La baisse de l’inflation n’est ni surprenante ni inquiétante
Pierre Cléroux|Publié le 28 octobre 2024La Banque du Canada a abaissé son taux directeur plus tôt ce mois-ci pour la troisième fois cette année pour le ramener à 4,25%. (Photo: Justin Tang / La Presse Canadienne)
EXPERT INVITÉ. L’inflation continue sa descente. Après avoir chuté à 2% en août, pour ainsi atteindre le cœur de sa fourchette cible, l’indice des prix à la consommation a de nouveau reculé à 1,6% en septembre. Il n’y a évidemment rien de surprenant. La Banque du Canada avait justement initié une hausse des taux d’intérêt, à partir de mars 2022, dans le but de réduire une inflation galopante qui allait finalement grimper jusqu’à 8,1%.
Cette hausse des taux a donc entraîné une baisse de la consommation et, du même coup, une pression à la baisse sur les prix. Contrairement à ce qu’on peut penser, il n’y a pas lieu de s’inquiéter d’un si faible taux d’inflation. D’abord, parce qu’il est moins faible qu’il n’y paraît. Malgré ce fort ralentissement, principalement attribuable à une baisse des prix de l’essence qui peut s’avérer temporaire, les prix d’autres biens et services demeurent élevés. Ainsi, les mesures de l’inflation de base privilégiées par la Banque du Canada se maintiennent encore au-dessus de la cible de 2%.
Puis, un taux d’inflation à 1,6% n’est pas inquiétant dans la mesure où la croissance économique au Canada demeure à ce jour positive et le restera en 2024, de même que l’an prochain. Il s’est d’ailleurs créé 45 000 emplois en septembre au pays et 257 000 depuis le début de l’année. Au Québec, l’emploi a augmenté de 21 000 en septembre et de 10 000 depuis janvier 2024.
Une inflation à 1,6% est d’autant plus une bonne nouvelle que la Banque du Canada aura beau jeu d’accélérer le mouvement à la baisse de son taux directeur, amorcé en juin 2024. Alors que les opinions d’analystes divergeaient quant à la possibilité d’une baisse de 25, 50 ou même 75 points de base en octobre — suivant trois baisses consécutives de 25 points de base qui ont ramené le taux directeur de 5% à 4,25% — la banque centrale canadienne vient d’annoncer une réduction d’un demi-point de pourcentage, à 3,75%.
Or, cette baisse annonce une meilleure croissance économique. Déjà, on constate une augmentation des mises en chantier et des investissements des entreprises. Notre plus récent indice BDC-Equifax, qui mesure la santé financière des PME canadiennes, indique d’ailleurs une amélioration de l’environnement d’affaires depuis la fin de 2023. Au troisième trimestre 2024, il s’élevait dans l’ensemble du pays à 96,9, soit une augmentation de 4,1% par rapport à l’année dernière. Au Québec, où l’économie avait ralenti davantage qu’ailleurs au pays, l’indice a grimpé à 99,9, soit une croissance de 9,3% par rapport à l’an dernier.
Or, la situation va continuer de s’améliorer au fur et à mesure que les taux d’intérêt vont poursuivre leur élan à la baisse. Il faudra évidement attendre encore un certain temps avant d’en voir complètement les répercussions dans l’économie, au même titre que l’effet de la hausse des taux s’était fait attendre d’environ six mois.
L’avènement de ce nouveau cycle économique va non seulement nous amener plus de croissance, mais aussi une croissance plus stable. Au cours des quatre dernières années, l’économie a évolué en montagnes russes, passant en effet d’une forte, mais brève récession due à la COVID-19 et à une importante et rapide croissance, suivies de fortes hausses des taux d’intérêt ayant entraîné un ralentissement de l’activité économique. Les prochaines années s’annoncent plus stables. L’élection de Donald Trump, et ses menaces protectionnistes, pourrait toutefois changer la donne.