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Jean-Paul Gagné

Droit au but

Jean-Paul Gagné

Analyse de la rédaction

Le Canada doit mieux défendre l’Arctique

Jean-Paul Gagné|Édition de la mi‑septembre 2024

Le Canada doit mieux défendre l’Arctique

(Photo: Adobe Stock)

CHRONIQUE. Le Département de la Défense des États-Unis vient de mettre à jour sa stratégie pour l’Arctique. Annoncée dans la foulée du sommet de l’OTAN, celle-ci fait référence à la grave menace de la Russie, ainsi qu’à l’influence et à l’intrusion accrues de la Chine dans cette région souvent négligée par notre gouvernement.

Washington adopte une approche « surveiller et répondre » en travaillant sur trois axes : renforcer ses capacités de surveillance et de renseignement ; collaborer avec ses alliés dans des activités de défense et de dissuasion ; assurer une présence accrue calibrée par des activités régulières d’entraînement et des exercices militaires.

L’OTAN n’a pas annoncé de stratégie spécifique pour l’Arctique, mais compte tenu de l’adhésion de la Suède et de la Finlande, qui a une frontière de 1 340 km avec la Russie, sept des huit pays de l’Arctique sont maintenant membres de cette alliance. L’OTAN assure désormais la défense de 30 pays d’Europe, du Canada et des États-Unis avec l’Alaska, voisine de la Russie.

L’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN a été provoquée par la guerre injustifiable que la Russie mène contre l’Ukraine et par l’impérialisme et la fourberie de son nouveau tsar, Vladimir Poutine, qui, après avoir fait la cour à des leaders de plusieurs pays démocratiques, a montré son vrai visage en agressant un pays frère et en partie russophone.

Le Canada, qui a un littoral de 162 000 km dans l’Arctique, est le pays le plus exposé à la Russie. Après avoir été considérée comme une partenaire crédible au sein du Conseil de l’Arctique (créé à Ottawa en 1996), qui réunit huit pays et qui gère des projets scientifiques, la Russie ne participe plus à de tels projets.

L’importance stratégique de l’Arctique a aussi amené les États-Unis, le Canada et la Finlande à créer le Icebreaker Collaboration Effort (ICE Pact), qui coordonnera la construction des brise-glaces destinés à renforcer leur présence en Arctique et à assurer la sécurité et la surveillance des eaux canadiennes, dont le passage du Nord-Ouest.

La Russie a de grandes ambitions en Arctique. Elle y possède des centaines d’installations, dont 13 bases militaires, dont certaines sont lourdement armées. Elle estime que son plateau continental couvre 75 % des fonds marins dans les parties centrales de l’océan et jusqu’aux limites des eaux territoriales reconnues par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (12 milles nautiques des côtes) du Canada et du Groenland (Danemark).

La Chine s’intéresse aussi beaucoup à la région pour y transiter ses porte-conteneurs, pétroliers et méthaniers, mais aussi pour y faire de l’exploration minière, participer à des projets d’infrastructures et de recherche et y pratiquer de l’espionnage. À cause de la guerre en Ukraine, plusieurs des projets qu’elle avait lancés avec la Norvège et la Finlande ont été reportés ou arrêtés.

Alliée de la Russie, la Chine aide cette dernière à développer la route du Nord-Est, qui longe le littoral de la Sibérie, et qui réduira les coûts et le temps de transport entre la Chine et l’Europe. En plus d’aider au ravitaillement de la Russie pour sa guerre en Ukraine, la Chine participe avec elle à des patrouilles en mer, des vols de reconnaissance et d’autres activités d’espionnage (utilisation de ballons), sans toujours respecter les eaux territoriales et les espaces aériens des autres pays.

Après des années de tergiversations et de politicaillerie, Ottawa a fini par acheter 88 F-35. Le gouvernement cherche à acquérir une douzaine de sous-marins et construira des brise-glaces. Il a promis de faire passer son budget militaire de 1,37 % de son PIB actuellement, à 1,76 % en 2029‑2030, ce qui est loin de la norme de 2 % de l’OTAN.

Longtemps négligé par certains gouvernements, notre ministère de la Défense nationale semble souffrir de bureaucratie aiguë et d’incompétence. Il ne dépense pas la totalité des crédits alloués pour l’achat d’équipements et il n’arrive pas à regarnir son effectif militaire.

Des citoyens pensent peut-être encore que le Canada, qui est reconnu pour son pacifisme, n’a besoin ni d’une armée digne de ce nom ni d’une industrie militaire. C’est de la naïveté. La suractivité démontrée par la Russie et la Chine dans l’Arctique canadien sur les plans économique et militaire et l’impérialisme assumé de leurs présidents respectifs nous obligent à demeurer alertes si on veut protéger notre sécurité et notre souveraineté.

Ces deux pays n’ont aucun respect pour les droits de la personne et la démocratie. L’intimidation, l’espionnage et la criminalité qu’ils pratiquent à grande échelle prouvent que l’on ne doit pas les laisser agir à leur guise en Arctique.


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Ça bouge dans la construction de logements abordables et sociaux. Alors qu’Ottawa s’apprête à céder par bail à long terme des dizaines de terrains pour y construire des logements, Québec versera 193,5 M$ à un OSBL dirigé par Christian Yaccarini, président et chef de la direction de la Société de développement Angus, pour construire 677 unités à Montréal et 324 autres à Rimouski. L’originalité de cette entente est la reconnaissance du concept de « Développeur qualifié », ce qui permettra d’accélérer le processus de qualification du promoteur. Cette formule sera répétée pour d’autres projets. Ce financement, qui réduira de moitié le coût de construction, provient d’une entente de 900 M$ conclue entre Ottawa et Québec.

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