitié de ces années, il y a également eu une correction à deux chiffres en cours de route.

Ce contexte historique met en évidence la volatilité inhérente au marché boursier et rappelle que les ralentissements font partie du voyage vers la croissance à long terme.

Aujourd’hui

Actuellement, malgré le récent ralentissement, le S&P 500 reste en hausse de près de 10% sur l’année, ce qui démontre la résilience du marché au fil du temps.

Cette performance n’est toutefois pas garantie jusqu’à la fin de l’année, car le marché reste vulnérable à une volatilité accrue, notamment en réponse aux données économiques, aux décisions sur les taux d’intérêt et aux événements géopolitiques.

Les investisseurs doivent se préparer à l’éventualité de nouvelles corrections, tout en reconnaissant que cette volatilité est normale et qu’elle peut être surmontée grâce à une approche disciplinée et à une vision long terme de l’investissement.

Effet saisonnier

Le mois d’août est historiquement un mois médiocre pour les actions. Certains indices ont tendance à enregistrer de légères hausses au cours du mois, tandis que d’autres ont tendance à baisser.

Il s’agit essentiellement d’un jeu de pile ou face pour savoir si les prix vont évoluer à la hausse ou à la baisse, ce qui indique qu’il n’y a pas de tendance directionnelle forte (historique) pour ce mois.

Lorsque l’on parle de volatilité maintenant, au cours des 124 dernières années, la volatilité réalisée de l’indice S&P 500 a montré une forte saisonnalité, tendant à se contracter au cours du premier semestre et à augmenter au cours du second.

Cette année, la baisse de la volatilité a suivi de près cette tendance typique et, si ces tendances saisonnières se poursuivent, elle pourrait avoir atteint son niveau le plus bas en juillet.

Le rebond de celle-ci n’est donc pas «anormal» et pourrait ouvrir la voie à d’autres fluctuations importantes dans un avenir proche.

La volatilité est souvent considérée comme le prix d’entrée pour les bénéfices potentiels de l’investissement en actions. Elle exige des investisseurs qu’ils gardent la tête froide pendant les turbulences du marché et qu’ils évitent de prendre des décisions impulsives basées sur les mouvements à court terme du marché.

En gardant une perspective à long terme et en se concentrant sur leurs objectifs d’investissement, les investisseurs peuvent surmonter ces corrections et, en fin de compte, bénéficier de la tendance historique du marché à se redresser et à croître au fil du temps.

La situation est-elle différente?

Chaque année, lorsque les marchés baissent, on a coutume de dire que cette fois la situation est différente. Oui pourquoi pas. En effet, nous nous retrouvons aujourd’hui dans une situation où nous avons un alignement d’évènements tels que:

  • L’économie (les craintes qui entourent la vigueur économique chinoise et américaine)
  • La politique monétaire (la Fed et la Boj sont-elles font-elles des erreurs de politique monétaire?)
  • La politique (qui gagnera les élections présidentielles américaines?)
  • La géopolitique (le conflit au Proche-Orient peut-il s’embraser et la situation en Ukraine est-elle «tenable»?)

Et pourtant non, cela fait partie d’un cycle économique «normal» avec les soubresauts de la vie qu’on lui connaît.

Cependant, il y a un élément que l’on ne «maîtrise» pas: la géopolitique.

En effet, il est extrêmement difficile de «parier» sur l’issue du conflit au Proche-Orient et en Ukraine par exemple. La moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres et changer la situation actuelle d’une minute à l’autre. C’est pour cette raison que nous restons constructifs sur des actifs comme l’or ou les bons souverains, par exemple.

Synthèse

Nous le répétons assez souvent, il ne faut surtout pas réagir aux soubresauts des marchés financiers. On peut même affirmer que c’est le calme que nous avons connu dans la première partie de l’année qui est «anormal» et non l’inverse.

Nous insistons sur le fait qu’une bonne diversification de son portefeuille est la clé ultime pour avoir une bonne performance.