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John Plassard

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Expert(e) invité(e)

L’effet de septembre existe-t-il vraiment ?

John Plassard|Mis à jour le 23 août 2024

L’effet de septembre existe-t-il vraiment ?

Le pire mois de septembre a été celui de 1974, lorsque l’indice de référence a plongé de près de 12%. (Photo:123RF)

EXPERT INVITÉ. Il y a des investisseurs qui croient à la répétition d’évènements historiques et d’autres qui pensent que l’histoire ne se répète jamais. Quelle que soit votre vision des marchés, il y a une chose que nous ne pouvez nier : le mois de septembre est en moyenne le plus mauvais mois de l’année depuis près de 75 ans. Qu’est ce qui explique cette performance médiocre et faut-il s’attendre à la même tendance le mois prochain? Synthèse et analyse.

Les faits 

Le marché boursier américain est globalement orienté à la hausse sur le long terme. 

  • Le S&P 500 a produit des rendements annuels de 10,6% au cours des 100 dernières années 
  • Le Nasdaq 100 a produit des rendements de 14,5% par an au cours des 20 dernières années. 
  • Le Russell 2000 (petites et moyennes capitalisations) a produit un rendement annuel moyen de 7,9% depuis 50 ans 

Cependant depuis 1950, l’indice S&P 500 (le S&P 500 a été créé le 4 mars 1957) et son prédécesseur ont perdu en moyenne 0,87% en septembre. 

C’est en fait le plus mauvais mois de l’année en moyenne (il a progressé moins de 45% du temps au cours de ce mois depuis 1928). Août est le deuxième mois avec une performance négative de -0,20%. Ceci tranche avec le meilleur mois de l’année qui est novembre avec une performance positive moyenne depuis plus de 70 ans de +1,63%. 

Le pire mois de septembre a été celui de 1974, lorsque l’indice de référence a plongé de près de 12%. 

Les meilleurs mois de septembre ont été enregistrés en 2010 et en 1954, qui ont tous deux connu des gains de plus de 8%. 

Intéressant de noter que depuis 20 ans, le mois de septembre connaît la plus mauvaise performance de l’année pour le NYSE Composite, le S&P 500 et le Nasdaq 100.

Qu’est-ce que «l’effet de septembre»?

L’effet septembre (the September effect en anglais) ne se limite pas aux actions américaines, mais est également associé à certains marchés mondiaux. 

Certains analystes considèrent que l’effet négatif sur les marchés est imputable à un biais comportemental saisonnier, les investisseurs modifiant leurs portefeuilles à la fin de l’été pour «encaisser».

 Une autre raison pourrait être que la plupart des fonds communs (mutual funds) de placement encaissent leurs avoirs pour récupérer des pertes fiscales. Ils clôturent leur exercice fiscal en septembre. 

Une autre théorie met en avant le fait que les mois d’été sont généralement caractérisés par de faibles volumes de transactions, car un grand nombre d’investisseurs prennent généralement des vacances et s’abstiennent de négocier activement leurs portefeuilles pendant cette période creuse. Lorsque la saison automnale commence et que ces investisseurs en vacances retournent au travail, ils abandonnent les positions qu’ils avaient l’intention de vendre. Dans ce cas, le marché subit une pression de vente accrue et, par conséquent, une baisse générale. 

Enfin, au niveau de la saisonnalité, on constate que les 2 dernières semaines de septembre sont historiquement les plus mauvaises de l’année depuis 1950.

Allons sur une période plus courte 

Si vous êtes de ceux qui pensent qu’avant l’an 2000 c’était «l’âge de la pierre», faisons le même exercice de performance sur une durée plus courte. 

On constate qu’au cours des dix dernières années, peu de choses ont changé, si ce n’est que le marché est plutôt fort de février à la fin du mois d’août. Le mois de… septembre est toujours le plus faible, puis la fin de l’année tend à être forte. 

Voici les mois les plus favorables et les plus défavorables du S&P 500 au cours des 10 dernières années (2014-2023) : 

  • Mois les plus favorables : Mars, avril, mai, juin, juillet, août, octobre, novembre, décembre 
  • Mois les plus défavorables : Janvier, septembre

Si on s’attache au Nasdaq, on constate qu’au cours des 10 dernières années, la plupart des mois sont plutôt bons, cependant les mois les plus mauvais ont été février, et décembre et bien évidemment septembre (étant le plus mauvais mois).

Quid de septembre 2024? 

Parlons tout d’abord de la volatilité. Lors des années d’élections présidentielles, le niveau moyen de volatilité du marché a été le plus élevé au cours du mois et des trois mois précédant le jour du vote. 

Qu’il s’agisse d’années d’élections ou non, la volatilité a généralement été plus élevée dans la période précédant le premier mardi de novembre (date des élections présidentielles américaines — cette année le 5 novembre) que dans les périodes correspondantes après le vote.

Ensuite, il est indéniable qu’en septembre 2024, les réunions des banques centrales seront peut-être encore plus cruciales que d’habitude. À suivre notamment :

  • Banque du Canada (BoC) : 4 septembre 
  • Banque centrale européenne (BCE) : 12 septembre 
  • Réserve fédérale des États-Unis (Fed) : 18 septembre 
  • Banque d’Angleterre (BoE) : 19 septembre 
  • Banque du Japon (BoJ) : 20 septembre 
  • Banque nationale suisse (BNS) : 26 septembre

À cela on peut ajouter que le chiffre le plus important de septembre (avant la réunion de la Fed) sera celui de l’emploi américain. 

On se souvient que lors de la dernière réunion de la Fed, le président Powell avait clairement mis en avant qu’il fallait se focaliser sur l’emploi américain, car le plein emploi permet aux Américains de… consommer. Rappelez-vous que la forte baisse des marchés début août avait été alimentée par les chiffres de… l’emploi de juillet. 

Il faudra donc surveiller comme le lait sur le feu, la date suivante :

  • Emploi américain d’août : 6 septembre

Synthèse 

Il est difficile de faire une théorie d’investissement sur un mois, quel qu’il soit. Cependant, à l’instar du début du mois d’août qui a vu une progression fulgurante de la volatilité et une baisse subite des indices, toute consolidation (correction) est bonne à prendre. En résumé, les investisseurs peuvent envisager d’utiliser les mois faibles comme points d’entrée s’ils souhaitent prendre des positions à long terme.