Certaines personnes affirment que les projets d’or ne devraient pas être appuyés puisqu’ils mettent de la pression sur le bassin de travailleurs et de travailleuses disponibles pour mettre en valeur des MCS. (Photo: 123RF)
EXPERTE INVITÉE. C’est bien connu, le Québec est riche de son sous-sol. Ce qu’on ignore peut-être en revanche, c’est la grande variété de minerais qui s’y trouvent. Si l’or et le fer continuent de dominer la production minière, de nouvelles filières émergent et attirent les projecteurs. Bien sûr, l’industrie accueille cela avec grand optimisme. Mais il y a un risque à trop vouloir s’éloigner de ce qui a permis de faire prospérer le Québec depuis plus de 100 ans.
Au cours des dernières années, on remarque qu’Ottawa et Québec ont mis beaucoup d’efforts pour faire la promotion des minéraux critiques et stratégiques (MCS). Et ils continuent de le faire.
C’est crucial pour que se développent ici une expertise et des projets autour de ces minéraux et métaux d’avenir.
Ce qu’on peut cependant déplorer, c’est que les récentes stratégies des gouvernements éclipsent souvent les minéraux qui ne figurent pas sur la liste des MCS.
Résultat : les incitatifs qui sont mis en place sont hors de portée pour des filières comme l’or, par exemple. Une filière qui a pourtant permis au Québec de développer une expertise reconnue partout sur la planète.
Certains vont même jusqu’à dire que les mines n’exploitant pas les MCS ne devraient pas avoir accès aux nouveaux blocs d’électricité de 5 MW et plus que le gouvernement octroie.
D’autres, qui remettent en question la pertinence des mines d’or, utilisent l’argument de la pénurie de main-d’œuvre.
Ils affirment que les projets d’or ne devraient pas être appuyés puisqu’ils mettent de la pression sur le bassin de travailleurs et de travailleuses disponibles pour mettre en valeur des MCS.
Redevances : la part du lion vient des filières traditionnelles
Avant que le fer de haute pureté ne soit ajouté à la liste des MCS en janvier 2024, on mettait de côté l’or et le fer, deux ressources phares pour le Québec.
Et encore aujourd’hui, le fer ne se qualifiant pas comme étant de haute pureté demeure exclu.
Comprenons-nous bien : les MCS doivent continuer d’être appuyés par les gouvernements.
Mais pourquoi, par exemple, exclure des incitatifs aux grands projets d’investissement les minerais non identifiés comme critiques et stratégiques?
C’est notamment faire fi de l’apport des filières de l’or et du fer au trésor public.
Sur les 562 millions de dollars versés en redevances minières en 2022 (les plus récentes données disponibles), 82 % provenaient de ces deux matières.
Les activités qui leur sont liées comptent aussi pour plus de 75 % des retombées économiques totales de l’industrie minière au Québec.
Ce n’est pas rien!
Il y a un risque à mettre tous ses œufs dans le même panier, surtout que l’or compte pour près de la moitié des mines actives et du tiers des projets en développement.
Un fer stratégique
Heureusement, la situation a été rétablie en partie pour le fer.
L’industrie a accueilli favorablement la bonification de la liste des MCS reconnus par les gouvernements. L’inclusion du fer de haute pureté était un des chevals de bataille de l’Association minière du Québec et des sociétés minières actives sur la Côte-Nord.
Ce fer a été jugé stratégique puisqu’il entre dans la production de ce que certains appellent l’acier vert.
Un acier produit grâce à des fours à arcs électriques plutôt que les procédés de hauts fourneaux. Le gain sera substantiel, alors qu’on prévoit une réduction jusqu’à 85 % des émissions de GES liées à la production de l’acier avec ce fer de haute pureté.
Cette décision permettra de consolider la place du Québec comme un acteur majeur de la décarbonation de l’acier.
Nous comprenons que la liste des MCS puisse se limiter à certaines ressources.
Ce qu’on a toujours questionné, c’est cette orientation gouvernementale à exclure certaines filières de mesures et d’aides gouvernementales.
Il est vrai que les cours de l’or atteignent des sommets.
Mais pour que le Québec continue d’en profiter, il faut explorer, investir dans l’innovation, développer de nouvelles mines.
Il faut avoir une vision à long terme
C’est aujourd’hui qu’on découvre les gisements qui deviendront une mine dans 10 ou 15 ans.
En rendant disponibles davantage de leviers, cela stimulera assurément l’industrie aurifère et renforcera sa compétitivité dans le marché mondial. Parce que c’est toujours à cette compétitivité qu’il faut penser!
L’industrie minière est porteuse de prospérité et dynamise nos régions.
Au Québec, on produit de l’or, du fer, du lithium, du graphite, du nickel, du titane, du feldspath, du mica et du sel.
Ces mines produisent aussi du cuivre, du zinc, du scandium en sous-produits pour n’en nommer que quelques-uns.
Nous sommes aussi un des deux seuls producteurs mondiaux de niobium. C’est sans compter les 36 projets miniers en développement dont plus de la moitié produiront des MCS, dont du cuivre, du zinc, du phosphate, du scandium et des terres rares.
Isoler une filière, c’est isoler des régions
Cette diversité hors du commun est une richesse.
Une richesse qu’il faut encourager et stimuler, sans discrimination. Isoler des filières, c’est aussi isoler des régions comme l’Abitibi-Témiscamingue, sur la seule base de sa géologie.
Nous sommes convaincus que les décisions ont été prises en toute bonne foi et avec des intentions fort louables de faire du Québec un leader des filières émergentes.
Force est de constater que les incitatifs ont porté leurs fruits.
Il est grand temps maintenant d’en étendre leur portée.