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Magali Depras

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Magali Depras

Expert(e) invité(e)

Les JO de Paris champions de l’économie circulaire? 

Magali Depras|Publié le 24 juillet 2024

Les JO de Paris champions de l’économie circulaire? 

(Photo by Luis ROBAYO / AFP)

EXPERTE INVITÉE. Les Jeux vont débuter dans quelques jours. Ces évènements sportifs sont souvent décriés, en raison de l’importante consommation de ressources et de leur impact environnemental. Les organisateurs de Paris 2024 se sont fixé pour objectif de réduire de moitié les émissions de CO2 par rapport aux jeux précédents. Et pour ce faire, ils ont misé sur l’économie circulaire. 

Quelles initiatives ont été prises et quels enseignements peut-on en retirer? 

 

Les avantages de l’économie circulaire 

Contrairement à l’économie linéaire qui repose sur le principe du «prendre-fabriquer-consommer-jeter», l’économie circulaire consiste à produire de façon plus durable, à réutiliser, réparer et recycler les produits consommés pour leur donner une seconde vie. 

Elle implique une utilisation optimale des ressources et permet de limiter la production de déchets. Et ce faisant, elle participe à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. 

Pour un organisateur, réfléchir à l’utilisation des ressources permet de trouver de nouveaux leviers budgétaires, de gagner en efficacité opérationnelle, mais aussi d’anticiper les risques environnementaux, réputationnels et financiers. Et les jeux constituent une formidable vitrine pour mettre en lumière des solutions réplicables et pour encourager de nouveaux comportements. 

 

Quelles ressources sont mobilisées aux Jeux olympiques? 

Pour répondre à cette question, Paris 2024 a développé une approche inédite : cartographier toutes les ressources nécessaires à l’évènement, anticiper leur utilisation et penser à leur réemploi. 

72% des ressources sont liées aux infrastructures sportives, 12% à l’aménagement mobilier des sites, 9% à la réception du public, 6% aux produits dérivés et 1% aux équipements. 

Les organisateurs ont estimé que 65% trouveraient une seconde vie, un record lorsque seulement 8,6% des ressources consommées dans le monde ont été recircularisées en 2020, tel que publié dans le rapport Circularity Gap.  

L’économie circulaire entre en piste 

Les jeux de Paris s’inscrivent dans un contexte où l’économie circulaire a pris de l’ampleur, se traduisant par des avancées réglementaires importantes, notamment la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. 

La part des ressources relative aux infrastructures étant la plus importante, les organisateurs se sont appuyés sur des sites existants ou des structures temporaires et ont promu le recours aux matériaux de réemploi, recyclés et recyclables. Les appels d’offres ont inclus l’obligation d’intégrer 10% de matériaux réemployés.  

Les logements sont équipés de lits en carton, héritage des jeux de Tokyo, de tables faites en volants de badminton, de poufs en toile de parachutes et de chaises en bouchons de plastique recyclés. Après les jeux, les sommiers seront recyclés, les couettes seront offertes aux athlètes et les 16 000 matelas [conçus à partir de fils de pêche recyclés] seront donnés à des associations.  

Pour l’accueil des spectateurs, les organisateurs se sont engagés à réduire de 50% le recours au plastique à usage unique par rapport aux Jeux de Londres. Cela passera notamment par plus de contenants consignés et de fontaines à boissons. 

En ce qui concerne les équipements, les trois quarts seront loués ou mis à disposition par les fédérations sportives. Les sols des terrains de handball, de volley-ball et basket seront réalisés à partir de plastique recyclé et ne seront pas collés afin d’être réutilisés dans des clubs ou des établissements scolaires. 

Les organisateurs de Paris 2024 ont déclaré vouloir transmettre le bâton et contribuer au développement d’une filière plus durable. Une série d’outils et de guides a été publiée et transmise aux instances olympiques, incluant le guide de Paris 2024 pour des évènements responsables

Des enjeux persistent 

Malgré ces initiatives innovantes, des controverses sont apparues. Citons par exemple la construction d’une tour pour les épreuves de surf à Tahiti dont les plans ont été partiellement revus sous la pression publique en raison de son impact environnemental, la distribution d’une partie des boissons dans des contenants de plastique à usage unique ou encore le fait que seuls 15% des articles sous licence soient fabriqués localement. 

Une étude publiée en 2021 dans le magazine Nature et basée sur l’analyse des jeux entre 1992 et 2020 a fait état de la difficulté de réduire leur empreinte carbone. La croissance exponentielle de ces évènements annule les efforts pris en matière environnementale. Les auteurs suggèrent de réduire leur taille et de se recentrer sur des infrastructures existantes dans des villes identifiées. 

Le temps des bilans arrivera. On peut néanmoins saluer la feuille de route mise en place par Paris 2024 pour en faire les jeux les plus circulaires jamais organisés! J’espère qu’ils inspireront de meilleures pratiques. En attendant, bons jeux et bonne chance aux athlètes!