Les élections américaines et votre retraite sont-elles vraiment liées?
Dany Provost|Publié le 24 juillet 2024(Photo: Rebecca DROKE / AFP)
EXPERT INVITÉ. C’est le sujet de l’heure, pas seulement aux États-Unis, mais partout dans le monde. Il y a de quoi, avec la tentative d’assassinat de Donald Trump et le retrait de Joe Biden de la course.
Mais vous pensez que la seule chose à surveiller, c’est le danger que Trump fragilise une situation mondiale déjà tendue s’il est élu le 5 novembre au soir, comme dirait l’autre?
Au moment où on se parle (surtout si vous lisez à voix haute), nul n’est capable de prédire les résultats de l’élection avec une certitude plus grande que celle que donne un vingt-cinq cents lancé dans les airs.
Pourtant, les impacts sur vous seront bien réels, bien au-delà des tensions mondiales, souvent difficiles à décrypter au quotidien.
Je parle de votre retraite et des rendements attendus dans votre portefeuille.
De façon générale, l’économie dicte le rendement des marchés. Pas juste la Bourse, le marché obligataire également. Peu importe votre profil d’investisseur, l’état de l’économie affectera le rendement de vos investissements.
Pas seulement ceux que vous faites, par le biais d’un fonds commun de placement ou autre, directement aux États-Unis, mais partout dans le monde.
Trump a averti, dans son discours de jeudi dernier, qu’il aurait la «gâchette facile» pour augmenter des tarifs sur les importations de biens étrangers. Il s’en servira même comme argument de négociation contre les pays qui ne sont pas dans ses bonnes grâces. Même si nous avons une relation privilégiée avec notre voisin du Sud, nous n’avons aucune garantie que nos exportations ne feront pas l’objet d’une taxe de 10% s’il est élu. Malgré les négociations déjà entamées avec son équipe.
Pas très bon pour vos investissements dans les actions de sociétés canadiennes, ni de partout dans le monde.
En revanche, vos investissements dans des sociétés américaines pourraient en bénéficier.
Mais, en fin de compte, ce serait bon ou pas?
Pensez-vous que j’ai la réponse? Ben non. Je ne maîtrise pas cette science inexacte…
Mais ce que je sais, c’est qu’une grande partie de vos investissements sont dans des titres nord-américains. Personnellement, ce que je désire pour nos voisins, peu importe qui gagnera l’élection, est une bonne situation économique.
Me semble qu’une économie américaine forte et accompagnée d’une inflation et de taux d’intérêt contrôlés, c’est plus rassurant que l’inverse, même dans un contexte où l’économie du Canada ne se porterait pas si mal…
Vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec moi.
Et ne pensez surtout pas que je suis un «Trumpiste» pour autant. Avec plus de 20 allégations mensongères seulement dans son discours d’acceptation jeudi dernier, selon CNN, il a encore du chemin à faire pour me convaincre qu’il est la meilleure option.
Mais de quoi je me mêle? Revenons à notre sujet.
Avec l’économie, tout est imbriqué, est-il important de comprendre. Ce sont des forces qui agissent avec plus ou moins de vigueur sur les différents éléments.
Par exemple, une économie florissante met une pression à la hausse sur l’inflation. Celle-ci, à son tour, met une pression à la hausse sur les taux d’intérêt, si on veut contrôler cette inflation. Cependant, une telle économie attire les investisseurs étrangers, favorisants notamment, une appréciation de la devise qui elle, met une pression à la baisse sur les taux d’inflation.
Voyez, ce n’est pas simple.
Le monde idéal serait une économie forte et soutenue, mais pas trop, avec le plein emploi et une inflation de l’ordre de 2% par année et des taux d’intérêt raisonnablement faibles (assez pour stimuler l’économie, mais pas trop pour contrôler l’inflation). Le tout accompagné d’une devise forte et stable.
De cette façon, les marchés boursiers, censés anticiper l’économie, se porteraient bien dans la mesure où les taux d’intérêt ne seraient pas trop élevés.
Un défi vous dites?
Donc, dans un contexte où le prochain président favorisera ou non des dépenses dans tel ou tel secteur, favorisera telles ou telles industries, ouvrira davantage les portes de tel ou tel pays à des exceptions, sera préoccupé par tel ou tel autre élément… les résultats seront différents. Tout cela, évidemment, s’il contrôle au moins l’une des deux Chambres.
De façon générale, si les entreprises américaines se sentent favorisées (ou du moins non défavorisées) par rapport à la situation actuelle, cela pourrait influencer positivement les marchés boursiers.
Et qui dit «rendements supérieurs» dit «meilleure retraite» pour vous, non?
Même pas.
On aura beau faire toutes les analyses, revirer tout sens dessus dessous, il faut aussi comprendre que les effets de l’élection seront temporaires et que, en fin de compte, sur le long terme, votre retraite sera celle prévue, à moins que vous n’agissiez sous le coup de l’émotion à la suite des impacts de l’élection et que vous investissiez de façon différente à cause de cela.
Sinon, soyez patients si les marchés réagissent mal et ne partez pas sur une bulle dans le cas contraire.