Au cours de la dernière année, ces portefeuilles bien diversifiés ont généré des rendements de 10 % à 20 % selon le niveau de risque, de deux à quatre fois plus que le rendement d’un CPG. (Photo: Adobe Stock)
EXPERT INVITÉ. Il y a un peu plus d’un an, lorsque le taux directeur de la Banque du Canada a atteint 5 %, plusieurs investisseurs se sont dit que c’était une bonne idée d’investir dans des certificats de placement garanti (CPG).
Plusieurs experts anticipaient alors une récession et une correction sévère des marchés boursiers. Après avoir été habitué à des taux faméliques sur les CPG depuis plusieurs années, le fait d’avoir un rendement garanti de plus 5 % pouvait sembler une bonne idée.
Il faut toutefois mettre ce rendement en perspective. Tout d’abord, le taux d’inflation était encore élevé à près de 4 %, ce qui signifie que le taux réel du CPG était d’environ 1 %. Ce rendement réel était intéressant puisque sur une longue période, il ne faut pas s’attendre à ce qu’un CPG procure un rendement plus élevé que l’inflation, d’où une perte de pouvoir d’achat probable à long terme.
Les investisseurs qui souhaitaient sécuriser leurs actifs pour un but précis à court terme faisaient alors un bon choix, tout comme ceux qui ont choisi d’investir dans un compte à intérêt élevé ou dans un produit similaire qui offrait à la fois un taux d’intérêt élevé et un accès en tout temps au capital. L’important était d’avoir un objectif de placement à court terme.
Le problème concerne les investisseurs à long terme qui ont fait le choix d’acquérir ces produits peu risqués au lieu de suivre leur plan d’épargne à long terme dont l’objectif était probablement de bâtir un portefeuille équilibré ou de croissance composé d’une combinaison d’actions et de titres à revenu fixe. Au cours de la dernière année, ces portefeuilles bien diversifiés ont généré des rendements de 10 % à 20 % selon le niveau de risque, de deux à quatre fois plus que le rendement d’un CPG.
Certes, ce fut une année exceptionnelle, mais c’est une très bonne illustration indiquant que les investisseurs autonomes pensent souvent que leur analyse est robuste, que leur raisonnement est
le meilleur et qu’ils sont en mesure de générer de bons rendements en fonction de leur interprétation des nouvelles économiques, de l’évolution des taux d’intérêt ou des prédictions des économistes.
Leur propre pire ennemi
La réalité est tout autre. Plusieurs études, comme la Quantitative Analysis of Investor Behavior (Analyse quantitative des comportements des investisseurs), de Dalbar, ou Mind the Gap (Prenez garde à l’écart), de Morningstar, arrivent à des conclusions similaires depuis plusieurs années. Soit que les investisseurs autonomes sont leur propre pire ennemi et que les rendements qu’ils génèrent sont systématiquement inférieurs à ceux de fonds ou d’indices comparables.
L’effet sur le rendement des investisseurs varie de -0,5 % à plus de -5 % par année selon l’actif considéré. C’est énorme. La réalité se résume au fait que beaucoup d’investisseurs autonomes achètent aux sommets et vendent au creux. L’inverse d’une approche optimale.
J’écris cet article, car je reçois actuellement plusieurs demandes d’investisseurs qui me disent avoir des CPG qui arrivent à échéance prochainement. Ils constatent que les taux ont baissé et que les rendements offerts au renouvellement de leurs CPG sont moins intéressants, d’où la tentation de maintenant investir dans des portefeuilles équilibrés de fonds négociés en Bourse (FNB) plus diversifiés et dont le potentiel de rendement est plus élevé à long terme.
Si ce changement de stratégie est pris en réalisant l’erreur faite dans le passé, le fait de choisir une démarche systématique consistant à bien diversifier son portefeuille et à faire fi des nouvelles économiques sera fort probablement bénéfique à long terme pour la majorité d’entre eux.
Toutefois, cette vague de demandes survient justement après une période faste sur les marchés. Si ces mêmes investisseurs ne cherchent qu’un meilleur rendement à court terme et changent d’idée après la prochaine correction, ils augmenteront malheureusement les probabilités de perpétuer les résultats des analyses citées précédemment sur le comportement des investisseurs.
Les investisseurs autonomes ont tout avantage à évaluer objectivement le rendement de leur portefeuille. Les courtiers à escompte permettent de réduire les frais directs au minimum (souvent sans frais de transaction), mais ça ne se traduit pas toujours par de meilleurs rendements après impôts lorsqu’on tient compte notamment du comportement de l’investisseur, de la diversification du portefeuille, de la fiscalité, des frais de conversion des devises et des écarts entre cours acheteur et cours vendeur lors de l’exécution des transactions